Homélie de Pentecôte 2024, par le P. Benoît Lecomte

Montmoreau - Blanzac - Villebois-Lavalette

Publié le 19 mai 2024

Messe en doyenné à Maumont, célébration de confirmations

Regardez autour de vous ! Regardez notre assemblée : de tous les coins du doyenné, de tous les âges, de toutes les histoires, de toutes les vocations, voici l’Eglise. En plein air, en plein vent. Une Eglise non pas installée bien au chaud derrière des murs à l’abris du monde, mais une Eglise qui sort, qui dort sous la tente, abris de fortune, dynamique du provisoire.

Il y a 2000 ans, après la résurrection de Jésus, les Apôtres n’en étaient pas là. Même après son Ascension. On les retrouve réunis dans la pièce haute, enfermés. C’est la peur qui a gagné leur cœur. Comme elle peut gagner le notre aussi parfois, devant l’adversité, les contradictions, ou même notre péché. On peut être paralysé par la peur. Les apôtres le sont. Et nous avons tous des raisons d’avoir peur (des autres, de l’avenir, du monde, des folies des hommes, et même des religions !). Aujourd’hui, notre monde pleure et meurt de vivre dans la peur, et dans la peur de l’autre.

Mais c’est sans compter sur l’Esprit de Dieu. Parfois, il vient comme le léger murmure d’une brise légère. Dans le récit de la Pentecôte, il vient comme un violent coup de vent et dans des langues comme de feu. L’Esprit Saint fait sauter tous les verrous. Il fait tomber les murs et les frontières. Comme après Babel, il décloisonne ce que nous avons patiemment cloisonné. Il vient parler au cœur de chacun « dans sa langue maternelle », pour nous assurer de la présence de Dieu avec nous, comme il l’avait promis. Et il vient nous unir dans une même communion, les uns avec les autres. Non pas en nous tenant dans une même peur, mais en nous envoyant, les uns et les autres, dans une même joie, partout autour du monde, et dans tous les sentiers de notre doyenné, dans chaque hameau, dans chaque maison, auprès de chaque enfant, chaque femme, chaque homme. Il fait de nous une Eglise catholique et apostolique.

Apostolique, parce que c’est le même Esprit qui est venu sur les apôtres il y a 2000 ans et qui vient encore ce matin en Sud Charente et partout dans le monde. C’est le même Esprit Saint qui nous envoie au nom de Dieu annoncer la Bonne Nouvelle, qui « rend témoignage » en faveur de Jésus et qui nous envoie « porter témoignage. » Et il nous envoie ensemble, dans la diversité et la complémentarité des membres de notre Eglise, de nos paroisses, de nos engagements, de nos états de vie. Jamais les uns sans les autres. L’Esprit Saint ne nous met pas en concurrence. Il se peut que « la chair », pour reprendre les mots de Saint Paul, nous mette en concurrence. Et voilà que naissent « rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarismes… » Mais si nous nous laissons conduire par l’Esprit, notre vie ecclésiale devient toute autre et a déjà goût du Royaume : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance… ». Ce dont nous faisons l’expérience tout au long de ce week-end ! Notre Eglise est apostolique lorsqu’elle vit sous la conduite de l’Esprit qu’on reçut les apôtres, et demeure dans son Souffle, dans son élan, dans son feu.

Et elle est envoyé à tous et pour tous : elle est catholique. Il ne s’agit bien sûr pas de distinguer une confession chrétienne parmi les autres, mais de croire que le témoignage, la Parole de Vérité, peut concerner tout Homme et tout l’Homme. Alors nous pleurons, parfois, de ne pas être assez nombreux, de ne pas trouver « les ouvriers pour la moissons », etc. Je veux reprendre ici les mots du Cardinal Aveline dans son livre « Dieu a tant aimé le monde » : « La catholicité ne se mesure pas à l’importance du nombre mais à la saveur du sel, au rayonnement de la lampe, à la fécondité du levain : elle est avant tout d’ordre théologale. Elle est un don de Dieu, afin que l’Eglise puisse agir comme ferment, et ce don est pour elle un appel, dût-elle en payer le prix fort, à devenir artisan d’unité et de paix, de justice et de miséricorde, de consolation et de douceur. » L’Eglise, l’Eglise que nous formons ensemble est catholique, parce que par le don de l’Esprit Saint, comme en ces langues de feu, nous sommes capables de nous adresser à chacun dans ce qu’il a d’unique et que le Seigneur rejoint. Combien pouvons-nous nous laisser conduire par l’Esprit, pour vivre avec tous ceux que nous rencontrons ce dont notre monde a tant besoin : l’écoute, la patience, le partage, l’échange, le respect de la dignité et la joie du salut réalisé par Jésus-Christ !

La Pentecôte est expérience de l’Esprit, elle est expérience de feu. Nous l’avons veillé, le feu, toute cette nuit, malgré l’humidité, le froid, l’obscurité. Il est resté vivant : il nous a éclairé, réchauffé, rassuré. Autrement dit, il nous a transmis sa lumière et sa chaleur. Il a veillé sur nous et a pris soin de nous, comme nous avons veillé sur lui. Ce feu nous dit quelque chose de l’Esprit. Sa force et sa douceur, sa capacité à nous rapprocher les uns des autres en nous rapprochant de lui, le don de se transmettre à qui souhaite l’accueillir.

Fabien, Lucy, Alexis, Mélissa, Prescilia, Cécile et Isabelle, c’est bien le feu de l’Esprit Saint que vous désirez, et qui va vous être transmis dans un instant. Il n’est pas un don à garder jalousement pour vous. Il n’est pas l’ultime étape de l’initiation chrétienne qui vous fera dire que « vous avez tout fait. » Il est le Souffle de Dieu qui vient de plus loin que nous tous, que les apôtres et leurs successeurs les évêques, nous ont transmis, qui vient habiter notre cœur et qui nous ressuscite en nous faisant quitter nos peurs et nos fausses sécurités, puis nous met en marche pour rejoindre tous les hommes de tous les temps, dans toutes les conditions, pour rendre témoignage de Jésus ressuscité et proclamer les merveilles de Dieu. Il est à la fois notre Défenseur et celui qui nous conduit, à travers les incertitudes et les inquiétudes de notre temps, « dans la vérité tout entière. » Il est celui qui réalise l’unité et la communion de tout le genre humain dans la diversité des différences. Cette unité qui veut se donner à voir dans le témoignage de l’Eglise, témoignage d’amour fraternel, de joie et de confiance. Participez, autant que vous le pourrez, à ce témoignage, par votre vie en Eglise, par les dons que le Seigneur vous fait, par votre participation à cette magnifique mission qui nous dépasse tous, comme elle a dépassé les apôtres il y a 2000 ans.

Voici l’Eglise. En plein vent, en plein Souffle divin, au feu de l’Esprit Saint. En cette fête de Pentecôte, accueillons l’Esprit de Dieu et laissons-nous conduire par lui, dans la joie et l’action de grâce, pour que l’amour de Dieu soit connu dans l’immensité du monde.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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