Homélie du 3 novembre 2024, par le P. Maxime Petit

Montmoreau - Blanzac - Villebois-Lavalette

Publié le 3 novembre 2024

Chers frères et sœurs,

Au début de cette homélie, je dois vous faire une confidence, ou plutôt une confession. Hier, lorsque j’ai ouvert mon Magnificat pour préparer cette homélie, j’ai été un peu déçu… Comme un ado blasé, je me suis dit : « oh non, encore cet évangile ! Mais on le connaît par cœur… tout a été dit et redit. Non, vraiment, je n’ai pas du tout envie de prêcher sur le double commandement de l’amour ». Je ne suis pas dans votre cœur, chers frères et sœurs, mais je me dis qu’il vous arrive peut-être, à vous aussi, de cultiver l’illusion d’avoir fait le tour de certains passages d’évangile trop souvent entendus. 
Eh bien, ce matin, je vous témoigne que le Seigneur ne m’a pas laissé très longtemps dans cette mauvaise disposition. Car, en acceptant de sortir de cette attitude de « sachant » pour redevenir un petit enfant avide de découvrir ce que le Seigneur veut me dire dans sa Parole, il a fait en moi ce qu’il fait de mieux : rajeunir mon cœur qui a toujours tendance à se rabougrir ! Il m’a donné non pas seulement de relire un texte, mais de prier avec, pour y trouver ce qu’il voulait me dire AUJOURD’HUI. Et savez-vous ce qu’il m’a donné de découvrir ? Une question que je ne m’étais pas encore posé, et que je voudrais vous partager ce matin : comment Dieu, dans le Deutéronome, peut-il nous commander d’aimer ? Et comment Jésus se fait-il l’écho de ce commandement en y adjoignant l’amour du prochain et de soi-même ? 

En effet, chers frères et sœurs, cette question mérite qu’on s’y arrête un instant. Car, à première vue, l’amour est peut-être le sentiment le plus libre qui soit ! Imaginez votre réaction si quelqu’un vous contraignait à l’aimer… au lieu de vous attirer, vous ferait fuir bien vite ! Non, vraiment, On NE PEUT PAS contraindre qui que ce soit à nous aimer sans dénaturer l’amour. Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que dans la langue française, on oppose précisément l’amour et le devoir. Il y a certaines choses que l’on fait « par amour »… et d’autres « par devoir », ce qui, reconnaissons-le, est beaucoup moins agréable. Mais alors, chers frères et sœurs, pourquoi Jésus, si attentif d’habitude à préserver notre liberté, nous commande-t-il d’aimer ? Par là, ne dénature-t-il pas l’amour ? Ce sont de véritables questions à se poser, si on accepte, une énième fois de se pencher sur ce texte d’évangile bien connu. 
Sans prétendre épuiser cette vaste question, je crois que l’on peut dire qu’en nous commandant d’aimer, Jésus n’entrave pas notre liberté. Au contraire, si on y réfléchit un instant, il la suscite… en nous obligeant à l’exercer ! Car l’amour dont il est question ici n’est pas qu’un simple sentiment. Sentiment qui, on le sait, est très variable en fonction de la qualité du café que l’on a bu le matin, du nombre d’heures de sommeil de la nuit précédente ou même de la météo du jour. Jésus, en nous commandant d’aimer, veut précisément que l’on aille plus loin que ce simple attachement à ceux qui nous font du bien. Comme il le dit ailleurs, dans l’évangile : « si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? » Il poursuit alors avec cette exhortation qui nous honore autant qu’elle nous effraie : « Vous donc, dit-il à ses disciples, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». 
Eh bien, chers frères et sœurs, comment devenir parfait comme notre Père céleste ? Précisément en obéissant au double commandement de l’amour qui nous est fait dans l’évangile de ce jour ! En nous le commandant, Jésus nous invite à semer le bien autour de nous, à faire des choses qui traduisent notre amour. Bref, à poser des actes libres qui rendent concret cet amour qui n’est plus qu’un sentiment capricieux, mais une VERTU, c’est-à-dire une disposition à faire le bien, acquise par la répétition d’actes libres. Pour le dire plus simplement, ce n’est plus seulement j’aime untel parce qu’il m’est sympathique, mais j’aime untel parce que je VEUX l’aimer et par conséquent je POSE DES ACTES qui montrent cet amour. 
En fait, Jésus, loin de nous forcer à quelque chose qui serait contre notre nature de créatures libres, nous donne la clé pour exercer vraiment cette liberté ! Et il peut se permettre de le faire, précisément parce qu’il est le Dieu fait homme qui a vécu cet amour tout au long de sa vie… et même jusqu’à la mort en prononçant sur la croix des paroles d’amour pour ses bourreaux : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Oui, Jésus peut nous commander d’aimer parce qu’il a accompli jusque dans sa chair cet acte d’amour inconditionnel envers Dieu et l’humanité entière. Il peut nous dire : « aimez-vous les uns les autres COMME JE VOUS AI AIMÉS » non pas uniquement en se faisant notre exemple, mais parce que c’est à l’intérieur de cet amour – de son amour – que nous pouvons puiser la force d’aimer à notre tour Dieu « de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre force » et d’aimer notre prochain de façon inconditionnelle. 

Alors, chers frères et sœurs, que devons-nous retenir de cela ? Que le double commandement de l’amour APPELLE ce matin notre liberté pour nous engager à la suite de Jésus. Il nous appelle à la radicalité de la liberté qui ne s’accomplit pleinement que dans la charité concrètement vécue. 
C’est pourquoi, je vous propose, chers frères et sœurs, que nous répondions plus particulièrement cette semaine à cet appel qui nous est lancé en prenant la résolution de poser UN acte de charité chaque jour vis-à-vis d’une personne de notre entourage. Ça paraît peu, mais en réalité c’est beaucoup, parce que la charité se muscle grâce aux tout petits actes que nous posons jour après jour. Passer un coup de fil à telle personne que l’on ne prend jamais le temps d’appeler parce qu’elle est trop bavarde. Rendre un petit service à telle autre qui passe peut-être son temps à se plaindre. Prier pour quelqu’un qui nous agace. Dire un compliment sincère à une personne que l’on a tendance à rabaisser dans notre cœur. Les manières d’aimer concrètement sont extrêmement nombreuses, alors faisons en sorte que notre charité soit inventive ! Et surtout, prolongeons cette charité chaque soir en rendant grâce à Dieu pour la force et la joie d’avoir ainsi fait rayonner notre humanité. 
En voilà un enseignement qui peut nous aider à progresser dans la sainteté ! Alors merci Seigneur de nous l’avoir commandé ! Et merci de nous aider à lire toujours à nouveau frais ta Parole dont la fécondité est vraiment inépuisable. Amen. 

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