Homélie du Père Jacques-Emmanuel 4ème dimanche du TO Année C

Visitation sur Boëme

Publié le 31 janvier 2022

Le texte de l’Evangile que nous venons d’écouter fait suite à celui de dimanche dernier. Nous sommes au tout début du ministère de Jésus dans son village Nazareth. Après avoir lu le texte d’Isaïe, Il avait fait une annonce surprenante pour ses auditeurs. Dans la suite de cet évangile, nous constatons que Jésus s’est mis en danger, en provoquant les gens de chez lui. Voici les 3 provocations :

-En disant que la parole du prophète Isaïe s’accomplit à travers lui, il déclare ouvertement devant ses frères qu’il est le Messie annoncé.

-Il leur rappelle deux histoires de l’Ancien Testament, celle de la veuve de Sarepta et du Syrien Naaman, tous deux païens qui avaient bénéficié des faveurs des prophètes Elie et Elisée. Une façon de dire à ses frères que Dieu ne fait acception d’aucun homme et que les païens valent mieux qu’eux.

-Il utilise deux dictons passés dans le langage courant : « Médecin, guéris-toi toi-même » ; qui signifie dans ce contexte que Jésus, avant de penser aux autres, devrait d’abord s’occuper des siens. Le deuxième proverbe est le suivant :« Nul n’est prophète chez soi ». Ce qui veut dire que le talent d’une personne est reconnu plutôt à l’étranger que chez elle. Les gens de chez nous ne nous apprécient jamais à notre juste valeur. Malheureusement !

Par ces deux proverbes, Jésus va s’attirer la colère et la haine de ses frères. Non seulement il se prend pour un prophète, mais il refuse d’accomplir des miracles dans son village ; ce qui pouvait attirer des foules à Nazareth et profiter au commerce. Pour eux, Jésus est ce fils de Joseph qu’ils ont vu grandir, et qui ose se prendre pour le Messie de Dieu. La riposte de ceux-ci sera surprenante, car de pieux qu’ils étaient jusqu’ici, les voilà transformés en personnes violentes, prêtes au crime. Ils vont l’empoigner avec fureur pour le jeter du haut d’une montagne. Heureusement qu’il va passer miraculeusement au milieu d’eux et s’en aller.

Cet évangile nous conduit à méditer sur la vocation, la mission et les dangers de tous ceux que Dieu a établi comme prophètes. Dans la première lecture, nous avons écouté le récit de la vocation de Jérémie. Il a été choisi, sanctifié et mis à part dès le sein maternel. Il a été envoyé vers le peuple pour dire la Parole de Dieu. Il devra rencontrer l’adversité, mais Dieu va le rassurer de sa présence : « Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer ». L’histoire de Jérémie montre qu’il a beaucoup souffert à cause de la Parole de Dieu. Il a été même jeté en prison et a connu l’exil.

En voyant ce qui arrive à Jésus au début de son ministère, on peut comprendre toutes les difficultés qui l’attendent. S’il échappe à ses frères aujourd’hui, ils vont tenter plusieurs fois de l’attraper ou de le lapider. Ils vont réussir à le saisir au mont des Oliviers. Il sera jugé et va mourir sur une croix. Ainsi, comme tous les prophètes, dont le dernier était Jean-Baptiste qui est mort en prison avec un cou tranché, Jésus va mourir parce qu’il a prêché sur l’amour de Dieu et du prochain, sur la justice, la paix et la Vérité.

A la suite de Jésus, nous sommes nous aussi des prophètes, car le baptême que nous avons reçu en son nom, a imprimé en nous le charisme et la responsabilité prophétique.  Nous devons comme Jésus être prophètes chez nous, dans nos maisons, dans notre paroisse ou dans notre société. On refusera aussi d’être enfermé dans un lieu, le prophète étant un homme ouvert à l’universel. La mission du prophète c’est d’annoncer et de dénoncer, bien sûr dans la charité. L’hymne de l’amour de Saint Paul nous forme à cette charité qui devra marquer toutes nos actions. Il faudrait le relire en couple, en famille ou personnellement pour approfondir ce mystère de Dieu ; car Dieu est amour. S’il nous manque l’amour, ou s’il manque Dieu dans tout ce que nous faisons, cela ne sert à rien.

Demandons au Seigneur de nous remplir ce dimanche de son Esprit d’amour, afin que nous puissions exercer notre mission prophétique dans ce monde où il y a de moins en moins de prophètes comme Jérémie.  Que Dieu nous soutienne aussi face à l’adversité, afin que les ennemis ne nous nous découragent pas dans notre mission. Amen.  

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