Dieu est surprenant !
Dieu t’invite à des noces, ce matin !
Toi, tu venais tranquillement à la messe, comme tous les dimanches ou comme de temps en temps, sûr(e ) de ce que tu allais trouver, et voilà que le Seigneur t’invite à des noces !
Plus fort encore : il t’invite à tes noces !! C’est toi qui es la reine de la fête ! C’est toi, l’épouse dont le récit évangélique ne parle pas. Tu es celle dont le Seigneur parlait déjà par la bouche d’Isaïe : « Toi, tu seras appelée ‘Ma Préférence’, cette terre se nommera ‘L’Epousée’. Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu. » Aucune hésitation n’est possible : tu venais tranquillement à la messe et toi voilà l’Epouse de Dieu au jour de noce.
Etonnant. Joie. Dieu t’a choisie. Il nous a choisi. Nous, Peuple de la terre, malgré – ou avec – notre poids de rejet et d’égoïsme, avec l’énergie que nous mettons à construire des barrières, à juger, à étiqueter. Il nous a choisi, nous, Eglise si fragile et si pècheresse, si loin de l’idéal évangélique, soumise aux caprices humains. Il nous a choisi et veut faire Alliance avec nous. Non parce que nous serions plus beau, plus purs, plus saints, plus pieux, mais par amour. Uniquement par amour. Et que cet amour nous sauve et nous relève.
Et Dieu n’est pas ennemi de la joie. A ceux qui prônent l’ascétisme et la rigueur, Dieu répond par le vin qui coule à flot. Et le bon vin, s’il vous plaît, celui que l’on trouve bon même lorsqu’on commence à être un peu gris ! Dieu ne veut pas que les noces tombent à l’eau. Il veut retrouver l’Homme plein de joie, comme les 6 jarres de l’évangile le laissent entendre. 6, comme le 6ème jour de la création, le jour de la création de l’Homme. L’Homme qui prenait l’eau se retrouve rempli du vin de l’allégresse et de la fête.
Ce signe de Cana est, nous dit-on, le premier signe de Jésus, le commencement des signes par lesquels il va petit à petit révéler qui il est et aller au bout de sa mission. Et nous, en ce début d’année, quel signe allons-nous donner à notre monde, à nos villages, à nos familles, à nos relations, qui soit signe de la joie, de l’Alliance, de l’amour donné follement et jusqu’au bout ? Notre monde, empêtré dans la pandémie et dans ses histoires politiciennes aux vues si courtes, n’a-t-il pas soif du vin de la joie, de la détente, de la fraternité, de la fête, de la reconnaissance, de l’encouragement, de la folie, de l’amour ? N’avons-nous pas là des signes à poser ? Que serait une noce où l’on n’arrêterait pas de se plaindre, de pleurnicher et d’avoir peur de son voisin ?
Les noces de Cana invitent l’Eglise à la fête. A la vie. A la vie qui ouvre aux relations, à la place de chacun, à la construction ensemble d’un même Corps donné par Dieu lui-même – car des noces, c’est aussi une histoire de corps à corps et de corps sublimés. Saint Paul en parle dans son discours sur les dons de chacun, tous animés du même Esprit. « Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien. » « A chacun. » Personne n’est exclu. Et cela doit être vrai dans nos paroisses, dans notre doyenné. Aucun d’entre nous ici présent dans cette église, aucun de celles et ceux qui ne sont pas là. Tout le monde a sa place, ses dons, ses charismes, sa façon d’être animé par l’unique Esprit et de contribuer à la beauté du Corps que nous formons. Comme une illustration, il en est ainsi dans la page d’Evangile que nous venons d’entendre. Chacun a son rôle : Marie, Jésus, les serveurs, le maître du repas, les disciples, le marié. Chacun à sa façon contribue à l’accomplissement du signe de la noce. Le pire serait de dire : « Je suis trop vieux, je suis trop fatigué, je suis trop malade, je suis trop jeune, je suis trop ignorant, je suis trop pris par d’autres choses, je suis loin de l’Eglise ou de la foi. » Non. « A chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien. » Il n’y a rien de plus triste qu’une noce où des gens se mettent volontairement à l’écart. Ne nous mettons pas à l’écart de la vie de notre Eglise, ne restons pas spectateurs de notre propre noce avec le Seigneur !
Les noces de Cana invitent à une Eglise qui rêve… comme le synode nous y invite aussi en ce moment. Partout à travers le monde, des chrétiens s’expriment pour faire sortir l’Eglise de ses léthargies trop pesantes et lui redonner sa joie des noces. Que nos communautés chrétiennes du Sud Charente prennent aussi la parole, s’expriment, rêvent, prient joyeusement ! Ne restons pas à l’écart. Ne soyons pas blasés quand Dieu nous veut vivant et nous donne sa vie !
Tu es venu à la messe ce matin, et te voilà au jour de tes noces. Et le vin va couler à flots, jusqu’en cette eucharistie ou ce vin devenu sang du Christ sera vin du Royaume éternel, don ultime du Seigneur à sa Préférée, sa Bien-Aimée, son Epouse. Goûte ce vin en son Corps et son Sang, soit rempli de sa Parole de Vie et de Joie, déploie ce Corps qui est aimé et attendu. Offre des signes de cet amour à ce monde qui a soif ! « Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantez au Seigneur, terre entière, chantez au Seigneur et bénissez son nom ! De jour en jour, proclamez son salut, racontez à tous les peuples sa gloire, à toutes les nations ses merveilles ! »
P. Benoît Lecomte
Une réponse sur « Homélie du 16 janvier 2022 par le P. Benoît Lecomte »
[…] – Vous trouverez l’homélie du P. Benoît, donnée à Chalais, en suivant ce lien […]