« Notre Père ! »
Chers frères et sœurs bien aimés,
A ses disciples qui veulent se mettre à son « Ecole » : « Seigneur,
apprends-nous à prier… » Le Christ répond en leur livrant la
prière, Mère de toutes les prières, celle du « Notre Père ». La seule
prière que le Seigneur ait personnellement enseignée à chacun de ceux
qui veulent être ses frères et sœur en Dieu.
Il invite ainsi les chrétiens de tous les temps, jusqu’à nous, à entrer
dans une relation intime avec Notre Père Céleste et à la vivre avec LUI.
Une Relation d’intimité qui nous garantit que « quiconque demande,
reçoit ; celui qui cherche trouve ; et qu’à celui qui frappe, on ouvrira. »
Je ne peux m’empêcher de remettre devant les yeux de nos cœurs
l’Icône d’une Bergère du XVIIème siècle que je vous ai déjà relaté et que
le Père Maurice Zundel a évoqué dans une retraite spirituelle.
Il relate le témoignage de cette pauvre petite bergère qui paraissait
idiote à force d’être silencieuse et qu’une noble dame qui connaissait son
catéchisme sur le bout du doigt (comme il peut y en avoir dans nos
communautés paroissiales) prend en pitié en se disant : « La pauvre fille,
elle ne doit rien savoir du bon Dieu, je vais essayer d’entreprendre son
instruction ».
Comme celle-ci s’approche de la « pauvre petite » et qu’elle lui
propose de lui enseigner le catéchisme, la jeune bergère l’interpelle en lui
disant : « Oh Madame, pourriez-vous m’apprendre à terminer mon
Notre Père car, chaque fois que je commence, que je dis « Notre Père »
et que je pense que celui qui est là-haut veut bien être le Père d’une
pauvre petite créature comme moi, j’éclate en sanglots et je passe ainsi
tout le jour en pleurant à garder mes vaches ».
Alors la dame comprit que la petite bergère en savait infiniment
plus qu’elle sur le Vrai Dieu, puisque le seul mot de Père, de Notre
Père, évoquait en elle une telle émotion qu’elle ne pouvait retenir ses
larmes et qu’elle passait tout le jour dans l’émerveillement de cette
Présence divine qui était la respiration de son âme.
Comme les parents ne voient pas leurs enfants en série, Dieu ne
nous voit pas en série et chacun de nous a un visage unique,
irremplaçable, chacun de nous reçoit de Dieu une confidence qui ne
s’adresse qu’à lui et que lui seul peut transmettre aux autres. C’est
pourquoi chacun de nous est nécessaire à l’équilibre du monde,
nécessaire à la révélation totale de Dieu.
Cet enseignement nous apporte une lumière particulièrement
précieuse en cette journée mondiale de prière pour les personnes âgées et
les grands-parents à l’occasion de laquelle notre Pape Léon nous
rappelle que la vieillesse n’est pas un temps de déclin, mais un temps de
fécondité spirituelle.
Par la prière du Notre Père comme par nos aînés, le Seigneur nous
révèle le cœur de toute vie spirituelle : persévérance, confiance, et
audace filiale.
Oui, pensons à la prière constante de nos aînés qui, malgré les
épreuves – malheur, maladie, solitude – savent, avec persévérance, rester
attachés au Seigneur.
N’oublions pas l’expérience des personnes âgées qui nous enseigne
que Dieu sanctifie les saisons de la vie, même la dernière, et que leur
espérance est un phare qui peut nous guider dans l’incertitude.
Enfin que nos aînés peuvent intercéder pour nous et nous
transmettre cette confiance : « quand je suis faible, c’est alors que je
suis fort ». Leurs prières sont des semences d’Esprit saint qui portent du
fruit en nous.
Frères et sœurs, puisons dans l’exemple de nos aînés cette
espérance qui ne déçoit pas.
Que cette Eucharistie renforce en nous tous l’audace d’un enfant
qui frappe à la porte, la confiance d’un fidèle qui espère, et la joie de tous
les membres d’un seul peuple uni dans la prière.
Amen.
Une réponse sur « Homélie du 27 juillet 2025, par le P. Eric Pouvaloue »
Belle histoire et belle homélie.