Homélie du 21 avril 2024, par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 21 avril 2024

Ce 4ème dimanche de Pâques est depuis plus de 60 ans le « dimanche de prière pour les vocations ». Nous vient alors à l’esprit l’idée de prier pour avoir des prêtres qui accompagnent les communautés chrétiennes, « des ouvriers pour la moisson », dit ailleurs l’évangile. Mais pas l’Evangile de ce jour, qui nous parle d’un berger. D’un berger en qui nous reconnaissons Jésus, d’un berger qui donne sa vie pour ses brebis et cherche à les réunir toutes, celles d’ici et celles d’ailleurs, en une seule et même famille. La lecture du Livre des Actes des Apôtres ne nous livre non plus aucune indication pour prier pour les vocations sacerdotales : le discours de Pierre ne fait référence à aucun acte liturgique, ni pastoral. Il ne se réfère qu’à un seul acte et un seul nom : celui de Jésus Christ, le crucifié que Dieu a ressuscité d’entre les morts. La Lettre de Saint Jean évoque l’appel : « voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. » Voilà donc l’appel qui résonne au cœur de cette journée de prière pour les vocations : être appelés enfants de Dieu. Et ces lectures m’inspirent quatre dimensions ou quatre aspects de notre prière pour les vocations.

La première dimension ressort de la Parole de Dieu que nous venons d’entendre : tout est christocentré. Autrement dit, c’est le Christ, Jésus, qui est au centre. Il est la seule et unique référence. Si nous pensons ou parlons vocations, voilà une première indication : toutes sont référées au Christ Jésus et à l’événement pascal de mort et résurrection. C’est Lui qui est à la source de toute vie chrétienne. C’est à lui que nous répondons quand nous décidons d’une orientation de vie, quelque soit l’orientation de notre vie. Nous avons inscrit sur notre cierge pascal, dans la nuit de Pâques, qu’il est l’alpha et l’oméga, le début et la fin. Il est le seul pasteur. « En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver », dit Saint Pierre aux chefs du peuple et aux anciens. Parler de nos vies en termes de vocations, c’est donc nous décentrer de nous-mêmes et accepter – ou reconnaître – que nous nous recevons d’un autre, que nous nous recevons de Lui, et que nous allons vers Lui. Il n’y a pas de vocation comme un en-soi, il n’y a de vocation que dans l’expérience d’une relation avec le Seigneur, qui connaît chacun de nous par notre nom.

Cela introduit le deuxième aspect de notre prière pour les vocations. Nous aurions tendance, et c’est naturel, à demander au Seigneur – plus de prêtres, plus de diacres, plus de couples engagés et de familles chrétiennes, plus de missionnaires, plus de catéchistes, etc. Peut-être ne s’agit-il pas tant de parler à Dieu et de lui demander selon nos désirs, que de nous taire et de l’écouter, Lui. De faire silence. De laisser résonner dans nos cœurs ses propres mots, ses propres désirs, sa propre présence. Notre année 2024 est voulue comme une année consacrée à la prière. Comment est notre prière pour les vocations ? Pleine de nous-mêmes et de nos peurs, ou la laissons-nous se remplir de la présence confiante et rassurante de Dieu, qui n’abandonne pas son Peuple, tel le berger n’abandonne pas son troupeau ? N’ayons pas peur d’entrer dans le silence avec Dieu. Il sait, lui, appeler chacun à sa suite pour faire éclater son Nom, le Nom par lequel nous sommes sauvés.

La lettre de Saint Jean nous met sur la piste d’une troisième dimension. « Dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. » Nous pensons souvent les vocations en termes d’arrivée : « il / elle a trouvé sa voie », pouvons-nous entendre à propos de telle ou telle personne. Une vocation est peut-être avant tout un chemin, une aventure à reprendre chaque jour, une recherche permanente – vécue tant dans l’action que dans le silence de la prière. Qui peut dire qu’il est enfin prêtre ? ou diacre ? ou évêque ? ou religieux ? ou mari ? ou épouse ? ou parent ? ou même baptisé ? Si l’Eglise nomme et confie des états de vies ou des missions, ce sont d’abord des perspectives à déployer – intérieurement, humainement, spirituellement, pastoralement. Nul ne peut dire que sa qualité d’enfant de Dieu est déjà pleinement manifestée. Mais tous, nous sommes en chemin, en avancées progressives, parfois en reculs ou en pas de côtés – ainsi est faite notre réponse aux appels de Dieu. Prions pour les vocations comme pour des chemins à emprunter et à suivre, dans la confiance en Dieu.

            Le quatrième aspect nous est offert par l’évangile. Saint Jean nous parle « d’un seul troupeau et d’un seul pasteur » comme du but ultime du Berger. Le rassemblement de toute l’humanité sous un seul chef, le Christ, dans une fraternité et une communion qui transcendent toutes les divisions. Toutes les vocations ainsi réunies sont au service d’un même projet divin, et se répondent les unes les autres pour participer, chacune à sa façon, au même rêve de Dieu. Exit, la concurrence entre tel ou tel. Il s’agit fondamentalement, dans la dynamique du berger qui donne sa vie pour ses brebis, de donner nous aussi notre vie pour que ce rêve d’unité, de paix et de fraternité devienne réalité. Chacun selon sa vocation, cet appel est destiné à toutes et tous !

En ce jour, mettons-nous ensemble à l’écoute du Seigneur et prions les uns pour les autres, pour que chacune, chacun déploie, selon ses propres appels, de devenir enfant de Dieu et que le Nom de Jésus nous conduise à notre accomplissement.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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