Homélie du 18 février 2024, par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 17 février 2024

Du déluge de la Genèse, au désert de l’évangile. La Parole de Dieu nous promène d’un extrême à l’autre avec a priori peu de lien entre ces récits. Et pourtant avec eux, au début de notre carême, le chemin est déjà tracé. Le chemin et le terme. Les deux passages bibliques nous parlent en filigrane de la même chose, et Saint Pierre dans sa lettre nous en donne les clefs.

Le déluge, nous dit-il, est « une figure du baptême. » Un passage de la mort vers la vie, assorti d’un signe d’Alliance : l’arc entre le ciel et la terre. Et « aucun être de cher ne sera plus détruit. » La mort est morte, la vie l’a emporté : « les eaux ne se changeront plus en déluge pour détruire tout être de chair. »

Les premiers mots de l’évangile nous indiquent que Jésus vient d’être baptisé. Cependant nous savons que ce baptême n’est pas le baptême tel que nous l’entendons. Le baptême de Jean-Baptiste est baptême de purification des péchés, non de résurrection. En revanche, l’expérience que Jésus vit après ce baptême est d’un autre ordre : elle est passage par le désert et par les tentations de Satan. Elle est fréquentation du lieu de la mort, de la mort physique et de la mort spirituelle. Elle est descente aux enfers. Descente de laquelle Jésus sort victorieux au point qu’il va pouvoir proclamer l’Evangile de Dieu. La vie succède à la mort, comme après le déluge, comme après le baptême. La succession des événements l’évoque encore : il faut l’arrestation de Jean, pour que Jésus parte pour la Galilée. Il faut que la mort (sociale) arrive pour que la vie (publique) commence.

Baptême, mort et résurrection, passage. Tout nous parle de Pâques. « Christ a été mis à mort dans la chair, mais vivifié dans l’Esprit », ajoute Saint Pierre, « Dieu sauve par la résurrection de Jésus-Christ, lui qui est assis à la droite de Dieu. » Pâques. Voilà l’horizon de notre temps de carême. Parler d’un carême sans parler de Pâques, ce serait parler des 40 jours de désert, ou des 40 ans de l’Exode, sans parler de la Terre Promise, de la victoire de son Alliance. Au début de notre carême, voilà le chemin et le terme : l’aventure pascale, l’aventure baptismale. Ce n’est pas pour rien que nous sommes en communion de prière avec les catéchumènes de notre doyenné et de notre diocèse, mais aussi de tous les diocèses du monde, qui entendent ce matin par l’évêque l’appel décisif de l’Eglise à entamer la course finale, les préparatifs spirituels ultimes avant le grand plongeon. Le carême est ce temps qui nous donne de revisiter notre baptême pour y replonger à nouveau frais, pour en redécouvrir la radicalité et la grâce. Qu’avez-vous fait de votre baptême ? Qu’avons-nous fait de notre baptême ?

L’évangile du mercredi des cendres nous a donné quelques moyens pour raviver en nous ce que nous avons reçu : l’aumône, la prière et le jeûne. Ils sont déployés par ce que nous pouvons vivre en paroisse à travers les initiatives de prière et de fraternité, et par tous les objectifs que nous avons pu nous fixer personnellement. Ces moyens ne valent pas grand-chose s’ils ne sont pas orientés vers cette expérience existentielle qu’est Pâques. Notre motivation aura évidemment à se confronter à toutes les tentations que nous pourrons connaître, parce qu’elles sont ces expériences de combats qui nous donnent de choisir dans la liberté entre ce qui mène à la mort ou ce qui mène à la vie, ce qui fait mourir ou ce qui fait vivre. Le carême est chemin de discernement et d’écoute du Seigneur : « Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve », chantait le psaume. Il est décentrement de nos propres désirs pour entrer dans l’expérience de Dieu. Il est creusement de la faim et de la soif, pour un jaillissement de la Vie, de la vraie Vie débarrassée de toutes nos compromissions. Il est décentrement de nous-mêmes pour entrer davantage dans l’Alliance avec Dieu et nous laisser sauver par lui, « introduits devant Dieu », disait Saint Pierre.

            Et pour pouvoir proclamer comme Jésus l’Evangile de Dieu. Quel Evangile de Dieu Jésus peut-il proclamer en Galilée, lui qui n’a encore rien dit, ni rien fait, sinon passé 40 jours dans un désert ? Il ne peut qu’annoncer et proclamer déjà sa victoire. La victoire de la vie sur la mort, la victoire de la liberté sur la captivité et sur toutes les tentations que nous connaissons. La victoire de Pâques, que nous revivons en notre baptême. La victoire de la résurrection de Jésus, et de la nôtre avec lui.

            Que ce temps de carême puisse être pour chacun de nous et pour notre communauté paroissiale un temps de redécouverte en profondeur de notre baptême, de son appel et de sa promesse dans toutes ses dimensions. Plus encore, que ce temps puisse être une période pendant laquelle nous allons revivre ce cheminement, qui nous fait passer, avec notre liberté et notre volonté, par la mort à nous-mêmes pour ressusciter avec le Christ. Sûrement nous faut-il commencer par faire l’expérience du désert, nous aussi. En faire l’expérience jusqu’au bout, partageant tous les déserts, les tentations et les lieux de morts de nos contemporains. Pour sortir victorieux par Jésus Christ, et proclamer dans la confiance que le règne de Dieu est tout proche.

Alors en avant, n’ayons pas peur, convertissons-nous, et croyons à l’Evangile.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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