Homélie du 29 novembre 2020 par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 28 novembre 2020

Veillez ! Voilà le premier mot de ce temps de l’Avent. Après un mois de confinement, alors que la porte s’entre-ouvre timidement pour de possibles rassemblements, cet appel vient à nos oreilles : Veillez ! Au cas où nous nous serions endormis dans la solitude de nos maisons, au cas où nous serions pris de colère, ou d’inquiétude, ou de peur ou d’incompréhension selon comment l’on vit la situation présente, la Parole de Dieu, les mots du Christ ouvrent un chemin et une attitude : Veillez.

Veillez, comme les infirmiers, les aides-soignants et les médecins sur les malades qui remplissent les hôpitaux.

Veillez avec la tendresse et la vigilance d’une mère sur ses enfants.

Veillez, comme et avec ces bénévoles engagés dans tant de structures et associations, sur les plus démunis de plus en plus nombreux.

Veillez, comme un coup de fil régulier à un proche ou un plus lointain, à une personne âgée, malade ou isolée.

Veillez, comme des sentinelles du matin guettent les premiers rayons de lumière, restant vifs et en attente.

Veillez !

Que devons-nous veiller ? Notre horizon est la fête de Noël. Un Noël qu’on nous annonce « pas comme les autres » cette année. Il sera pourtant comme les autres : nous accueillerons la naissance de l’Enfant Dieu, le Verbe se faisant chair. Nous accueillerons « la Lumière venue dans le monde pour éclairer tous les hommes » (Jn1) de sa chaleur et de sa beauté. Nous accueillerons cette fête d’une naissance perdue dans un coin de Palestine il y a plus de 2000 ans et qui résonne encore aujourd’hui jusqu’à transformer nos vies.

Sûrement, pour accueillir cette naissance, nous faudra-t-il être en éveil. En tendresse. En attention. Car elle ne s’imposera pas, au milieu des lumières des vitrines et des inquiétudes sociales. Il nous faudra la percevoir, peut-être, dans l’infime, dans la discrétion, dans la petitesse, dans l’inattendu, dans l’incertitude, dans le renversement des codes. Et pour la percevoir ainsi, il faut nous entraîner. Ensemble, les uns et les autres, les uns avec les autres, les uns pour les autres. La force de notre vie paroissiale et communautaire doit pouvoir se trouver là, dans notre capacité à nous accompagner mutuellement dans cette aventure intérieure, humaine et relationnelle qui nous donne de prendre le chemin que Dieu a pris, le chemin de l’Homme.

« Veillons les uns sur les autres comme il veille sur nous », avons-nous choisi de prendre comme thème pour cet Avent. Des banderoles et des cartes postales viendront nous le rappeler. « Veillons les uns sur les autres comme il veille sur nous. » Autrement dit, « déconfinons-nous » progressivement. Non pas pour reprendre le plus vite possible toutes nos activités « d’avant » et notre rythme de vie frénétique, refermant ainsi une parenthèse que l’on voudrait vite oubliée ! Au contraire. Déconfinons-nous progressivement, étape par étape, dimanche après dimanche, semaine après semaine, pour nous ouvrir à la tendresse de Dieu qui veille sur nous et nous ouvrir à la présence de ceux qui nous entourent pour vivre avec eux cette tendresse. Déconfinons-nous pour vivre ce que le prophète Isaïe raconte de la relation entre le Peuple et Dieu, jusqu’à cette acclamation : « Mais maintenant, Seigneur, c’est toi notre Père. Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonne : nous sommes tous l’ouvrage de tes mains. » Et, nous reconnaissant tous du même ouvrage de la main de Dieu, que grandisse l’attention, la communion et la fraternité entre tous ! Dans la veille mutuelle les uns sur les autres et ensemble sur le monde. Par cette ouverture progressive au long de l’Avent, par ce chemin pris ensemble, pourra jaillir de nos cœurs ce cris à Noël : « Maintenant, Seigneur, c’est toi notre Père. » Pour que la fête de cette naissance soit fête de notre naissance, naissance sans cesse à renouveler, naissance à notre vie divine et à la fraternité entre tous.

Chacun est invité, en ce temps d’Avent, à trouver les moyens qui lui semble bons pour prendre ce chemin de conversion intérieur et de veille. Mais nous allons aussi veiller en communauté et faire en sorte que ce Noël ne soit pas comme les autres. Qu’il soit, à l’issue de cette année 2020, un Noël d’attention, de fraternité et de délicatesse, d’abord avec celles et ceux qui ont le plus souffert de ces périodes de confinement. Dans le respect des mesures imposées – ce qui est déjà un signe de fraternité avec les malades et les soignants – et dans la paix du cœur, nous allons imaginer : une chorale pour le marché de Noël, un partage de la Lumière de Bethléem par des cartes postales que nous pourrons envoyer, les uns et les autres, comme des cadeaux à ceux qui ont besoin de soutien, par un spectacle que nous pourrons offrir le soir de Noël à ceux qui seront à l’hôpital et aux résidents de la maison de retraite, par les célébrations que nous arriverons à vivre et notamment une soirée « miséricorde », et par tant et tant de gestes et de paroles qui traceront des chemins d’humanité.

Engageons-nous joyeusement dans ce temps de l’Avent, pour faire de ce Noël un Noël lumineux de la Lumière de Dieu présent parmi les hommes. Devenons des veilleurs, veillons les uns sur les autres, sûr que Lui, déjà, veille sur nous.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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