Homélie du mardi 2 novembre 2021 par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 2 novembre 2021

Ce sont ceux qui nous ont quitté qui nous rassemblent aujourd’hui. Leur souvenir reste à notre mémoire et en nos cœurs. Nos larmes montent encore à nos yeux lorsque nous les évoquons. Leur présence nous manque, leur absence est encore à apprivoiser.

Mais si nous sommes rassemblés en cette église, c’est que notre intuition intérieure nous pousse à croire que cette absence n’est pas définitive. Plus encore, nous éprouvons que leur présence n’est plus comme avant mais est bien réelle, différemment. Il ne s’agit pas seulement de souvenirs, qui appartiennent au passé, mais d’une relation nouvelle, créée mystérieusement par cette étape, cette rupture, cette séparation, ce passage qu’est la mort.

Nous faisons alors l’expérience, en notre chair, en notre existence, de ce que la mort n’est pas la fin de tout. Que si un mode d’être au monde a bien disparu, existe un autre mode, qui ne nous appartient pas encore mais que nous découvrons grâce à ceux qui ont vécu le passage.

Notre foi au Christ, mort et ressuscité, rejoint cette intuition et ouvre notre espérance. Si une part de ce que nous vivons sur terre meurt et disparait, une autre part continue de vivre dans la résurrection. Car si un homme, Jésus, est mort et est ressuscité, alors tous les hommes peuvent connaître ce passage à la résurrection. Le mur de la mort a été brisé et tout homme peut désormais passer par la brèche ouverte par le Christ « L’accomplissement de la justice par un seul a conduit tous les hommes à la justification qui donne la vie », disait Saint Paul dans la lettre aux Romains. La vie n’a pas de fin et elle est éternelle.

Eternelle, cela signifie qu’elle n’a pas non plus de début. La vie éternelle ne commence pas au jour de la mort. Si elle est éternelle, alors elle est de toujours à toujours, elle n’a pas de temps, elle est éternel présent, et nous pouvons déjà vivre d’elle dans l’aujourd’hui de nos vies. Elle se vit et se découvre dans les actes d’amour et d’amitié, de solidarité et d’attention, dans les paroles et les gestes qui soutiennent, encouragent, réchauffent, relèvent… Dans l’ordinaire le plus ordinaire de nos vies, dans l’élan de chaque matin et de chaque jour, à l’heure où l’on ne s’y attend pas. « Si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait, il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra », disait l’Evangile. Non pas pour parler de l’heure de notre mort, mais pour nous rappeler que le Fils de l’homme est là, dans le frère, la sœur, le prochain à qui l’on tend une main, une oreille, le cœur. Sans même que nous en ayons conscience. « Sans que l’on s’y attende. » Cela, l’amour, le royaume de l’amour, est déjà la vie éternelle. Tous ceux qui ont vécu le grand passage ont connu, chacun à sa façon, cette vie éternelle alors qu’ils partageaient notre condition terrestre. A présent, comme le dit le livre de l’Apocalypse, heureux sont-ils, « qu’ils se reposent de leurs peines, car leurs actes les suivent. » Leurs actes les suivent parce que tout ce qui a été vécu dans l’amour ne peut pas mourir. Préfigurant la vie éternelle déjà présente, ils sont accomplis, portés à leur accomplissement dans la vie de ressuscités.  

            Ainsi se crée cette communion par delà l’espace et le temps entre nous qui sommes ici et ceux qui sont passés. A nos petits gestes de vie éternelle, répond l’accomplissement d’éternité de ceux qui sont passés par la mort. Nous voilà ensemble, nous ici-bas et eux dans l’Amour rayonnant du Christ ressuscité, main dans la main pour faire avancer et progresser le Royaume de Dieu en faisant grandir tout homme dans l’amour. Chacun pour sa part en tenue de service, et tous ensemble dans le même déroulement de l’Histoire inscrite dans le temps qui passe ou dans le temps qui ne passe pas.

            Nous comprenons alors que notre intuition n’est pas imagination ou remède à la tristesse. Et la mort, aussi scandaleuse soit-elle, devient ce passage inéluctable qui nous ouvre à continuer notre vie dans une lumière resplendissante, dans la communion de tous ceux qui sont déjà passés et avec tous ceux qui sont encore ici. C’est l’espérance que nous ouvre la foi au Christ, l’espérance qui donne sens à toute vie, l’espérance qui apporte la paix du cœur. Il y a deux jours, nos contemporains « fêtaient » Halloween, ils « célébraient » la mort. Nous, nous ne célébrons pas la mort, nous célébrons la vie, nous vivons dans la vie, nous marchons vers la vie, ensemble.

Au lendemain de la fête de tous les saints, rendons grâce à Dieu pour tous ceux qui nous ont précédés et qui ont plongé leur regard dans les yeux du Père, leur existence dans le Lumière du Fils, toute leur vie dans celle de l’Esprit, et demandons-leur de continuer de nous apprendre à aimer et à aimer toujours, pour faire grandir le Royaume d’amour où nous nous retrouverons tous un jour.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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