(Baptêmes de Ambre, Théo, Clément, Mewenn, Capucine, Mathis)
Ils courent, de bon matin. Marie-Madeleine, puis Pierre et l’autre disciple. Ils courent parce que quelque chose n’est pas normal, ne tourne pas rond.
C’était la nuit sur la terre. Le Seigneur était mort, les ténèbres avaient emporté la Lumière. Le Maître était mort et le monde dormait. Il dormait du sommeil de fatigue ou il dormait de la routine installée, du ronron quotidien des informations et des scandales, des rituels ordinaires, des violences et des guerres, des amours qui se font et se défont, et des lumières artificielles. Le monde dormait et l’on veillait à ce qu’il dorme. L’ordre était ainsi maintenu, les puissants restaient puissants, les faibles restaient faibles, les révoltes étaient contenues. Affaires d’économie, de politique, pourquoi pas de religion…
Mais ce matin, on coure. Le mort a disparu. Plus encore, quelque chose de nouveau se laisse pressentir. Comme un réveil. Comme un printemps. Comme une nouvelle encore jamais annoncée. Une nouvelle inouïe. « Il vit, et il crut », nous dit-on du disciple se penchant dans le tombeau vide, les linges roulés à leur place. Il crut, au plus profond de lui, dans son intime intérieur, ce qui lui serait révélé de façon plus sûre plus tard. Il crut quelque chose de fou, d’inenvisageable, d’incroyable : il crut que Celui qui était mort était désormais vivant, renversant totalement l’ordre des choses ordinaires. Il vit, et il crut qu’il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts pour révéler enfin la totalité de son message et de sa Bonne Nouvelle, révélation des révélations de Dieu.
Cette nouvelle est inouïe et vous a rejoint, Ambre, Théo, Clément, Mewenn, Capucine et Mathis. Elle vous a rejoint au point que vous avez voulu en savoir davantage, comprendre vous aussi, pour croire. Et vous allez plonger ce matin dans l’eau de la nouvelle naissance, dans le bain de la Pâque. Vous allez vous aussi faire le grand passage qui mène à la vie, à la vie en Jésus Christ, pour être des vivants pour Dieu et pour le monde.
Car la résurrection de Jésus n’est pas que l’affaire de Jésus seul. Si lui est mort, puis ressuscité, c’est pour que nous tous nous puissions passer par la mort pour vivre de la résurrection. Le mur de la mort s’est fissuré. La mort, que nous pensions définitive, ne l’est plus. La vie, que nous pensions fragile, l’a vaincue. Cette nouvelle est folle parce qu’elle ouvre une espérance, un avenir, un sens, une lumière, une renaissance. C’est cette réalité là de la résurrection que vous allez connaître, Ambre, Théo, Clément, Mewenn, Capucine et Mathis, en étant plongés dans l’eau du baptême ce matin. C’est l’événement de Pâques qui s’accomplit en vos vies, en votre existence, la marquant à jamais. Par le baptême, nous sommes emportés dans une histoire plus vaste et plus longue, celle de l’amour de Dieu pour l’humanité, consommée dans la mort et la résurrection de Jésus. Et voilà que la vie de résurrection est déjà commencée ! Elle n’est pas uniquement ce qui nous attend sur l’autre rive de la mort, mais déjà l’élan présent à chaque instant d’amour inscrit dans l’amour éternel du Père et du Fils dans leur Esprit.
Cet événement et son annonce ont le pouvoir de faire sortir le monde de sa torpeur. De faire se tourner les regards les uns vers les autres, d’ouvrir les cœurs à la Paix, d’offrir des paroles d’espérance, de réconfort et d’encouragement, de faire se tendre les mains, de faire se parler les puissants avec les fragiles. La nuit – la nuit du monde – est finie. La Lumière a gagné, elle est entrée dans le monde et les ténèbres n’ont pas pu l’arrêter. Premier jour d’une ère nouvelle.
C’est ce que comprennent les premiers témoins, comme Pierre, dans les Actes des Apôtres. « Dieu nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que lui-même l’a établi Juge des vivants et des morts. » Nous sommes de ceux-là, vous êtes de ceux-là, qui acceptez la mission de vivre en ressuscités et d’annoncer, par vos paroles et par vos vies, que la mort a été traversée et que le Seigneur a sauvé le monde.
Cette annonce, nous la vivons en Eglise, en Peuple qui reçoit l’invitation à suivre Jésus et à témoigner autour de lui. En reprenant l’image qu’utilise Saint Paul, à nous d’être comme un ferment nouveau dans la pâte du monde. Le ferment de la joie, de la vérité, de la justice, de la vie et du partage. Le ferment de l’aurore après la nuit, de la vie plus forte que la mort, le ferment de l’espérance qui ouvre l’avenir à tous les hommes.
Que notre Eglise soit en fête, ce matin ! La voilà renouvelée dans sa foi et dans sa mission ! Voilà notre marche relancée, pour réveiller le monde, et l’Homme, et toute l’humanité.
Amen ! Alléluia !
P. Benoît Lecomte
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