Nous sommes encore en attente. Tendus. C’est l’Avent. Après les 3 premiers dimanches liturgiques, comme 3 premiers matchs sur le chemin vers Noël, voici le dimanche de la finale ? L’avant-match d’un moment crucial, qui peut changer le monde – car le monde peut vibrer de ce moment. Nous sentons que nous touchons au but, nous voudrions qu’il soit déjà atteint, ou marqué, mais il nous faut encore attendre un peu, et nous préparer, encore.

Pendant 3 semaines, nous avons voulu vivre des rencontres – ces fameuses rencontres auxquelles l’Equipe d’Animation Paroissiale nous a invitées, ces rencontres « à domicile » pour partager la Parole et le pain, et nous entrainer à la Rencontre ultime qui arrive à grands pas.

Nous redoutons peut-être le Messi, l’Argentin, mais nous attendons le Messie. Le Fils de Dieu. Nos regards sont tournés vers Lui, « Celui-qui-sauve ». Nous savons, nous croyons, avec confiance, qu’Il vient. Non comme un attaquant, mais comme un défenseur. Un consolateur. Le libérateur de nos fautes. Avec lui, pas de carton rouge, il est « Dieu-avec-nous. »

Le signe de sa présence ne s’écrit pas en lettres d’or en haut des affiches, ne provoque pas de spots publicitaires vendus à des millions d’euros. On ne construira pas pour lui de stades mirobolants au milieu du désert. Le signe de sa venue sera la naissance d’un enfant. Dans une mangeoire. Sans climatisation particulière. Dieu en pleine terre, Dieu au milieu du terrain, dans nos déserts humains, jusqu’en nos lieux de stérilité, pour y faire naître la vie. Nos projets peuvent en être chamboulés, comme ceux de Joseph dans l’Evangile, comme ceux de Marie, pourtant toute entière disponible à cet inouï. La nouvelle est là, elle court déjà de cœur en cœur : Dieu prend corp de nos corps, chair de notre chair, il vient visiter son peuple, il est « avec-nous ». L’action de Dieu se déroule au cœur de notre histoire. Jusque dans notre intimité, comme dans l’intimité du couple que forment Joseph et Marie. Et cette action continue encore au milieu de notre monde et à l’intime de nous-mêmes. Action surprenante : encore faut-il y être attentifs, s’y rendre disponibles, l’accueillir comme elle vient.

Engendrement. L’action de Dieu est engendrement et donc toujours surprise. Dieu ne fait pas de redite, il fait du neuf, du nouveau, de la nouveauté. L’amour ne se satisfait pas de la routine ou de la photocopie, il attend de la créativité. C’est peut-être la marque de Dieu, de la Vie, de la Vie en abondance qui vient nous saisir et nous entraîner avec elle dans sa dynamique. C’est l’avant-match. Annonciation, avant l’événement de la naissance. Annonciation cette fois, à Joseph, en plein songe, quand l’homme est désarmé et totalement disponible. A Joseph, mais à nous aussi, comme les dernières consignes avant le coup d’envoi : « Ne crains pas. » Ne crains pas l’action de Dieu en toi, même si elle chamboule tout. Ne crains pas celui qui vient te chercher pour te sauver. Ne crains pas Dieu qui se met à ta hauteur, à hauteur d’homme et de regard, de cœur et d’ouverture des mains. Il vient à toi, à nous, pour ouvrir le jeu de nos relations humaines et de toute l’humanité. Pour passer de l’individuel au collectif, « jusqu’aux nations païennes », disait Saint Paul. Tous sont appelés, sans exception. Personne ne reste sur le banc de touche. Et nous, nous recevons « par lui la grâce et la mission d’Apôtre », pour manifester au monde la grandeur de son amour et de sa présence « au-milieu-de-nous. »

Dernier dimanche de l’Avent. Comme un dernier match qui nous mène à Celui qui nous fait vivre. Ne perdons plus de temps. Seigneur, toi qui es toujours avec nous, mène-nous au but ! Nous sommes encore en chemin, en préparation, en attente…

Pour te trouver, te rencontrer et célébrer avec toi cette folie divine, nous entrerons en nous-mêmes, nous ouvrirons nos cœurs à tous nos frères et sœurs, et nous lèverons la tête. Là-haut, une étoile nous guidera…

P. Benoît Lecomte