« Changer de Comptabilité ! »
Frères et sœurs bien-aimés,
Aujourd’hui, notre assemblée a deux joies : la joie de la Parole qui
nous éveille et la joie d’un baptême qui nous rajeunit. Quand un enfant
entre dans la vie de l’Église, tout se remet à neuf : notre foi, notre
espérance, même notre sens pratique ! Le Pape Léon XIV a une formule
malicieusement juste : « Quand l’Église baptise, elle remet le Ciel en
mouvement et nous, elle nous remet en marche. » Alors marchons.
Amos (8,4-7) parle clair : Dieu n’est pas indifférent à la manière
dont nous gagnons, comptons et dépensons. Tricher avec les balances,
profiter du fragile, spéculer sur la faim : Dieu l’entend.
Dans l’Évangile (Lc 16,1-13), Jésus prend un exemple déroutant :
un gérant malhonnête mais intelligent, rapide, audacieux. Il ne fait pas
l’éloge de la fraude ; il admire l’énergie déployée pour préparer l’avenir.
Et il soupire : « Les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que
les fils de la lumière. » Autrement dit : si seulement nous mettions pour
le Royaume autant d’ingéniosité que le monde en met pour ses affaires !
Le Pape Léon commente ainsi : « La miséricorde est
l’intelligence de l’amour en action. Elle sait transformer l’avoir en
service, le calcul en donation. » Voilà le cœur du texte : convertir nos
biens en liens, l’argent en charité, le temps en attention. Faire de ce qui
passe une semence d’éternité.
« Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’Argent. » (Lc 16,13) L’argent
est un bon serviteur mais un tyran redoutable dès qu’on l’adore.
Aujourd’hui, l’une des séductions les plus discrètes porte un nom ancien
: Mammon, la confiance absolue mise dans le compte en banque, la cote
d’amour, le nombre de « vues »… Le baptême de [prénom de l’enfant]
inscrira un autre axe : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur »
(Mt 6,21). Notre trésor, c’est Dieu ; et le trésor de Dieu, c’est l’homme. Le
Pape Léon le résume ainsi : « Le visage humain est le vrai tabernacle
de l’Église en sortie. »
Dans quelques instants, l’eau coulera pour [prénom] Dieu adopte,
lave, relève. Dieu fortifie, Dieu revêt de lumière, Dieu confie la flamme de
son amour.
Et nous tous, paroissiens, recevons [prénom] comme un cadeau
et une responsabilité. Que notre communauté soit un lieu où l’on
apprend à prier simplement, à servir joyeusement, à partager
concrètement. Léon XIV nous provoque : « Une paroisse sans pauvres
et sans enfants s’appauvrit deux fois. Le vrai capital de l’Église, ce
sont les pauvres et les pécheurs pardonnés. » Prenons au sérieux ce
capital !
Le gérant de l’Évangile a su se faire des amis avec l’argent
trompeur (cf. Lc 16,9). Jésus nous invite à la même créativité, mais pour
la charité : transformons nos agendas, nos compétences, nos biens en
rencontres de salut.
Le pape Léon nous y encourage : « L’Évangile n’a pas besoin
d’excuses, il a besoin d’exemples : des chrétiens qui aiment avec
méthode et persévérance. » Voilà notre « habileté » de fils de lumière :
une charité organisée.
Saint Paul (1 Tm 2,1-8) nous demande de prier « pour tous les
hommes et pour les autorités ». Prions donc pour nos élus, nos
éducateurs, nos soignants, nos entrepreneurs : que la justice et la paix
s’embrassent dans notre territoire. « La paix sociale naît quand les
consciences se mettent à genoux et que les mains se mettent au
travail », aime répéter le Pape Léon.
Frères et sœurs, dans un instant, [prénom] sera plongé dans la
mort et la résurrection du Christ. Que ce mystère nous replonge, nous
aussi, jusqu’au bout dans l’amour.
« Aimer jusqu’au bout », insiste Léon XIV : « c’est laisser Dieu
devenir le Maître de nos choix, pour que l’argent redevienne un
serviteur, et que les pauvres redeviennent nos frères. »
Amen.
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