Edmond Houssais, 63 ans à l’orgue de la paroisse de Barbezieux

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 6 novembre 2020

Il s’est mis au service de l’orgue pendant des décennies…
Edmond Houssais est une véritable figure locale à Barbezieux. Cet homme, décédé cette semaine, était aveugle depuis l’âge de 2 ans et le titulaire de l’orgue de l’église de Barbezieux. Il a formé des élèves au piano et aussi à l’orgue sur place au sein des écoles et du conservatoire. Pour rendre hommage à Edmond Houssais, l’un de ses anciens élèves, Pierre-Olivier Bergeron, était l’invité d’Erica Walter sur RCF Charente le 6 novembre 2020 (à partir de la minute 32).

L’homélie du Père Benoît Lecomte pour les obsèques d’Edmond Houssais le 7 novembre 2020 à Barbezieux :

Edmond, ce matin c’est une foule nombreuse qui devrait et qui voudrait vous accueillir en cette église que vous avez tant aimé et tant servi, votre deuxième maison. Les voûtes vibrent encore du chant de l’orgue que vous avez fait vivre pendant plus de 60 ans et jusqu’à il y a 15 jours à peine. Combien de célébrations d’obsèques, de mariages, d’eucharisties avez vous accompagnées tout au long de ces années, avec autant d’exigence que de fidélité, de passion que de discrétion ? Nous sommes réunis aujourd’hui pour vous dire à-Dieu, mais surtout : Merci ! Votre silhouette, votre pas dans les rues de la ville, votre nom sont connus de tous ici. C’est une communauté chrétienne et une communauté humaine qui perd l’un des siens et qui veut vous accompagner encore, bien au-delà du petit nombre que nous sommes. Combien seraient mieux placés que moi ce matin pour dire ce que quelques mots ne peuvent exprimer, tant les souvenirs des années vécues ensemble montent à nos mémoires et à nos cœurs. Les expressions employées par certains sont fortes, à la hauteur de votre engagement et de votre vie de service : « Edmond était le 11ème pilier de l’église Saint Matthias, il a fait corps avec la paroisse, il a fait corps avec son instrument. » Et c’est bien ce que nous ressentons depuis quelque jour : un membre de notre Corps n’est plus.

Vous avez rejoint celle qui était votre première passion, votre épouse, Marie-Geneviève. Elle avait pris une petite avance sur vous, peut-être pour « vous préparer une place », dirait l’évangile, comme elle a pris soin de vous et vous d’elle tout au long de votre vie commune. Vous allez maintenant pouvoir la voir, dans la Lumière de la résurrection, accueilli par Celui « qui ouvre les yeux des aveugles. »

Perdre la vue, voilà une des premières grandes épreuves que vous avez connu très jeunes, et d’autres viendront au cours de votre vie, affrontées main dans la main avec Marie-Geneviève et dans l’amour de vos enfants. « Comme l’or au creuset, Dieu les a éprouvés » disait le livre de la Sagesse. Mais le verset biblique continue : « comme une offrande parfaite, il les accueille. » C’est cet accueil que nous célébrons aujourd’hui. L’accueil d’Edmond dans la vie infinie, là où la mélodie de l’Amour ne s’arrête jamais, où l’orgue résonne de mille chants.

Au caractère trempé, ne se plaignant jamais, ne comptant pas son temps, Edmond était « une leçon de vie », disiez-vous lors de notre rencontre. Une leçon de vie déployée dans la musique et le service, dans le service par la musique. Le service de ses élèves, pour les faire grandir et progresser, le service de la prière et de la liturgie dans cette église, le service de la beauté, par toutes les œuvres qu’Edmond a pu jouer. C’est ce service, indéfectible et jusqu’au bout, qui donne sens à la vie d’Edmond et qui fait de cette vie « une leçon. » Un service enraciné dans une foi discrète et fidèle au Christ ressuscité, à Jésus célébré chaque dimanche en sa Parole et son eucharistie.

C’est ce Jésus qui prend la parole ce matin, alors que l’orgue pleure son maître : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé… Moi, dit-il, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » Cette parole doit venir apaiser notre cœur et notre tristesse. Edmond avait mis sa foi en Jésus et Jésus, ce serviteur fidèle, a traversé la mort pour nous mener avec lui dans la vie de résurrection. Par la foi, avec les oreilles et les yeux du cœur, Edmond écoutait et regarder Jésus. Ecouter et regarder Jésus, c’est comprendre que la Vie est plus que ce que nous voyons d’elle et que la mort n’est pas sa fin. Ecouter et regarder Jésus, c’est découvrir nos existences plus belles et plus profondes que ce que nous imaginons, et déjà habitées par l’Esprit de l’Amour infini de Dieu. Ecouter et regarder Jésus, c’est vivre déjà dans notre présent de la Présence éternelle de Dieu, c’est accueillir dans notre aujourd’hui la vie d’éternité, c’est faire de nos vies dès maintenant autant de notes de musiques avec lesquelles Dieu peut jouer une symphonie d’amour et de beauté.

Tout ce que nous avons vécu de beau, de simple, d’harmonieux, d’amour et d’amitié avec Edmond portait déjà les traces de cette vie éternelle promise à chacun dans la demeure du Père. Rien de ce que nous avons vécu ainsi avec lui n’est réellement mort, car rien de cela ne peut mourir. Au contraire, tous ces moments n’étaient-ils pas autant d’occasions pour nous apprendre à vivre les uns et les autres dans une communion qui nous dépasse et nous embrasse tous, ceux qui sont ici et ceux qui nous ont précédés ? Edmond, ayant pris le Chemin du Christ et vécu le grand passage, connaît maintenant cette vie éternelle et cette communion en plénitude. « Aux yeux de l’insensé, ils ont paru mourir ; leur départ est compris comme un malheur, et leur éloignement, comme une fin : mais ils sont dans la paix », rappelle le livre de la Sagesse. Edmond est dans la paix et de là où il est, nous pouvons croire qu’il continue de nous accompagner. Non plus de sa musique offerte à ceux qui l’entendaient, réunis autour de lui, mais de sa présence toute lumineuse et tendre de la tendresse du Christ, offerte à l’infini, qui que nous soyons et où que nous soyons. Leçon d’une vie qui trouve sont accomplissement en Dieu, non pour être arrachée à notre temps mais pour nous être davantage présent, autrement, dans l’infinie bonté de l’amour.

Et nul doute qu’Edmond, de là où il est maintenant, saura faire chanter nos vies comme il a fait chanter les tuyaux de l’orgue de notre église, et qu’il saura nous ouvrir les oreilles et les yeux à la beauté du monde, des hommes, et de Dieu.

Amen.

P. Benoît Lecomte

Photo : Edmond Houssais, dans Sud Ouest du 30/03/2011 : ” Un demi-siècle de fidélité avec l’orgue de l’église. “ Crédit photo : Delphine Lamy

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