Homélie du 13 septembre 2020 par le P. Benoît

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 13 septembre 2020

Toute la Parole de Dieu pourrait se résumer en quelques mots : « Aime à la mesure de laquelle tu es aimé, et saches que tu es aimé à l’infini ! » Et cette Parole nous rejoint encore ce matin, au début de cette année nouvelle, comme un programme à vivre désormais chaque jour au milieu de toutes nos relations et en Eglise. Avec, ce matin, cet accent particulier, si radical et si essentiel : « Pardonne ! » Pardonne, pardonne, pardonne, « jusqu’à 70 fois 7 fois. » C’est à dire, « pardonne à l’infini, pardonne sans jamais te lasser, pardonne sans jamais compter le pardon que tu donnes. » Un programme de vie et de relations que nous n’en finirons certainement jamais de réaliser. Mais l’ouverture du chemin est là ! Et quel bonheur d’avoir cette boussole pour vivre ensemble en communauté chrétienne ! Car cette boussole nous indique de quoi vivre heureux aujourd’hui et demain, dans le présent et l’avenir. Avec une telle boussole, le pardon à recevoir et à offrir, à offrir et à recevoir, nous n’avons rien à craindre. Nous n’avons qu’à déposer nos armes ou nos carapaces pour nous ouvrir à l’amour de Dieu et de nos frères, pour nous laisser aimer et aimer en retour. Les paroles de Ben Sira le Sage nous mettent dans cette voie : « ne garde pas de rancune envers le prochain, pense à l’Alliance du Très-Haut et sois indulgent pour qui ne sait pas. »

Sans doute y a-t-il là l’identité profonde, l’ADN d’une vie en Eglise. A ceci, à ce signe et cette réalité du pardon vécu, à cet amour des uns pour les autres, à cet amour de toute femme et de tout homme et d’abord des plus blessés, on reconnaîtra en nous des disciples d’un Amour plus grand que nous, des chercheurs de la divine humanité, des artisans d’un monde nouveau répondant au désir partagé d’une paix universelle. On reconnaîtra des chrétiens, des hommes et des femmes qui se savent ni meilleurs ni moins bons que les autres, mais qui reconnaissent qu’ils se reçoivent du Tout Autre et que notre existence naît du pardon de Dieu.

Peut-être, en cette première homélie parmi vous, attendez-vous un mot personnel de ma part, alors le voici. Je suis heureux que la première eucharistie que nous vivons ensemble soit marquée de cet appel radical à aimer jusqu’au pardon et à nous recevoir de l’amour de Dieu. Quitte à tracer ensemble une route, autant qu’elle nous permette d’aller loin, au cœur du cœur de notre ministère de baptisés. Quitte à nous lier les uns aux autres, autant que ce soit par le ciment le plus solide et le plus beau qui soit. Voici déjà quelques jours que j’arpente les rencontres, personnelles ou à plusieurs, avec les uns et les autres… j’ai tant et tant encore à découvrir et à apprendre, j’ai tant à écouter, à rencontrer et à comprendre ! Mais je perçois déjà ce dont j’avais le pressentiment avant de venir ici : une communauté vivante, la richesse de la diversité des personnes, des histoires et des sensibilités, des engagements forts et fidèles, le désir partagé de vivre une vie chrétienne ouverte, joyeuse, priante, appelante, attentive à ceux qui sont loin.

Notre évêque dit parfois que notre diocèse est le plus beau du monde. Et vendredi après-midi, j’ai reçu un sympathique SMS du maire de Barbezieux me souhaitant la bienvenue dans, je le cite, « la plus belle paroisse de la Charente » ! Ce qui fait donc de notre paroisse, en toute logique, la plus belle du monde. Il ne s’agit évidemment pas de se lancer dans un concours ou dans une compétition, mais je le crois, notre paroisse est et peut être d’une beauté éblouissante… en nous conformant, chacun personnellement et tous communautairement, non pas au serviteur mesquin de l’évangile, mais au roi de la parabole, qui remet toute la dette à celui qui lui doit, lui rendant ainsi la vie et la liberté. Car avec le pardon donné et reçu, la liberté est libérée. Nous ne pouvons pas être avec Dieu dans une logique comptable : nous serions totalement perdant, tel ce serviteur endetté de dix mille talents, c’est-à-dire de bien plus que le salaire d’une vie et de tous les biens qu’il aurait pu accumuler. Mais nous sommes avec Dieu dans une logique d’action de grâce, cette logique à mettre en place, sans cesse, entre nous et avec tous ceux que nous croisons. J’aime cette phrase de Pierre Claverie, l’évêque d’Oran assassiné quelques mois après les moines de Thibirine : « l’autre est porteur d’une vérité qui me manque. » Si nous sommes en inévitable dette vis-à-vis de Dieu, nous voilà aussi en dette vis-à-vis de nos voisins, de nos frères et sœurs dans le Christ, de nos collègues de travail, de nos enfants ou de nos parents ! Et il ne servirait à rien de faire comme le serviteur de la parabole, de mettre en prison jusqu’au remboursement total tous ceux avec qui nous sommes en dette, sauf à initier un chaos ou une guerre. Au contraire, le pardon et l’action de grâce pour la vérité que l’autre m’apporte viennent combler toute dette et ouvrent l’avenir en rendant la liberté à chacun. De là, peuvent naître la créativité, l’imagination, la présence fraternelle, les relations de réciprocité, l’attention à l’autre et le souci de l’autre, en deux mots, la communion de tous dans la richesse des différences et la dynamique de vie chrétienne dans l’amitié profonde avec ce monde que Dieu aime infiniment.

Oui, là est notre programme, d’année et peut-être plus. La Parole de Dieu vient nous l’inspirer et nous encourager à vivre dans la confiance en l’amour du Père : « Béni le Seigneur, chantait le psaume, car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie, il te couronne d’amour et de tendresse. » Avec cette eucharistie et cette action de grâce, entrons ensemble dans la dynamique de pardon, d’amour et de tendresse, pour devenir ensemble comme la signature du Christ au milieu du monde.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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