Quelle magnifique fête que cette fête de Pentecôte ! Elle est comme l’accomplissement, l’aboutissement de la fête de Pâques, au terme des 50 jours de ce temps Pascal. Nous avions commencé le carême avec les cendres, nous sommes passés par le feu de la vigile pascale, avons traversé avec le Christ la mort pour ressusciter avec lui en traversant les eaux du baptême, et c’est maintenant l’Esprit de Dieu, l’Esprit Saint qui vient en nous habiter nos cœurs et nos vies comme un feu, comme un souffle, comme un nouvel élan qui nous donne de sortir joyeusement annoncer la Bonne Nouvelle et apporter la Paix à notre monde ! Alléluia !
Oui, il fallait la venue de l’Esprit pour parfaire le projet de Dieu, son projet d’Alliance avec nous. Il ne pouvait pas nous laisser seuls avec la seule promesse d’être avec nous jusqu’à la fin des temps. Il lui fallait encore s’unir à nous à nouveau, comme il l’avait déjà fait en prenant humanité par son Fils Jésus, mais de façon nouvelle, renouvelée, tout à la fois universelle et intime à chacun. Le Seigneur a semble-t-il un besoin insatiable de s’unir à nous pour nous unir à lui, en nous unissant les uns les autres. Mystère de l’action de l’Esprit Saint, qui réalise ce désir de Dieu. Tous les récits que nous venons d’entendre vont dans ce même sens.
Il ne suffisait pas à Dieu de se présenter comme un Père engendrant la Vie par Amour. Il ne lui suffisait pas de devenir Homme, compagnon de route en humanité, fidèle ami allant jusqu’à donner sa vie par amour et ressuscitant d’entre les morts. Il lui fallait encore se donner à nous à l’intime de nous-mêmes, faire en nous sa demeure, devenir le Souffle de notre souffle, le battement de notre cœur, le sang de nos veines.
En cette fête de la Pentecôte, renouvelons notre vie dans l’Esprit.
Cet Esprit qui nous fait reconnaître Jésus comme Christ et Seigneur et qui nous enracine en Lui.
Cet Esprit qui nous fait proclamer les merveilles de Dieu dont nous sommes témoins tout autour de nous.
Cet Esprit qui nous reconnait et nous fait nous reconnaître chacun dans notre unicité, et qui nous met en communion les uns avec les autres dans la richesse de nos différences, « en vue du bien commun ».
Cet Esprit qui nous met au service les uns des autres et ensemble au service des hommes de notre temps et de la Bonne Nouvelle de Dieu, par les charismes et les vocations qu’il déploie en chacun de nous et dans l’Eglise, ce Corps que nous formons, mystérieusement, bien au-delà de ce que nous en voyons et comprenons.
Cet Esprit qui nous donne une paix profonde, bien plus forte que toutes les violences du monde, bien plus sécurisante que toutes les fausses assurances promises.
Cet Esprit qui nous donne la vie en se faisant pardon des péchés, ne cessant de nous ressusciter et de nous réconcilier avec Dieu, les uns avec les autres et avec nous-mêmes.
Cet Esprit qui nous fait sortir de nous-mêmes, de nos petites habitudes, de nos « entre-soi », de nos façons de faire, de notre passé, de nos « on a toujours fait comme ça » et de toutes nos peurs, et qui nous envoie dans les tempêtes, les pauvretés, les fragilités et les périphéries du monde proclamer la victoire du Christ et le don de la Paix de Dieu à tous les hommes de bonne volonté.
Et si, en cette fête de Pentecôte, nous nous laissions renouveler intimement et profondément par l’Esprit Saint qui fait en nous, dans l’Eglise et dans le monde toute chose nouvelle ? « Tu envoies ton souffle : ils sont créés, tu renouvelles la face de la terre », chantait le psaume. Cette parole, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. Sur les apôtres, sur toute l’Eglise, sur celles et ceux qui sont confirmés, sur les baptisés que nous accompagnons aujourd’hui, sur chacun de nous. Pour que nous soyions des femmes et des hommes de souffle et de feu. Pour que l’Eglise, que l’Esprit forme en nous liant les uns aux autres, soit une Eglise de souffle, de feu, d’amour et de communion. « Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit », clamait Saint Paul. Ne vivons pas comme si nous étions desséchés. Nous avons été à la Source, à Lourdes il y a quelques jours. Cette Source est là, elle nous désaltère et veut désaltérer le monde.
Proclamons les merveilles de Dieu, soyons des artisans de sa Paix. Dansons, chantons, vivons avec la gravité de ceux qui connaissent le prix de la vie et qui luttent pour sa dignité, et la légèreté de ceux qui se savent sauvés, dans la confiance au Père. Soyons des femmes et des hommes d’espérance qui ne cherchent pas à colmater les brèches de ce qui est en train de disparaitre et qui peut-être est déjà mort, mais qui savent regarder poindre l’aurore et y discerner le travail de l’Esprit.
« Recevez l’Esprit Saint » Et Jésus souffla sur eux… et Jésus souffla sur nous… et nous voilà remplis de son Esprit… de Pentecôte, de Vie, et d’Avenir.
Amen, Alléluia !
P. Benoît Lecomte
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