« Que la Pauvreté soit ! »
Ils sont deux ! Deux hommes qui montent au Temple at avec eux
deux prières bien différentes l’une de l’autre. De fait, une seule atteint
vraiment le Cœur de Dieu.
Ben Sirac le Sage nous en explique le pourquoi, « le Seigneur est un
juge qui ne fait pas acception des personnes… il écoute la prière de
l’opprimé ». La porte du cœur de Dieu s’ouvre de l’intérieur quand nous
arrivons à Lui, pauvres, vrais et disponibles.
Deux postures, deux prières, deux issues. Saint Luc décrit avec
finesse les gestes qui disent le cœur.
Tout d’abord, Le pharisien. Il se tient « debout » et prie en lui. Ses
paroles et jusqu’à son attitude sont remplies par son “moi” : « Je jeûne…
je verse la dîme… je ne suis pas comme les autres ». Il se compare, il se
justifie lui-même, et finalement il n’attend rien des autres et donc il
n’attend RIEN du « Tout Autre ». Il parle de Dieu mais ne Lui parle pas.
Ses paroles sont des « bulles closes ». Elles ne sortent pas de son « Moi ».
Et là se trouve, non loin, Le publicain. Lui, se tient à distance, et
n’osant même pas lever les yeux vers le ciel, il se frappe la poitrine. Sa
prière tient en une seule phrase, courte comme un cri, claire comme une
source : « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! ». Pas
d’excuse, pas d’explication, pas de « curriculum spirituel » : un cœur nu,
offert, qui laisse Dieu être Dieu.
C’est alors que Jésus tranche : « Celui-ci redescendit chez lui
justifié, plutôt que l’autre ; car quiconque s’élève sera abaissé ; qui
s’abaisse sera élevé » La vraie hauteur est celle de l’humilité ; la vraie
force, celle de la vérité. Elles seules conduisent au Salut.
L’humilité n’est pas le mépris de soi, c’est l’amour de la vérité.
L’humilité chrétienne, c’est la justesse du regard. Elle refuse deux
attitudes : l’auto-accusation qui écrase et l’auto-satisfaction qui gonfle.
Elle reconnaît ce qui va bien et rend grâce, et reconnaît ce qui ne va pas et
demande pardon. Elle vit de ces deux mots que le pharisien a oubliés et
qui, au contraire, habitent le cœur du publicain : « merci » et « pardon ».
C’est exactement le chemin de saint Paul au soir de sa vie. Il ne se
vante pas, il témoigne. Il ne s’auto-couronne pas ; il attend du « Seigneur,
Juste Juge », « la couronne de justice ». Si Paul reconnaît ses abandons et
ses méfaits, ce qu’il regarde surtout c’est la fidélité de Dieu. Il vit une
Humilité pacifiée. Il n’a rien à prouver mais tout à recevoir.
Ben Sirac nous l’assure avec force : « la supplication du pauvre
traverse les nuées ». Pourquoi ? Parce que l’humble ne met rien entre Dieu
et lui : ni masques, ni performances, ni comparaisons. Sa prière est une
fenêtre ouverte. Elle ne force pas Dieu mais elle lui permet d’entrer. La
première béatitude nous le dit : « Heureux les pauvres de cœur, le
Royaume des cieux est à eux » La pauvreté de cœur est la clé qui ouvre
de l’intérieur.
Que la Pauvreté soit ! Quelle soit en chacun de nos cœurs, Seigneur !
Oui ! Toi qui regardes le cœur, arrache-nous à la suffisance, à la
comparaison et à la jalousie qui enferment et ouvre-nous à l’humilité, à
l’effacement et à la simplicité qui sauvent.
Mets sur nos lèvres la prière du publicain : « Mon Dieu, montre-toi
favorable au pécheur que je suis. »
Fais-nous tenir comme Paul : pauvres mais fortifiés par Toi,
combattants mais confiants en Toi, désireux non de notre gloire, mais de
« la couronne de justice » que Tu promets à ceux qui t’aiment.
Que notre prière d’aujourd’hui, pauvre et vraie, « traverse les nuées
» pour rejoindre ton Cœur de Père, et qu’elle nous envoie vers nos frères
et sœurs reconnaissant en leurs pauvretés Ta Présence qui vient nous
convertir et nous sauver.
Amen.






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