Homélie du dimanche 13 juin 2021 par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 13 juin 2021

(Baptêmes Arthur et Lise – 1ères communions)

Je ne sais pas quelle image vous avez de Dieu. Sûrement chacun de nous porte une image bien particulière liée à son histoire, à sa sensibilité, à sa culture. Peut-être Dieu ressemble-t-il pour vous à une Puissance infinie capable de bouleverser tout le cosmos. Ou peut-être à un grand protecteur. Ou à un Esprit insaisissable planant au-dessus de nous, ou entre nous, ou en nous. Peut-être encore ressemble-t-il à un père, puisque la prière nous invite à l’appeler ainsi, Notre Père. Peut-être est-il davantage un ami, un confident, un compagnon. Il y a mille façons de se représenter Dieu mentalement et aucune de ces images ne peut dire à elle seule la totalité de Dieu.

Dans les lectures de ce jour, il se présente lui-même à nous comme… un jardinier. Il vient prendre une tige au sommet du cèdre et la replante sur la montagne pour qu’un nouvel arbre grandisse et que tous les oiseaux trouvent abris dans ses branches (Ezéchiel). Il est cet homme de l’évangile qui jette la semence et qui va faire confiance jusqu’à ce que l’épi donne du blé. Il est cette graine de moutarde semée en terre qui donne un arbre qui dépasse toutes les plantes du potager. Dieu a aujourd’hui l’esprit printanier. Mais sous ces images bucoliques et presque naïves, se laisse découvrir un message d’une profondeur inouïe.

Avec ces paraboles, Jésus, dans l’évangile, annonce « la Parole ». Autrement dit, il s’annonce lui-même, puisqu’il est lui-même la Parole de Dieu, le Verbe de Dieu fait chair. Il raconte à la foule non seulement qui il est, mais comment il vient à l’Homme et ce qu’il produit en l’Homme… en nous.

Il est comme ces petites graines ou ces semences : il ne s’impose pas, paraît fragile, facile à perdre, inerte même… mais il y a en Lui une puissance de vie incroyable, inimaginable. Il y a en Christ, ou en la Parole de Dieu – c’est tout un – une puissance de vie qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer.

Et cette Parole, ce Christ, vient se nicher en nous. En nos vies, en nos cœurs. Peut-être ne croyons-nous pas que la terre que nous sommes puisse réellement faire grandir cette semence de vie. Peut-être nous croyons-nous trop secs, trop en friches, trop abîmés, pas assez bons, pas assez riches, pas assez accueillants ou savants ou tendres ou trop rocailleux ou je ne sais quoi d’autre. Nous avons mille raisons et mille excuses pour penser que la Parole de Dieu ne peut pas faire son chemin en nous. Il y a des paraboles qui parlent de cela, mais pas celles d’aujourd’hui. Ce qui est dit aujourd’hui, c’est qu’une fois que la semence est en terre, quoi que nous fassions ou ne fassions pas, elle grandit et se fortifie et porte du fruit. Rien n’arrête le processus de vie que Dieu vient déposer en nous.

Ces quelques gouttes d’eau que Arthur et Lise vous allez recevoir tout à l’heure par le baptême, c’est le signe de cette puissance de vie divine en vous. Ces gouttes d’eau ne vont pas s’évaporer avec la chaleur et le temps : elles vont devenir source et rivière et torrent et cascade et océan. Quoi que vous vivez, Lise et Arthur, la Parole de Dieu déploie en vous sa puissance de vie, comme elle se déploie en chacun de nous. Il faut juste de la patience, en ces temps où l’on veut tout, tout de suite, le résultat avant le processus, la réponse avant d’avoir étudié la complexité de la question. La patience et la confiance que ce qui est n’est pas encore tout à fait clair mais vient à la lumière. « Nous cheminons dans la foi, disait Saint Paul, non dans la claire vision. » Combien cela est-il vrai dans tant de domaines : nos familles, l’éducation de nos enfants, la vie de l’Église, les défis du temps et de nos sociétés, la politique, nos relations… jusqu’à notre identité d’enfants de Dieu.

Il en est de même aussi de l’eucharistie à laquelle vous allez communier pour la première fois : elle nous forme en Corps du Christ vivants pleinement de l’Esprit, mais jour après jour. Et il vous faudra revenir aussi souvent que possible à cette source et cette nourriture pour, petit à petit, vous laisser transformer par elle et en elle, avec toute l’Église. Ne communiez pas aujourd’hui une fois pour toute ! La Table vous attendra toujours, Dieu ne cesse de se donner à vous et à nous comme une semence pour grandir et germer en nous.

Il en est ainsi du règne de Dieu qui vient : il ne s’impose pas tel un prodige venu de nul part, comme un miracle spectaculaire. Il prend le temps d’advenir en nos vies, menant l’Histoire à son accomplissement, menant les Hommes à leur pleine stature d’Hommes. Il prend le rythme de nos météos intérieures, de nos coups de chaud et de nos vents glacés, de nos jours de soleil et de nos jours de pluie. Le règne de Dieu est là, il vient, sans faire de bruit mais de façon sûre. Rien ne l’arrêtera. Rien n’arrête l’Amour et sa Justice.

Ce qui est beau, enfin, avec cette image, c’est qu’une fois que l’arbre a poussé et a donné son fruit, il va à son tour semer de sa semence. Et te voilà mystérieusement semeur à ton tour du règne de Dieu autour de toi, dans la terre que sont les autres. Simplement par amour, par partage, par surabondance. La semence de la Parole ne se garde pas jalousement en soi : elle essaime autour d’elle – autour de nous – en multipliant ses dons dans les cœurs et les vies de ceux qui nous entourent. Et réciproquement, ce que la Parole a fait germer et pousser dans les autres vient me rejoindre et naître en moi. Mystérieux entrelacement de toutes nos relations qui nous lient au-delà de ce que nous en percevons – que l’on dorme ou que l’on se lève, la semence et les liens grandissent et on ne sait pas toujours comment. Le règne de Dieu n’est pas individuel mais communautaire et familial, familial au sens de toute la famille humaine et toute la création puisque tous les oiseaux du ciel viennent faire leurs nids en ces branches bienveillantes.

Le règne de Dieu dépend de Dieu, et rien ne peut s’opposer à sa victoire finale. Et nous, de participer à ce règne de Dieu par les paroles et les actes que nous posons. Que l’eucharistie de ce jour, votre première communion et notre baptême que nous ravivons grâce à celui de Lise et d’Arthur fassent grandir en nous la belle conscience de ce que Dieu sème en nous. Et que son règne vienne, en nos vies et en ce monde.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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Une réponse sur « Homélie du dimanche 13 juin 2021 par le P. Benoît Lecomte »

[…] élevées, voici quelques nouvelles de notre paroisse.– Vous retrouverez ici l’homélie de ce week-end, au cours duquel 3 baptêmes ont été célébrés (un à Saint Bonnet et deux à […]

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