Homélie de la Toussaint, par le P. Maxime Petit

Montmoreau - Blanzac - Villebois-Lavalette

Publié le 1 novembre 2025

          « Qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ? » Telle est la question que le Psalmiste nous pose, ce matin, alors que nous sommes rassemblés pour célébrer les saints de tous les temps. Eh bien je voudrais que cette question ne soit pas uniquement rhétorique… Qui d’entre nous, chers frères et sœur, se sent digne de gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ? Pour vous aider à discerner… je peux poursuivre la lecture du psaume 23, car David nous donne trois critères : celui qui peut gravir la montagne du Seigneur, c’est l’homme au cœur pur, l’homme aux mains innocentes, celui qui ne livre pas son âme aux idoles. Y en a-t-il parmi nous ? Je serais tellement heureux d’en rencontrer…

          Mais je vous rassure, je pense que cela ne tient pas à la composition de notre assemblée… Aucun des saints que nous célébrons aujourd’hui n’ont pu le vivre parfaitement.

          Je crois que c’est précisément la raison pour laquelle « Jésus, voyant les foules, gravit la montagne ». Comme personne, mais alors vraiment personne depuis Moïse, n’était capable de le faire, le Verbe est descendu du Ciel afin de gravir lui-même la montagne.

Pour quoi faire ? D’abord pour s’asseoir ! Saint Matthieu n’est pas avare de détail, au début de son chapitre 5. Jésus s’assied. Il se pose là. Il « demeure » aurait peut-être dit saint Jean afin que ses disciples « s’approchent de lui ». Puisque par eux-mêmes ils ne pouvaient se tenir au sommet de cette montagne. Jésus y prit place et les invita à s’approcher. Et c’est uniquement à ce moment là que lui, le Verbe, put « ouvrir la bouche » afin de les « enseigner » par ce discours si riche qui s’ouvre par les béatitudes.

Je ne vais, ce matin, vous en faire un commentaire toujours un peu trop technique et pas suffisamment contemplatif. Je me contenterai de relier ces béatitudes avec leur introduction que je viens de décrire. Car en se mettant ainsi au sommet de la montagne, Jésus n’est pas du tout en train de faire à ses disciples une leçon de morale pour cadrer leur agir. Il me semble que dans ces huit béatitudes, Jésus cherche plutôt à dessiner les traits de son propre visage pour que, eux aussi, puissent s’y reconnaître.

Heureux les pauvres de cœur ? On ne l’est jamais vraiment assez… Mais Jésus, lui, celui qui n’a jamais livré son âme aux idoles, celui qui n’a jamais voulu se créer son petit dieu pour le posséder, est le pauvre de cœur qui nous donne accès au Royaume.

Heureux les cœurs purs ? Qui d’entre nous pourrait dire qu’il n’a pas le cœur mélangé, tiraillé, écartelé entre les plaisirs du monde et son désir de suivre résolument le Seigneur ? Mais lui, Jésus, le Fils entièrement tourné vers le Père, nous donne de participer à sa propre filiation pour que nous soyons « semblables à lui » et que nous puissions le voir « tel qu’il est ».

Autrement dit, chers frères et sœurs, aucun d’entre nous, par lui-même, ne peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint. En revanche, par Jésus, chacun d’entre nous en devient capable. Précisément parce que Jésus nous y invite en s’asseyant au milieu de nous et en nous demandant de nous approcher de lui. Ainsi, nous aussi pouvons « laver nos robes », les « blanchir par le sang de l’Agneau » et ainsi participer à cette glorieuse liturgie céleste qui nous est décrite dans l’Apocalypse et vivre, dès ici-bas, par le Christ Jésus, cette filiation déjà bien réelle, mais qui ne sera manifestée qu’au ciel. Car « quiconque met en lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur ».

Il me semble qu’il y a là une porte d’entrée pour comprendre la fête que nous célébrons aujourd’hui. La sainteté de ces innombrables témoins qui nous ont précédé se découvre bibliquement comme une participation à la sainteté de l’unique Seigneur qui s’est assit pour les laisser s’approcher et pour leur enseigner les béatitudes.

Ce premier point, chers frères et sœurs, me semble capital. Toute sainteté n’est qu’une participation à la sainteté du Christ. Pour autant, beaucoup d’entre vous restent peut-être un peu sur leur faim avec une telle homélie. C’est bien beau de gravir la montagne pour s’asseoir à côté de Jésus et de l’écouter. Mais cela ne remplit pas une journée… Même une journée de moine ou de moniale. Notre cœur, notre âme, et peut-être surtout notre corps – à la fois personnel et communautaire – a besoin que cette sainteté s’incarne, se diffuse dans nos actions.

C’est pourquoi je vous propose à ceux qui veulent un petit exercice spirituel dans les jours qui viennent. Libre à vous de l’adapter selon vos devoirs d’état respectifs. Sans rien renier de ce que je viens de dire, il me semble que les béatitudes peuvent s’ancrer notre vie comme une pédagogie vertueuse. Chacun d’entre nous peut en choisir une ! Pas deux, pas trois ! Mais une ! Celle que l’Esprit Saint vous inspirera… pour en faire un lieu d’exercice concret de la charité. Non pas en comptant sur ses propres forces, ce qui reviendrait à annuler tout ce que je viens de dire… mais en essayant de vivre cette béatitude comme une participation à la sainteté de Jésus.

Pour l’un, ça sera peut-être d’être au sein de sa communauté ou de son foyer un artisan de paix… en demandant au Christ d’être « sa paix » pour en vivre dans chacun des actes de sa journée.

Pour un autre, ça sera peut-être l’humilité, la pauvreté de cœur. Vécue, là encore, non pas à la force du poignet, mais comme une participation à l’humilité du Christ qui donne sa vie par amour sur la Croix.

Ce qui me connaissent, peut-être avant tout mes paroissiens, me presseront certainement de choisir la douceur dont je suis tant dépourvu pour vivre mon ministère ancré dans celle du Christ.

Ce petit exercice aura certainement pour tous ceux qui s’y prêteront sérieusement, un effet bénéfique… dans la mesure où il sera vécu en union avec le seul Saint ! Car il nous donne de goûter la joie de vivre en sa présence, de vivre tout prêt de lui. Et même mieux, de vivre en lui.

Que cette Eucharistie, source et sommet de notre vie chrétienne, nous introduise en cette présence. Qu’elle nous donne de contempler le seul saint, le Dieu vivant qui se donne pour faire de nous des saints. Amen.

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