« A genoux … aux pieds ! »
La nuit tombe et avec elle est venue l’Heure du repas, d’un dernier
repas partagé, qui en fait est le 1er Repas. C’est La Cène du Seigneur,
Institution de l’Eucharistie au cours de la laquelle est institué le Sacerdoce
Ministériel. Deux sacrements intimement et indissociablement liés.
Pour nous ouvrir à la grandeur et à la profondeur de ces Dons, nous
sommes peut-être plus enclins à méditer « Avec la Tête » sur les gestes et
les paroles du Christ dans les récits de la Cène que nous transmettent Luc,
Marc ou Matthieu mais la liturgie de l’Eglise nous invite à ouvrir
l’Evangile selon St Jean et à y contempler « Le Lavement des pieds ».
Aussi déstabilisant que cela puisse nous apparaitre, ce n’est pas « par
la Tête » que nous sommes appelés à passer le porche du Mystère de
l’Œuvre de Dieu pour nous mais « par les Pieds ». Oui ! Par les pieds !
Poursuivant sa lente et inexorable descente, Le christ s’abaisse
toujours plus bas, jusqu’à terre. Déposant son vêtement, IL ne revendique
pas le rang qui l’égalait à Dieu, mais prenant un linge qu’il se noue à la
ceinture et versant de l’eau dans un bassin le Seigneur se met à terre et
prend la condition d’esclave. Contemplons donc l’Humilité de Dieu !
À genoux aux pieds de ses apôtres, Jésus se met à les laver. En lavant
leurs pieds, le Seigneur annonce et révèle ce qu’il va accomplir par le
Mystère de sa Passion et de sa Résurrection.
Prenant la posture de la pécheresse qui se prosterna à ses pieds «
Celui qui n’avait pas connu le péché, il l’a, pour nous, identifié au péché,
afin que, par lui, nous devenions justice de Dieu ».
En lavant les pieds de ses apôtres, se sont nos pieds qu’IL lave. IL
préfigure ainsi ce qu’il va accomplir par le Don de lui-même jusqu’au bout,
jusqu’à avoir « les mains et les pieds cloués » sur le bois de la Croix pour
purifier les racines souillées de l’humanité.
Nos pieds sont notre socle, la base de notre être, ce qui nous relient
à l’humus, à la terre. Il fallait donc que nos pieds qui représentent notre
contact avec la terre soient lavés et purifiés.
Il fallait que nos pieds soient détachés de cette terre, sur laquelle
nous ne faisons que passer car nous ne sommes pas d’ici mais de la céleste
Jérusalem en Dieu.
En lavant ainsi les pieds de notre humanité souillée par le péché, le
Seigneur nous donne de marcher sainement à sa suite. Il nous permet de
« Passer » par LUI, avec LUI, des ténèbres à son admirable Lumière libérés
de tout ce qui nous empêche d’aller vers le Père.
Comme le disait un prêtre missionnaire : « On a la tête là où on a les
pieds ! ». Que le Seigneur nous accorde donc en ces jours saints de nous
laisser laver les pieds et de nous laisser conduire « par les pieds ».
Si le Fils de l’Homme, le Fils de Dieu est aux pieds de ses disciples
pour leur laver les pieds, dès lors, pour trouver le Christ il faut s’abaisser
et tourner les yeux vers le bas. Il faut aussi trouver la grâce au fond de son
péché.
La Sainte Eucharistie, Source et sommet de la vie Chrétienne, ne se
comprend que par les pieds. Elle ne se comprend que dans l’abaissement
et l’Humilité du Don du Christ, « Corps livré », « Sang versé ». Là est
l’accomplissement de l’Alliance Nouvelle et Eternelle.
Les rois d’Israël étaient oints sur la tête. Mais le roi d’humilité le fut
par les pieds lors de l’Onction de parfum de Béthanie et les disciples aussi
sont ordonnés par les pieds comme le dit le texte d’Isaïe : « Comme ils
sont bienvenus, au sommet des montagnes, les pieds du messager qui
nous met à l’écoute de la paix, qui porte un message de bonté, qui nous
met à l’écoute du salut » (Is 52, 7)
Le sacrement de l’Ordre donc ne peut se comprendre et ne doit se
vivre également, que par les pieds, corps livré pour la multitude.
Communiant ainsi au Don du Christ, à son humilité et à son abaissement
pour laver l’humanité blessée et défigurée ; ceux qui ont été « ordonnés
par les pieds » adhéreront ainsi à l’envoi en Mission pour lequel ils ont été
ordonnés : « Vous ferez cela en mémoire de moi ! »
Amen !
Laisser un commentaire