« La Puissance des Impuissants ! »
Chers frères et sœurs bien aimés,
En ce jour nous sommes appelés à célébrer avec une même ferveur
les deux colonnes de l’Eglise : Pierre, le roc de la foi, et Paul, l’ardent
héraut de l’Évangile.
Leurs chemins, si différents, convergent vers le même mystère :
Celui de la Personne du Christ, lui qui est « la Pierre angulaire » de notre
Salut et celle de l’Eglise.
Pierre et Paul ont chacun, à leurs manières propres, répondu à la
question que le Christ pose à ces apôtres dans l’Evangile de ce jour « Et
vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? ».
Ils y ont répondu non seulement par leurs prises de Parole mais
d’abord et avant tout par leurs vies et leurs vies données par amour du
Christ et de l’Eglise.
Cette question fondamentale et primordiale, le Christ nous la pose,
à nous qui sommes rassemblés en son Nom et pour Lui, une fois encore,
aujourd’hui : « Pour vous, qui suis-je ? ». A dire vrai nous devrions
laisser le Christ nous la poser chaque jour. La vérité et l’authenticité de
notre relation avec lui et avec nos frères et sœurs en dépend.
Il a fallu que Simon et Saul apprennent à y répondre comme nous
devons nous laisser enseigner et apprendre à répondre par nos
existences à cette question fondamentale.
Réécoutons donc les paroles et rappelons-nous les réactions des
apôtres fougueux et présomptueux que furent Simon et Saul dans la
jeunesse de leur Foi et de de leur engagement.
Simon l’a proclamé sans aucune ambiguïté : « Seigneur, je te
suivrai jusqu’à la mort ! ». Saul, lui, qui était animé d’un tel zèle ardent
pour sa foi, que celle-ci se changea même en rage meurtrière. L’un et
l’autre se présentaient en « véritables Princes glorieusement régnant ».
Dans la jeunesse de leur engagement pour la Foi (pour ne pas
dire dans leur immaturité) se prenant, l’un pour « un avion de chasse de
dernières génération », et l’autre pour « le plus grand des paquebots du
monde et de surcroit insubmersible » ; nos deux apôtres au
commencement n’étaient, en fait, que des « géants aux pieds d’argiles »,
des « géants de papiers ». Des « géants aux pieds d’argiles » qui pour
masquer leurs faiblesses et leurs fragilités se cachaient derrières leur
présomption et leur légalisme, … mais n’oublions donc pas que même
« le Titanic » a bien fini par couler !
De fait, il a fallu que nos deux apôtres apprennent, qu’il n’y a de
Don authentique, de véritable et seul pouvoir, de seule puissance : que
dans l’Impuissance d’un cœur pauvre et humble qui s’abandonne à la
volonté de son Seigneur et vit et sert selon le cœur Christ.
Il leur a fallu, pour l’un, que « résonne le chant du coq », et pour
l’autre, qu’il soit « dessellé », « désarçonné », « jeté à terre », pour qu’ils
en viennent à découvrir le seul pouvoir, « le pouvoir des sans pouvoir ».
Il a fallu que l’Amour et la Lumière de l’Agneau les saisissent et les
transpercent jusqu’au cœur comme le cœur du Christ fut lui-même
transpercé par amour pour eux : « Simon, fils de Jean, M’aimes-tu ? »
« Saul, Saul, Pourquoi me persécutes-tu ? ». Oui, il a bien fallu pour que
le « Pouvoir de l’Agneau » leur soit révélé, qu’ils vivent ces Pâques pour
qu’ils soient rendus capables de l’accueillir, pour qu’ils s’y livrent et
qu’ils en vivent.
« L’Agneau Pascal » ayant ainsi accordé à Simon et Saul d’être unis
à son abaissement, au Mystère de sa Passion-Résurrection, ceux-ci
peuvent alors devenir Pierre et Paul, sachant que tout le reste de leur
existence et de leur mission ne pourra désormais que s’appuyer sur cette
Foi dépouillée qui seule fera d’eux « les 2 colonnes » sur lesquelles le
Christ pourra alors bâtir son Eglise.
Rendons donc grâce à Dieu, mes bien chers frères et sœurs,
Lui qui en nous donnant de prendre part au « repas des noces de
l’Agneau », nous rend participant à l’Amour Sponsal qui l’unit à l’Eglise,
et « nous estime digne de nous tenir en sa présence pour le servir ! »
Amen
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