Peut-être avez-vous regardé le ciel la nuit dernière, il était dégagé et magnifiquement étoilé. Apaisant. Désarmant. En le contemplant, on pouvait sentir ou ressentir l’immensité de l’univers. On touchait à l’infini, et à un infini qui ne cesse de s’étendre encore, nous laissant tout petit, comme un peu perdus. C’est ce monde, cet univers dont Dieu est Créateur ! Et la Sagesse de Dieu, le Verbe de Dieu, le Fils de Dieu est lui-même avant la création du monde et de tout l’univers, dès le commencement, nous dit le livre des Proverbes. Et c’est ce que nous croyons aussi : Dieu est infini, plus grand que tout, de toujours à toujours. « Quand les abîmes n’existaient pas encore, je fus enfanté, quand n’étaient pas les sources jaillissantes… Avant que les montagnes ne soient fixées, avant que le Seigneur n’ait fait la terre et l’espace. » Telles sont la puissance et la grandeur de Dieu.
Et pourtant, le psaume dit : « A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est-ce que l’Homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme que tu en prennes souci ? Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur ; tu l’établis sur les œuvres de tes mains, tu mets toutes choses à ses pieds. »
Huit jours après la fête de Pentecôte, l’Eglise nous invite à fêter et célébrer le Dieu Trinité, Dieu Père, Fils et Saint-Esprit. Et nous pourrions imaginer que pour cela, la liturgie nous offre des textes compliqués pour expliquer une notion apparue tardivement dans l’histoire de l’Eglise et qui nous parait toujours un peu obscure. Si on passe un micro baladeur dans notre assemblée pour demander d’expliquer ce qu’on entend par Trinité, les uns et les autres serons sûrement un peu embêtés.
Il n’en est rien. Avez-vous entendu ce qui est mis à l’honneur dans les textes de ce jour ? L’Homme. L’Homme dans toute sa splendeur. L’Homme dans sa grandeur. L’Homme dans le regard de Dieu. L’Homme dans la beauté de sa création. Parler de Dieu Trinité, c’est donc parler aussi de l’Homme dans le projet que Dieu a pour lui. Et quel est ce projet ? Saint Paul en parle : « Frères – et sœurs ! – nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, lui qui nous a donné, par la foi, l’accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis. » Ce que Saint Paul nous dit, c’est que Dieu nous donne de vivre en lui. Nous sommes établis en lui, dans son amour, dans sa présence, dans sa communion. La vie trinitaire de Dieu, c’est l’amour que Dieu offre à l’Homme, à tout homme, à toute l’humanité, à chacun de nous, à ceux que nous aimons et à ceux que nous n’aimons pas assez. C’est la relation d’Amour que Dieu tisse avec nous pour que nous vivions dans l’Amour. Rien, vraiment rien d’abstrait ! Rien que du très concret.
La fête d’aujourd’hui est la fête de la vie de Dieu en l’Homme et la fête de la vie de l’Homme en Dieu. Une vie en communion comme une danse, comme un jeu enfantin et joyeux, comme une légèreté d’amour entre Dieu et l’Homme, entre l’Homme et Dieu.
Nous désespérons parfois de l’homme. Et il y a de quoi ! Guerres, mauvaises gestions de la planète, injustices, violences, irrespect de la dignité de chacun… Mais la fête de la Trinité ouvre notre regard autrement. L’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu qui vient habiter nos vies nous fait souvenir de la Parole de Dieu et nous conduit, jour après jour, rencontre après rencontre, vers la réalisation de ce magnifique projet de communion, plus magnifique encore que le ciel étoilé de la nuit dernière.
Annoncer un Dieu Trinité, c’est annoncer un Dieu qui aime l’Homme au point de se faire l’un de nous, pour que nous nous puissions le rencontrer, le suivre et l’aimer. C’est la révolution de notre foi en Jésus-Christ, qui vient autant révolutionner notre conception de Dieu que notre vision de l’Homme. Et nous sommes là, aux confins de l’infiniment grand et de l’infiniment petit, aux confins du monde visible et du monde invisible, dans la contemplation de ceux qui voient au-delà de tout ce qu’on peut voir et sentir, dans la légèreté de ceux qui se savent infiniment aimés et qui savent aimer infiniment.
Notre foi, la foi que vous professez avec toute l’Eglise aujourd’hui, vous qui faites votre profession de foi, la foi en laquelle Anna va être plongée tout à l’heure, est la foi en ce Dieu là. En Dieu Amour parce que Relation. Mouvement en lui-même entre le Père, le Fils et l’Esprit, et mouvement envers nous et avec nous, pour que nous soyons nous aussi en relation d’amour les uns avec les autres. Dans une communion humaine. Notre baptême et notre profession de foi en la Trinité nous engagent donc, jusqu’à transformer, convertir, affiner, purifier toutes nos relations.
Accueillons cette fête de la foi, cette nouveauté du baptême, cette solennité de la Trinité pour ce qu’elle est dans toute son épaisseur et sa profondeur, dans toute sa beauté, dans tout son mystère. Accueillons-la pour qu’elle transforme nos vies et les mène à leur accomplissement. En Dieu d’amour.
Amen.
P. Benoît Lecomte
Une réponse sur « Homélie du 12 juin 2022, par le P. Benoît Lecomte »
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