« Faisons fleurir le Pardon »
« Voici maintenant le moment favorable, voici maintenant le jour du salut », entendons-nous de l’apôtre Paul au jour de l’entrée en carême. Le carême, un « moment favorable », le temps d’une traversée, d’un pèlerinage, d’une conversion. 40 jours qui font référence à de grands moments de l’histoire du Salut dans l’Ancien Testament et dans la vie du Christ. 40 jours qui nous sont donnés pour nous préparer aux célébrations de Pâques, au « Passage » de la Passion à la Résurrection du Christ. 40 jours d’un chemin que le Seigneur nous offre pour nous faire « passer » à notre tour, et nous ouvrir à la Résurrection.
Le carême n’est pas une course, un marathon d’efforts, un concours de privation. Il est un temps de germination lente, secrète et comme cachée, parfois laborieuse mais toujours pleine d’espérance… L’espérance que le Seigneur est avec nous et pour nous, et qu’il veut notre unité – l’unité de nos cœurs, l’unité entre nous, l’unité avec lui. La communion dans le Mystère de Pâques, voilà le projet de Dieu pour nous et auquel nous voulons consentir en ce temps de carême. Et c’est maintenant, le moment favorable.
C’est maintenant le moment favorable pour passer des cendres du mercredi au feu pascal, de la mort à la vie, de la nuit à la lumière, de la peur à la paix, de la dispersion au rassemblement, de la désunion à l’unité. En Eglise, bien sûr, et partout où nous vivons : en famille, au travail, à l’école, en maison de retraite et dans tous nos lieux d’engagements. C’est le moment favorable pour faire fleurir le pardon et recevoir de lui notre unité, signe d’une communion qui nous dépasse infiniment. L’unité qui ouvre à la vie de Dieu, qui rend belle l’existence des hommes et la parfume de la bonne odeur de l’amour de Dieu pour tous, « ré-unis » que nous sommes dans le pardon dont il est la source pour « re-naître » à Lui et à son Amour qui mène à sa Vie. Et nous avons notre part à prendre pour faire fleurir la Vie : nous ouvrir personnellement au Pardon de Dieu (tel un bulbe qui s’ouvre à l’existence et à la vie), et en même temps d’œuvrer à faire s’ouvrir tous les autres « bulbes », ceux de nos frères et sœurs, en répandant autour de nous le Pardon de Dieu. Ainsi, nous sommes appelés, tous ensemble à nous ouvrir au fleurissement du Royaume de Dieu, le Créateur et Sauveur.
Pour manifester ce fleurissement, tout au long de ce carême, dans les églises de notre doyenné Sud Charente (nous veillerons ensemble à ce qu’elles soient ouvertes au maximum), des fleurs en papier et des panières seront mises à disposition. Chaque fois que sera vécu un « pardon » (sacramentel ou non), une réconciliation entre deux voisins, l’accueil d’une parole de quelqu’un qu’on ne supporte pas, une confiance retrouvée au sein d’une famille ou dans une entreprise ou dans quelque autre groupe, chaque fois qu’aura été vécu « le jeûne qui plaît à Dieu » (« Faire tomber les chaînes injustes, rendre la liberté aux opprimés, partager le pain avec celui qui a faim, accueillir chez soi les pauvres sans abris, couvrir ceux qui sont sans vêtement, ne pas se dérober à son semblable », disait le prophète Isaïe (Is 58, 1-9)) et qui sont autant de manières concrètes de vivre le pardon, la réconciliation, la recherche d’unité, l’on pourra déposer dans la panière de l’église ouverte la plus proche une fleur en papier, avec juste un prénom. Toutes ces fleurs seront transmises régulièrement à l’abbaye de Maumont, où les sœurs porteront ces pardons et notre unité dans leur prière, et fleuriront la carte géante de notre doyenné. Nous serons alors témoins de ce fleurissement progressif et de la propagation du pardon de Dieu, en même temps que de l’unité et de la construction de nos communautés humaines et chrétiennes. Et nous verrons cette carte fleurir, image du Royaume de Dieu qui germe, grandit et fleurit au cœur de l’Humanité. Et nous percevrons l’œuvre que Dieu est en train d’accomplir en nous, pour que nous nous ouvrions à sa Résurrection.
« En tant que coopérateurs de Dieu, nous vous exhortons à ne pas laisser sans effet le grâce reçue de lui… C’est Dieu lui-même qui lance un appel : au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20 – 6,2). Que ce temps de carême nous donne d’entrer ensemble dans le magnifique projet d’amour de Dieu pour nous, dans la communion qui n’aura pas de fin, dans la Paix qu’ouvre l’annonce Pascale.
Le 17 février 2021, pour l’entrée en carême,
Vos pasteurs et serviteurs,
PP. Benoît Lecomte, Joseph Dingboé, Eric Pouvaloue, Jean-Noël Zoungrana et Yves Frémond
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