Homélie du 13 mai 2021, fête de l’Ascension, par le P. Benoît Lecomte

Montmoreau - Blanzac - Villebois-Lavalette

Publié le 13 mai 2021

Notre regard est tourné vers le ciel. Jésus y est élevé, et « s’assoit à la droite de Dieu. » Les apôtres ne peuvent que le regarder partir, et nous suivons un peu leur regard. « Notre Père qui es aux cieux », prierons nous tout à l’heure, en regardant, encore, un peu, le ciel.

Et notre regard est tourné vers la terre. D’abord parce que l’Ascension de Jésus est accompagnée de cette invitation à ne pas rester le nez en l’air : « Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? » Et aussi parce qu’en respectant la tradition de notre village de Charmant, nous irons après la messe bénir les terres, les récoltes, les élevages, les vignes et tout ce qui fait ce monde agricole, si nécessaire et tant secoué par les multiples crises de notre temps.

Et entre le ciel et la terre, il y a ce bout de pain, auquel vous allez communier pour la première fois ce matin, Achille, Anémone, Charles, Emilie, Gauthier, Isaure, Laurane, Lison, Louise, Lucie, Mathias et Nathan. Ce petit bout de pain vient de la terre, il est fait tout simplement de blé transformé en farine et d’eau. « Fruit de la terre et du travail des hommes ». Mais par la prière de l’Église et le Souffle de l’Esprit, nous y reconnaîtrons la plus mystérieuse des présences divines. Il deviendra « le Pain de la Vie. » En lui, en ce bout de pain devenu Corps du Christ, terre et ciel se rencontrent et ne font plus qu’Un.

Voilà dessinée notre ligne d’horizon, qui n’est plus un va-et-vient entre le ciel et la terre, mais la communion intime du ciel et de la terre, du Ciel descendu sur la terre et de la terre accueillie dans les cieux. « Que veux dire : Il est monté ? – cela veut dire qu’il était d’abord descendu dans les régions inférieures de la terre. Et celui qui était descendu est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l’univers. » Et dans son Ascension, Jésus prend tout de la terre et de notre humanité. En Jésus, comme le Ciel a pris sa place sur la terre, la terre trouve sa place dans le Ciel. L’eucharistie en est la manifestation la plus incroyable et la plus mystérieuse. Elle est la nourriture du ciel pour notre humanité terrestre. En elle – et désormais en nous – la terre et le ciel se rencontrent et sont unis pour toujours.

Notre ligne d’horizon est donc notre humanité à vocation divine. Jésus s’efface pour que nous prenions sa face, son visage. Son corps disparaît pour que nous devenions son Corps habité de son Esprit. A vous qui allez communier tout à l’heure, pour la première fois ou pour la 1000ème fois : devenez ce que vous allez manger : « devenez le Corps du Christ. » Et ce Corps est un Corps vivant. On l’appelle aussi l’Église. Composée de différents membres, comme nos corps physiques. Chacun des membres ont des dons, Saint Paul en énumère quelques-uns : « les apôtres, les prophètes, les évangélisateurs, les pasteurs et ceux qui enseignent. » On pourrait allonger la liste. « A chacun d’entre nous, la grâce a été donnée selon la meure du don fait par le Christ. » Le but de l’Église, le but du Corps que nous formons, n’est autre que le but qu’avait Jésus lors de son passage sur la terre : manifester la puissance de Dieu, sa miséricorde, la puissance de sa vie et son amour infini. D’« aller dans le monde entier proclamer l’Evangile à toute la création. » D’annoncer que la terre – et l’humanité – n’est pas oubliée et laissée dans un non sens abandonnée au gré des événements, comme on pourrait parfois le croire en regardant la marche du monde et nos histoires personnelles, mais qu’elle est aimée du ciel – du Dieu d’Amour et de Vie qui est avec elle tous les jours jusqu’à la fin des temps. Et que rien, jamais, ne pourra la séparer de cet amour.

Pour être honnête, il n’est pas simple d’être le Corps du Christ. L’Église n’a pas réussi sitôt que Jésus est monté aux cieux. C’est un chemin à reprendre chaque jour, patiemment, dans les petits pas de l’amour partagé, dans les engagements concrets de solidarité, de justice, d’accueil inconditionnel et d’unité, dans la communion vécue entre nous. Le chemin de notre vocation, dit encore Saint Paul : « ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour, ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. » On pourrait ajouter, avec les rogations de ce jour, de prendre soin non seulement les uns des autres, mais aussi de notre maison commune et de toute la création, de la terre et de l’eau, des plantes et des animaux, comme de fidèles jardiniers. Un chemin qu’il nous faut nourrir le plus souvent possible par le pain de l’eucharistie, par la communion à ce bout de pain devenu pain de Vie… jusqu’à ce que « nous parvenions ensemble à l’unité dans la foi et la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude. » Jusqu’à ce que nous soyons ce que nous avons reçu. Car là, précisément là est notre vocation d’Eglise, de communauté, d’humanité.

En cette fête de l’Ascension, nous pouvons prier. Pour notre monde, pour nos familles, pour notre Eglise, pour les trajectoires de nos vies, pour toutes nos relations et pour toute la création. Christ est monté aux cieux et nous confie la responsabilité d’être signe de sa présence et de son œuvre partout où nous irons. Demandons lui d’être réceptifs et accueillant à son Esprit de douceur et de feu. Demandons-lui la grâce de ne pas rester le nez en l’air à en oublier nos frères, ni à marcher sans horizon en regardant nos pieds, mais à devenir toujours davantage libres et joyeux, confiants et aimants, nourris de sa Parole et de son Pain. Demandons-lui de savoir répondre chaque jour – et ensemble – à notre vocation : devenir son Corps pour aujourd’hui, signe d’amour pour notre temps.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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