Homélie du 4 juillet 2021 par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 4 juillet 2021

(Baptêmes de Lucas, Tiago, Victoire, Allya et Océane)

« En ces jours-là, l’esprit vint en moi et me fit tenir debout », disait Ezekiel. Lucas, Tiago, Victoire, Allya et Océane, c’est cet esprit que vous allez recevoir vous aussi, comme nous l’avons reçu au jour de notre baptême, par l’onction du Saint Chrême. Par cet esprit qui nous fait tenir debout, vous allez devenir vous aussi prophètes, à la suite d’Ezékiel et de tous les prophètes, configurés au Christ Prophète.

La Parole de Dieu ce matin, et l’onction baptismale ravivée pour nous tous ce matin, nous rappelle à notre mission prophétique. La déconvenue de Jésus dans l’Evangile nous dit combien cette mission peut être difficile par certains moments, du moins ne pas recevoir l’accueil que l’on souhaiterait. Etre prophète, ce n’est pas prédire l’avenir comme on a pu l’entendre parfois, mais rappeler l’importance, la puissance et l’actualité de la Parole de Dieu. Le prophète est celui qui prend la parole pour faire taire le peuple et aider à écouter ce que Dieu lui dit. « J’écoutais celui qui me parlait… Tu leur diras : « Ainsi parle le Seigneur Dieu… » Alors, qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas, ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux. »

Le baptême fait de nous des prêtres, des prophètes et des rois à l’image du Christ. La dimension prophétique est donc une des dimensions essentielles de notre vie de baptisés. « Rappeler l’actualité de la Parole de Dieu », cela veut dire être enracinés dans l’intimité avec Dieu et de plein-pieds dans notre monde pour, selon les cas, dénoncer ou encourager. Rappeler la primauté de l’Homme sur toute autre considération. Rappeler que l’économie, la finance, le pouvoir, les responsabilités, toutes les organisations et structures, les lois, les décisions de toutes sortes et dans tous les domaines – y compris religieux – tout, absolument tout doit être mis au service de l’Homme, et d’abord des plus petits, des plus fragiles, des plus faibles. La parole des prophètes dénonce les injustices et redonne espoir. Elle dit l’actualité de l’Alliance de Dieu avec son Peuple, l’assurance de la Présence de Dieu au milieu des tribulations de l’humanité. On comprend l’hostilité ou plutôt la surdité des juifs dans la synagogue, incapables d’aller plus loin que les apparences et que la connaissance qu’ils ont de Jésus, pour découvrir et entendre sa parole prophétique. Car inévitablement, cette parole dérange, ne laisse pas tranquille, oblige à la conversion, à l’action, au questionnement et à la remise en cause. Combien cette parole prophétique est difficile à recevoir et à accueillir pour ce qu’elle est ! Combien nos oreilles et nos cœurs peuvent être fermés – un peu par mesure de sécurité et de paresse – à cette parole qui met en danger nos organisations et nos habitudes ! Combien cette parole peut être difficile à entendre pour ce monde que Dieu aime pourtant inconditionnellement !

L’Église, dans la diversité des baptisés qui la composent, se doit, par vocation, à porter une parole prophétique pour notre monde, et dans le contexte qui est le notre, avec les défis de l’Église et les défis du monde : une Eglise minoritaire dans une société pluraliste, athée ou agnostique, une Eglise secouée par des abus et souvent discréditée dans l’opinion public, une Eglise invitée à se déplacer « vers les périphéries existentielles », une Eglise confrontée au repli identitaire, une Eglise toujours provoquée par l’attitude du Christ dans l’Evangile.

Comment être et devenir toujours davantage prophétique aujourd’hui ? Comment apporter une Parole qui n’est pas forcément attendue et qui est souvent mal accueillie parce qu’inaudible, autoréférencée, déconnectée de la réalité ? Sûrement, d’abord, en comprenant que cette parole ne peut pas être d’autorité et imposée, mais qu’elle est échange, dialogue avec aussi toutes les autres traditions. « L’Eglise doit entrer en dialogue avec le monde dans lequel elle vit. L’Eglise se fait parole ; l’Eglise se fait message ; l’Eglise se fait conversation », écrivait Paul VI dans son encyclique Ecclesiam Suam. Comment travaillons-nous notre foi non pas comme l’objet d’un musée mais comme un sujet vivant et au contact des cultures de ce temps ? Pour apprendre toujours et encore à redire notre foi et ce trésor qui nous habite : « Christ est ressuscité, il est Sauveur, Libérateur. » Comment travaillons-nous les questions de notre temps jusque dans leurs complexités pour dénoncer ce qui doit être dénoncer, redonner espoir là où domine le désespoir, encourager ce qui est beau et bon et qui a saveur d’évangile ? Comment nous appuyons-nous sur les prophètes de notre temps ? Ou encore, quelles initiatives prenons-nous, inventons-nous, comment sommes-nous créatifs pour porter une parole vivante à notre monde par l’action et la présence au-delà de la pauvreté de nos mots ?

Lucas, Tiago, Victoire, Allya et Océane, voilà le programme qui vous attendra chaque matin! Voilà la mission que vous recevez aujourd’hui et que nous allons vivre ensemble désormais ! Loin de tout repliement sur nous-mêmes et sur nos habitudes, loin de tout catastrophisme sur l’air du temps, cette mission veut être Parole d’Amour venue de Dieu, passant par nos voix et nos corps et par la présence du corps ecclésial.

Evidemment, cette parole et cette mission nous dépassent, comme elles dépassaient déjà les capacités de Saint Paul en son temps. Comme lui, nous faisons l’expérience que c’est dans notre faiblesse que la puissance du Christ donne toute sa mesure, et que nous pouvons mettre notre fierté dans notre faiblesse pour que la puissance du Christ fasse en nous sa propre demeure. C’est lui qui agit à travers nous, si nous acceptons de le laisser faire. C’est lui et « l’esprit qui est venu en nous » qui nous fait tenir debout et tenir notre place et notre mission prophétique. Pour que la Parole que nous annonçons ne soit pas notre parole mais la sienne. Pour que cette Parole touche les cœurs et les vies de nos contemporains sans que nous en prenions orgueil. Pour que le règne de Dieu advienne jour après jour et transforme le monde.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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2 réponses sur « Homélie du 4 juillet 2021 par le P. Benoît Lecomte »

[…] – Pour Lucas, Tiago, Victoire, Allya et Océane, qui ont reçu le baptême à Barbezieux au cours de la messe. Vous retrouverez ici l’homélie prononcée pour l’occasion, […]

[…] – Pour Lucas, Tiago, Victoire, Allya et Océane, qui ont reçu le baptême à Barbezieux au cours de la messe. Vous retrouverez ici l’homélie prononcée pour l’occasion, […]

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