« Inclinant la tête, il remit l’Esprit. » (Jn 19,30)
En la Messe de la Ste Cène, hier soir, nous avons médité sur
l’institution des sacrements de l’Eucharistie et du Sacerdoce Ministériel en
contemplant la scène du « Lavement des pieds » et en accueillant ces Dons
de Dieu … « Par les pieds ».
Aujourd’hui, rassemblés pour célébrer l’Office de la Croix,
poursuivons notre contemplation et laissons le Christ nous introduire
dans les profondeurs du Mystère de sa Passion « par son Corps »
Pieds et mains cloués sur le bois de la Croix, « Inclinant la tête, il
remit l’Esprit. ». C’est par cette parole que St jean conclu son récit de la
Passion de notre Seigneur au moment-même où IL meurt à notre Terre.
Ultime Acte, « Inclinant la tête », Jésus continue à s’abaisser. Alors
qu’Il est élevé de terre suspendu à la Croix, IL n’a de cesse de tourner vers
nous son regard et son cœur transpercé, accomplissant en sa chair la
promesse de Dieu à son peuple : « Même si une mère pouvait oublier son
enfant, Moi je ne t’oublierai jamais ! ».
Adoptant ainsi, encore et toujours, la posture de l’humilité, et de
l’abandon le regard abaissé vers nous, jusqu’au bout Jésus n’a eu de cesse
de nous aimer et « Remit l’Esprit ».
Rédiger en grec, le verbe employé pour dire l’acte de remettre
l’Esprit est le même verbe que celui utilisé pour dire l’acte de livrer Jésus
: Judas a livré Jésus aux Juifs, les Juifs à Pilate, Pilate aux Juifs et aux
soldats.
Là nous comprenons que c’est bien Jésus qui remet l’Esprit, qui livre
l’Esprit. Et ainsi St Jean veut nous dire que depuis le début, c’est bien le
Christ qui « se livre », aux Juifs, à Pilate et aux soldats et à bien d’autres
encore … Il livre son « Esprit » à la terre et à ceux qui l’habitent, à celui qui
les représentent et qui lui tend l’éponge pleine de vinaigre pour étancher
sa soif.
Avançons plus avant. Si jusque-là j’ai repris le mot de la traduction
liturgique, c’est-à-dire « Il remit l’Esprit », la traduction littérale du grec
est en fait Il livra le « Pneuma » c’est-à-dire le « Souffle ».
Du haut de la Croix où il est élevé de terre, dans le plus grand des
abaissements, à l’Heure de la souffrance ultime, le Christ « livre le
souffle ». C’est-à-dire l’Esprit des Origines, d’avant même la création du
monde : le « Souffle de Dieu », le « Ruha » en hébreux. Le souffle qui
planait à la surface des eaux (Gn 1,2) et qui a présidé à la Création du
Monde, de tout être vivants et de l’Homme.
Ainsi, bien chers frères et sœurs, « Tout est accomplis !». La Bonne
Nouvelle de Jésus-Christ selon St Jean, en nous ramenant à l’Acte Créateur
de Dieu des Origines nous donne de contempler qu’en livrant le souffle,
le Christ livre à l’Humanité, à tout homme, jusqu’à nous aujourd’hui le
souffle d’une Création Nouvelle, d’une Nouvelle Naissance.
Aux yeux des hommes tout semble fini et pourtant TOUT
Commence, à nouveau. La mort de Jésus devient Baptême dans l’Esprit.
Dans un instant, quand nous nous avancerons pour « Vénérer la
Croix » rappelons-nous que c’est le Christ que nous vénérons.
Rappelons-nous que si nous avons été conduis jusqu’au cœur du
Mystère de la Ste Cène « Par les pieds », le Christ, nous « livre le souffle »
de la Nouvelle Naissance « Par ses Poumons ».
AMEN !
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