Samedi 11 février, l’église de Lagarde sur le Né était comble pour la bénédiction de la cloche nouvellement restaurée. L’événement, organisé par la municipalité, le comité des fêtes et la paroisse, a été l’occasion d’une belle rencontre, d’une prière fervente et d’un moment très convivial.

La chronique diocésaine du 9 février sur RCF Charente était consacrée à l’événement.

Retrouvez l’album photo de la cérémonie ici

Cérémonie de bénédiction de la cloche de l’Eglise St Pierre Aux Liens

de Lagarde sur le Né le samedi 11 février 2023

En préambule, quelques définitions :

• Généralement les cloches sont en airain,  78%de cuivre et 22% d’étain.
• Le fondeur de cloches s’appelle le saintier.
• L’étude des cloches s’appelle la campanologie.
• Les écritures mentionnées sur une cloche s’appelle l’épigraphie . Elles se situent sur la faussure.

Les cloches à travers le temps :

            Les cloches sont apparues dès le moment où, grâce à l’usage du feu,l’homme a pu maîtriser la technique de l’argile pour fabriquer des vases « sonores ».

Les plus anciennes cloches, en métal, datent de l’âge de bronze.

            C’est à partir du Vème siècle que la cloche apparaît pour rythmer la vie quotidienne dans les

monastères.

            Elles étaient fabriquer essentiellement dans le Bassigny, région de Langres , mais des fondeurs ambulants sillonnaient la France et l’Europe, transportant de ville en village le matériel.Ils partaient au printemps et faisait le moulage sur place.Ils signaient les cloches de leur nom suivi de leur marque et pays d’origine.

            Une cloche se présente ainsi :

            –     La corde qui, pour celle-ci, fut tressée par des Lagardais,

• Le joug  c’est la pièce en bois dans laquelle sont engagées les anses.
  •  la corde symbolise la juste compréhension des Ecritures qui découle du mystère de la Croix alors que le joug évoque la Croix du Christ.

• les anses : (6 pour celle-ci) permettent d’accrocher la cloche.
  • L’épaule : partie supérieure sur laquelle se situent les anses.
  • la robe : surface extérieure de la cloche
  • la faussure : endroit où la cloche commence à s’incliner,endroit d’inscription.
  • Le battant : situé à l’intérieur, il permet de créer la sonnerie.

            Les cloches se généralisèrent dans les églises à partir de Charlemagne (VIII/ IX ème siècle), mais il faudra attendre le XIII ème siècle pour que le progrès de la technique permette de fondre des cloches de grande taille.

            La cloche est un instrument de communication de masse. Au Moyen Âge, le temps, la vie sociale et religieuse sont ponctués par le tintement des cloches qui marquent les heures des offices :

            Leur sonnerie marque le temps de la prière, rassemble le peuple pour les célébrations liturgiques, avertit les fidèles des joies et des peines de chacun, à l’occasion des baptêmes, des mariages ,des enterrements mais aussi des événements graves qui affectent la vie du Monde, comme un appel à la mobilisation générale, le décès d’un Pape, l’incendie de Notre Dame…

            Les cloches font également entendre tour à tour la voix de Dieu et celle du Peuple de Dieu .

            Voix de Dieu, elles convoquent les fidèles à l’assemblée et elles invitent les absents à s’unir dans la prière de leurs frères rassemblés dans le Seigneur,

            Voix du peuple de Dieu, elles font monter vers le Seigneur l’acclamation des fidèles et,dans leur harmonie, elles célèbrent la louange à laquelle nous invitent les psaumes 

                                                                                                                                                                                 «  louez-le par l’éclat du cor, louez-le par les cymbales triomphantes ».

            Durant « La Terreur », le décret du 23 juillet 1793, ordonne à chaque commune de ne conserver qu’une seule cloche. C’est donc 150 000 cloches qui vont être descendues de nos clochers, pour être fondues en pièces de monnaies et ensuite en canons.

                                                                                                                                                                                   On rétabli les sonneries cultuelles en 1802.

            Au XX ème siècle, la place de la cloche dans le paysage sonore décline mais paradoxalement, la fin du siècle est marquée par un regain d’intérêt pour Elles : visite de fonderie, création de musées d’art campanaire, d’association de protection et de surveillance du patrimoine campanaire.                                                                                                                                                     l’Etat, les collectivités locales, le clergé sont de plus en plus sensibles à la cause des cloches………….nous les en remercions par le témoignage de ce jour.

La cloche de l’Eglise St Pierre Aux Liens de Lagarde sur le Né

            Le vendredi 9juillet 2021, nous étions ici réunis, pour fêter l’Eglise St Pierre aux Liens, son histoire, son architecture, sa place dans la cité :                                                                             nous rappellerons donc que l’Eglise St Pierre, qui faisait partie d’un prieuré, fut incendiée en 1562, durant les guerres de religion puis restaurée et pourvue d’un nouveau Cœur à la fin du      XVII ème siècle puis à nouveau restaurée en 1896/1897 sous la Direction des architectes Barbaud et Bauchain.(d’autres rénovations suivront).

Mais c’est en 1612 que la cloche fut fondue et installée

• 1612, c’est Louis XIII qui règne en France,
• 1612 , Archiac, Barret, Lagarde appartiennent à la Seigneurie des Bourdeilles,
• 1612 , Jonzac, Ozillac, Mosnac appartiennent à la Seigneurie des Sainte Maure,
• 1612 , il y a une quinzaine d’année que les guerres de religion sont terminées.

            Il semblerait que cette cloche ait été « donnée » par Isabeau de Bourdeilles dite « Madame d’Ambleville » mariée à François de Jussac, Seigneur d’Ambleville.

            Isabeau de Bourdeilles est la mère de Louise de Jussac ; Louise est l’épouse de Guy de Sainte Maure donc gendre d’Isabeau.

            Nous retrouvons le nom de Guy de Sainte Maure inscrit sur le faussoire de la cloche ?                        Nous vous livrons cette inscription en Français :

Béni soit le nom du Seigneur

Je suis pour St Pierre de Lagarde,

Parrain, Haut et Puissant Seigneur,

Guy de Sainte Maure ,Chevallier, Seigneur de Bors/Barret/Lagarde et autres places,

Marraine, Damoyselle F De Sainte Maure,

René Poupelard, curé et Bouchier fabriqueur/ B.Sazérac

            Un écu et une croix accompagnent cette inscription.

            Elle daterait de 1612.

            Les inscriptions furent décryptées par Mr Auguste Denis ORIGENE, retrouvées dans un document, datant de 1929, de la Société Historique de la Charente; Mr Origène résidait à St Fort sur le Né.

            Donc pour résumer, nous avons :

• le nom du parrain : Guy de Sainte Maure,
  • le nom de la marraine dont nous nous n’avons  pu identifier le prénom : Damoyselle F de  Sainte Maure,
  • le nom du curé : René Poupelard
  • le nom du fabriqueur (la fabrique),Mr Bouchier, qui pourrait être selon Mr Jean LouisTilhard, Docteur en Sciences Humaines, le responsable des biens de la paroisse ,
  • le nom du fondeur de la cloche : Mr Sazérac.

            Mais, nous n’avons pas réussi à trouver le prénom de la cloche.

            En 2006 , Mr Thierry Gonon, Docteur en archéologie, (Université Lumière Lyon 2), publie le résultat de ses recherches sur  « le Nom des cloches » il précise que les petites cloches ne portent pas systématiquement de noms ou de prénoms :

            Il nous dit ceci : « de nombreuses cloches ne portent pas de noms ;ces noms sont souvent liés à des événements particuliers de la fabrication de la cloche : son donateur, par exemple ou la qualité sonore.

            Par ailleurs, de nombreuses cloches portent dans leur inscription, le nom du parrain,de la marraine, voire les deux ; ces inscriptions indiquent clairement qu’une cérémonie de baptême a eu lieu au cours de laquelle un nom fut donné sans qu’il soit inscrit sur la cloche elle-même ». Nous voilà renseigné: c’est certainement le cas de cette cloche.

            Cette Grande Dame, devant Nous, a 411 ans, pèse 130 kg pour un diamètre de 605 mm ; elle est classée aux Monuments Historiques depuis le 30 octobre 1944 : elle mérite bien un lifting.

            Mr Neveu,forgeron de Lagarde,accompagné de Mr Serge Tapon et de Mr Jean Gaborit, avait déjà renforcé ses anses en 1998.

            En 2007, après 4 années de démarches administratives, sous la houlette de Mr Serge Tapon, accompagné d’une équipe de bénévoles et de Mr Brianceau, artisan-menuisier, le beffroi fut entièrement rénové ; les 7 colonnes existantes à l’origine furent également remises en état.

            En 2021, une expertise minutieuse est réalisée :

• 5 anses sur 6 sont usées, voire cassées.
• usure des points de frappe …. etc,etc……   Notre Grande Dame est bien malade.

            Partie se faire soigner en octobre 2022, Elle nous revient aujourd’hui et Nous sommes là pour la fêter. Dans quelques jours, avec ses secrets, elle rejoindra son beffroi.

            « Eglise, regarde avec bonté ton peuple qui s’est rassemblé pour la bénédiction de la cloche de St Pierre Aux Liens »

                                                                                              Nous vous remercions de votre attention

Nos  remerciements à :

                                   Mr Jean Louis Tilhard :          Docteur en sciences humaines.

                                    Mr Thierry Gonon :                Docteur en archéologie.

                                   Mr Jacques Baudet                Historien de la Charente

                                   Père Benoît Lecomte               Pour nous avoir accompagné

                                   Mr David Richard                  Archiviste diocésain

                                   L’équipe commission « Patrimoine » de la commune de Lagarde sur le Né.

Lien vers le site de la commune de Lagarde sur le Né