Le Père Benoît accompagnait ce dimanche 21 novembre 2021 le lancement des JMJ en diocèse. Voici l’homélie prononcée devant les jeunes présents.
Qui donc est Jésus ? C’est la question que se pose intérieurement Pilate, alors qu’il a face à lui un condamné à mort livré par les Grands Prêtres. Qui donc est Jésus pour être cet homme si simple dans ses relations, si proche de tous et si dangereux aux yeux des responsables religieux ? Est-il celui qu’il prétend être ? Est-il tel qu’il est dénoncé par ses opposants ? Est-il encore autre chose ? Qui est cet homme qui ne répond aux questions que par des questions ou par des phrases énigmatiques ? Qui est cet homme dans une situation ultime et pourtant si calme et maître de lui-même et de ses mots ?
Qui est cet homme, Jésus ?
Peut-être te poses-tu cette question toi aussi. Elle est légitime. Qui est cet homme dont on parle depuis 2000 ans, qui fait bouger tant et tant de foules à travers le monde et à travers l’histoire, qui semble lointain mais qu’on peut ressentir si proche, si éloigné de nous et pourtant si intime ? Qui est cet homme qui tout à la fois nous attire et nous fait aussi parfois un peu peur parce que nous ne savons pas où cette attirance pourrait nous entraîner ?
La fête d’aujourd’hui nous le dit : cet homme est le roi. Il n’est pas un roi, il est le roi. Le roi de l’univers. « L’Alpha et l’Oméga, celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers. » Il n’est pas un roi comme les autres rois, qui ont des armés, des frontières à garder, des impôts à récolter, des politiques à déployer, des courtisans à flatter. Sa royauté fait le plus grand écart qui soit entre la souveraineté sur toute la création et l’état misérable dans lequel Jésus est devant Pilate, à l’heure de sa crucifixion. Il est le roi qui, quelques heures avant cette scène, s’était agenouillé devant ses disciples pour leur laver les pieds, tel un esclave. Il est le roi qui lie la plus grande magnificence et la plus basse des conditions. Qui les lie et qui les embrasse en un même baiser, qui les fait vivre d’un même élan, qui leur donne la même dynamique, le même horizon, la même folie.
Jésus n’est pas roi parce qu’il a du pouvoir – comme Pilate croit en avoir, mais parce qu’il est serviteur et sauveur de l’Homme. Il est roi parce qu’en Lui est la Puissance de Vie de Dieu que la mort même ne peut arrêter, « le premier-né d’entre les morts », et que cette Puissance de Vie est servante d’humanité, créatrice et recréatrice d’humanité, c’est-à-dire qu’elle nous fait vivre. Il est celui qui nous fait nous lever chaque matin et prendre notre place et notre responsabilité dans le monde et dans l’Eglise, au lycée, dans les études, dans nos clubs et associations ou dans le monde du travail. Et cela est vrai qu’on le reconnaisse comme tel, qu’on pense intuitivement qu’il est cela, ou qu’on ne le reconnaisse pas. Il est le roi parce qu’il est la vie et qu’il nous donne sa vie.
Mais il y a plus. En nous donnant sa vie, sa vie de roi, il nous fait participer à sa royauté. Rappelle-toi qu’au jour de ton baptême, par l’onction d’huile sainte, tu es devenu « prêtre, prophète et roi ». Tu es devenu roi toi aussi. Roi non à la manière de Pilate ou des rois du monde, mais à la manière de Jésus. A la manière de Jésus, c’est-à-dire dans toutes les dimensions de la royauté de Jésus : servant et souverain, car c’est finalement tout un. La fête du Christ Roi de l’univers ne nous donne pas seulement de contempler le Christ dans sa royauté. Elle nous rappelle que nous participons nous aussi de cette royauté et par là, elle indique le sens, l’orientation, la vocation de notre vie.
Tu es, nous sommes, roi à la manière de Jésus. Il est impressionnant d’en prendre conscience profondément. Toute notre existence, toute notre vie doit en être bouleversée, la compréhension du sens de notre vie doit en être renouvelée. Notre vie est porteuse d’une responsabilité à l’échelle de toute la création et jusqu’aux plus petits, aux plus fragiles de nos frères et sœurs. Là est peut-être la vérité dont parle Jésus, lui qui est là pour « rendre témoignage à la vérité. » La vérité de notre vie est que notre vie est de partager la royauté du Christ qui ne fait pas de nous des maîtres de l’univers, des personnes autoritaires ou des maîtres de guerre, mais qui nous invite à l’humilité de la responsabilité et du service, dans l’amour. Elle nous invite à la vérité d’un amour qui se donne et s’offre à tous, aussi largement que possible et aussi personnellement que possible. Vous, les jeunes, avez cette capacité qu’a le Christ dans son éternelle jeunesse, d’être serviteurs et solidaires aussi bien à l’échelle universelle qu’avec celui qui est à côté de vous. Vous avez la capacité de vous engager avec une énergie incroyable, par amour, parce que vous ne supportez pas l’injustice et le malheur, parce que vous portez en vous le rêve puissant d’une fraternité qui respecte chacun dans sa dignité. Cela, ne le perdez pas ! Ne laissez pas rouiller votre cœur et essouffler votre énergie ! Car c’est d’une certain façon votre participation réelle à la royauté du Christ. Cette royauté qui donne la véritable stature de votre vie, de notre vie ensemble, de la vie de tout homme.
L’expérience des JMJ vers laquelle nous nous mettons déjà en chemin va nous permettre tout cela : et de rencontrer Jésus et de mieux le connaître et savoir qui il est, et de faire grandir sa royauté en nous à cause de notre baptême et de l’invitation que nous fait Dieu à prendre toute notre place de roi – serviteur en notre monde. Que Dieu lui-même nous accompagne dans cette aventure personnelle et collective, qu’il nous guide en nous montrant le chemin. Il est le Roi en qui nous pouvons mettre toute notre confiance, et vers qui, déjà, se mettent en route les jeunes de toutes les nations.
Amen.
P. Benoît Lecomte
Une réponse sur « Homélie du Christ Roi pour le lancement des JMJ 2023 à Angoulême »
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