« Dilexi te ! » – « Je t’ai aimé ! » (Ap 3, 9).
En cette messe dominicale, la Parole de Dieu nous propose trois
gestes qui ont traversé les siècles jusqu’à nous ce matin. 3 gestes qui sont
à même de pouvoir transformer nos vies : descendre, plonger, se relever.
Descendre comme Naaman.
Plonger dans la fidélité de Jésus à la suite de St Paul.
Se relever pour rendre grâce, comme le Samaritain.
Au cœur de ces trois gestes nous pouvons entendre retentir le
refrain du « Dilexi te » – « Je t’ai aimé » que Dieu adresse aux pauvres de
son Eglise dans le livre de l’Apocalypse. Ce « Dilexi te » « Je t’ai aimé »
que notre Pape Léon a repris comme titre de la 1ère Exhortation qu’il nous
a adressé jeudi dernier : « Dilexi te » – « Je t’ai aimé » … Oui, le premier !
Descendre. Nous l’avons entendu dans la 1ère lecture. Naaman rêvait
d’un miracle spectaculaire. Voici qu’il reçoit une parole de Dieu
désarmante de simplicité : « Va, plonge-toi sept fois dans le Jourdain ».
Pour être guéri, il lui faut descendre de son piédestal, déposer ses
attentes, accepter l’obéissance d’un petit geste.
Et voilà : la peau redevient neuve, mais surtout le cœur change.
Naaman confesse le Dieu vivant et demande de la terre d’Israël pour
pouvoir désormais adorer le Seigneur partout où il ira.
Frères et sœurs bien aimés, notre Dieu n’exige pas de nous des
exploits. Il connaît, Lui, nos fragilités et nos pauvretés… mieux que nous
même nous ne les connaissons.
Il nous offre des gestes humbles : une bénédiction, un pardon, un
sacrement reçu sans bruit.
« Dilexi te » nous dit que l’amour de Dieu nous précède dans les
petites fidélités : « Je t’ai aimé dans le simple, là où tu n’osais plus
espérer… là où tu étais ! »
Osons donc descendre ! Faisons donc preuve de moins d’ego, mais
de plus d’Évangile. Prononçons moins de « je sais », mais plus de « parle,
Seigneur, ton serviteur écoute ».
Plonger. Dans le seconde lecture, Paul chante ce CREDO qu’il a
vécu lui-même : « Si nous mourons avec lui, avec lui nous vivrons ; si
nous persévérons, avec lui nous régnerons… Si nous manquons de foi,
lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même»».
Voilà la source : « Plonger » non pas d’abord dans nos efforts, mais
dans la fidélité indéfectible du Christ.
Plonger dans l’Eucharistie : la mémoire vivante de l’Amour.
« Dilexi Te » nous rappelle que tout commence à l’Autel. Lors de chaque
Messe Dieu prend l’initiative et nous redit « Je t’ai aimé, je t’aime et je
t’aimerai ! ». On y reçoit la miséricorde qui nous relève plus souvent que
nous tombons.
Saint Carlo Acutis, dont nous célébrons la Fête comme Saint de
l’Eglise, pour la 1ère Fois aujourd’hui, l’a compris à quinze ans à peine.
Il n’avait de cesse de répéter que « l’Eucharistie est son autoroute
pour le Ciel ». Il n’était pas « accro à l’écran », mais accro à l’Hostie ; le
numérique n’était pas sa fuite, mais son apostolat, sa Mission.
Il a laissé Jésus fidéliser son cœur dans l’adoration quotidienne, la
confession régulière, le service des pauvres. Sa vie nous prophétise ceci :
la sainteté est accessible, et elle commence quand on plonge dans la
fidélité de Jésus plus que dans nos humeurs.
Se relever. Dix lépreux crient : « Prends pitié ! » Dix sont guéris ; un
seul revient. Il se prosterne, il rend grâce, et Jésus lui dit : « Relève-toi, va
: ta foi t’a sauvé » (Lc 17).
Tous ont reçu le bienfait mais 1 seul a nommé le Donateur. Voilà le
point décisif : la gratitude fait passer de la guérison au Salut. Elle recentre
notre vie sur Dieu et nous ouvre. La gratitude n’ajoute rien à Dieu, mais
elle nous transfigure. Elle est la respiration du disciple.
Accueillons donc, 3 appels pour nous aujourd’hui.
Descendons. Laissons tomber l’armure, l’argument massue,
l’excuse parfaite. Venons à Dieu tels que nous sommes.
Plongeons. À la messe, dans l’adoration, dans la Parole. Laissons
donc la fidélité de Jésus irriguer nos infidélités.
Relevons-nous et revenons. N’attendons pas demain pour dire
merci. Faisons de notre vie une chapelle de gratitude.
Répondons ainsi à l’Appel de notre St Père Léon à rejoindre « ce
fleuve de lumière et de vie qui jaillit de la reconnaissance du Christ
dans le visage des nécessiteux ».
Contemplons la « Sagesse » des pauvres, cette Sagesse qui est le fruit
de leur « vie vécue à la limite », et qui les rend particulièrement capables
de convertir.
Et « Léon le Don » de conclure « Les pauvres ne sont pas une
catégorie sociologique », mais « la chair même du Christ ».
Amen.
Laisser un commentaire