« Résiste… Prouve que tu existes ! »

Bien chers frères et sœurs,
Nous voudrions, et souvent même nous cherchons et mettons tout
en œuvre pour bâtir notre propre salut par nos propres forces, par nos
ressources et nos facultés personnelles. Dieu sait que nous sommes parfois
capables de générer une énergie et une ambition folle pour à cette fin.
Consciemment ou inconsciemment, aujourd’hui dans notre monde,
il nous faut le reconnaître et l’admettre, des hommes aspirent encore à être
« comme des dieux », comme au jardin des origines.
Parce qu’ils veulent, par-dessus tout, être les maîtres du monde, ils
mettent tout en œuvre pour que tous s’agenouillent devant eux et les
vénèrent, qu’ils renient leur dignité et consentent même à tout sacrifier,
leur laissant croire que leur soumission leur permettra, à eux aussi, de
posséder tout ce qu’ils désirent et dont ils rêvent.
Cette humanité défigurée par le péché des origines, n’est que
mensonges, qu’ambitions et que manipulations. C’est le Royaume de la
perversion : « Agenouille-toi, adore-moi, plies-toi à ma volonté… et tout
ce que tu vois, tout ce que tu désires, je te le donnerai. »
Ouvrons donc enfin les yeux, frères et sœurs.
Ne fermons plus nos cœurs, mais aujourd’hui écoutons la voix du
Seigneur. L’Evangile de ce 1er dimanche de carême, celui « des tentations
du Christ au désert », nous y engage.
Il nous révèle l’être et les agissements de celui que nous nommons
« le prince de ce monde » c’est à dire Satan. Il est « Lucifère », « l’Ange de
Lumière », déchu pour avoir rejeter Dieu et son Amour alors qu’il le
contemplait face à face et donc qu’il le connaissait en vérité car il voulait
être son égale.
Depuis cette heure, « Lucifère », le plus beau des anges, n’a de cesse
de vouloir nous entrainer à sa suite par l’arme des ténèbres qu’est la
séduction. Il n’a de cesse de vouloir faire de nous ses sujets, ses objets, afin
de nous séparer de notre Créateur et seul véritable Sauveur.
En cette 1ère étape de notre Pèlerinage d’Espérance du Carême, nous
voici avec le Christ poussés au désert par l’Esprit.
Bien loin d’être abandonnés et délaissés dans les déserts de notre
Monde défiguré par les soifs de Pouvoir et de tout Puissance, l’Evangile
de ce jour, nous assure que le Seigneur nous y a déjà précédé. Dans les
combats auxquels l’Homme est confronté, le Christ ne cesse jamais d’être
à nos côtés !
Ne l’oublions pas, comme nous le redit avec force St Paul dans la
2ème lecture « Si, en effet, à cause d’un seul homme, par la faute d’un seul,
la mort a établi son règne, combien plus, à cause de Jésus Christ et de
lui seul, régneront-ils dans la vie, ceux qui reçoivent en abondance le
don de la grâce qui les rend justes. »
Aujourd’hui encore, Le Seigneur est à nos côtes dans les déserts de
l’Humanité attaquée, de nos nations et de nos sociétés déstabilisées et
apeurées, de nos cœurs tentés de désespérer, de nous révolter, ou même
de contre-attaquer… IL est là !
« Au désert des tentations, surtout ne crains pas
Ton rempart est SA parole, il te sauvera »
A Satan qui tente le Christ pour le faire tomber, succomber et le
détourner de sa Mission de nous sauver, le Christ ne répond pas en
comptant sur ses propres forces, sur ses propres stratégies, sur ses propres
paroles. Sa défense, sa riposte, est d’opposer à Satan la Parole même de
Dieu. Là est le plus puissant des boucliers… La Parole de Dieu, et sa
Miséricorde, sont la limite qui est imposée au Mal.
En se confrontant aujourd’hui aux épreuves du tentateur, Jésus nous
révèle que l’unique tentation qui peut désordonner l’être et la vie du
chrétien est de se prendre pour Dieu.
En refusant de succomber aux séductions du diviseur, il nous
montre sa véritable identité. Il est Le Fils, l’Unique, du Père éternel.
Il est le Fils parce qu’il est sans cesse ouvert à la Vie que Lui donne
la parole qui lui vient de son Père, et qu’il désire partager avec tous.
Il est le Fils parce qu’il refuse d’idolâtrer ses propres capacités en
acceptant de tout rendre à Celui qui lui a toujours déjà tout donné.
Il est le Fils parce qu’il ne craint pas de mettre sa vie entre les mains
du Père, qui la « Re-suscite » toujours à nouveau par l’Esprit d’amour qui
les unit.
Dans les aridités du désert, là où les hommes que nous sommes
faisons tout « pour sauver notre peau » à tout prix, le Christ, LUI, ne fait
rien pour LUI… pour Lui SEUL.
Au désert, il éprouve la faim et la soif, il éprouve de ne pas maîtriser
sa destinée, il éprouve de ne pas choisir ce qui va arriver ni de connaître
quand et comment il sera sauvé. Il n’a de cesse de s’abandonner.
Au désert, Le Christ choisit d’entrer dans les limites de l’humanité
pour en faire le chemin du salut. IL résiste, affronte et combat mais
toujours pour dévoiler la Miséricorde infinie de Dieu pour tous les
hommes. Pour que l’Homme ait la Vie et la Vie en abondance.
Résister, c’est pour chacun d’entre-nous revenir à notre condition de
fils, relié au Père, ouvert à sa volonté et à son œuvre.
La Toute Puissance est l’humaine condition pour tuer. Au contraire,
la fragilité est l’humaine condition pour aimer. Il n’en est pas d’autres.
Jésus-Christ, Le Fils, l’a épousée jusqu’à la mort.
Le Fils a été tenté au désert mais unis au Père Il a vaincu.
A Toi maintenant de reconnaitre que c’est Toi qui es tenté en Lui ;
que c’est pour Toi qu’Il résiste, et alors Croix que c’est Toi qui es vainqueur
en LUI.
« Espère le Seigneur,
Sois fort et prends courage,
Espère le Seigneur ! »

Amen !