Homélie pour la prière œcuménique du 23 janvier 2025

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 23 janvier 2025

Homélie prononcée lors de la prière œcuménique du 23 janvier 2025, au cours de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, au Temple de Barbezieux, par le P. Benoît Lecomte.

Il me semble qu’il y a deux raisons qui nous réunissent ce soir. Deux raisons – qui ne font d’ailleurs sûrement qu’une – pour lesquelles nous avons pris notre soirée pour prier ensemble. Deux raisons un peu mystérieuses, l’une comme l’autre, deux raisons jamais totalement saisissables parce que leurs sujets ne le sont pas : notre amour pour Jésus-Christ et notre amour de l’Eglise.
Deux raisons comme les deux belles figures de l’évangile que la communauté œcuménique de Bose, en Italie, qui a composé cette prière, nous offre à contempler et à méditer : Marthe et Thomas.
Marthe, dans ce dialogue incroyable qu’elle a avec Jésus au moment où il arrive pour prier sur le corps de son ami Lazare, mort depuis plusieurs jours. Nous l’avons entendu dans le dialogue au début de notre prière : « Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je sais que Dieu te donnera tout ce que tu lui demanderas. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe lui dit « : « Je sais qu’il ressuscitera lors de la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Je suis la résurrection et la vie… crois-tu cela ? »
C’est à cause de cette affirmation que nous sommes-là. Non parce que nous pouvons répondre « oui » à la question de Jésus de façon intellectuelle ou uniquement théologique. Mais aussi parce que nous en avons fait l’expérience en notre chair, mystérieusement. Parce que cette réalité de Jésus comme résurrection et vie n’est pas seulement une idée, un idéal, pas même une espérance pour l’avenir, mais une expérience vécue en notre histoire, un événement dans lequel nous avons été saisis, qui a orienté tout de notre vie – et auquel nous résistons souvent par bien des aspects. Il y a quelque chose de vertigineux à regarder ce mystère de près, à le contempler, à en prendre conscience. Certes, nous avons un avantage sur Marthe : elle n’a pas encore connaissance du mystère pascal que Jésus va connaître, alors que nous nous situons a postériori de Pâques et nous comprenons certainement mieux de quoi Jésus veut parler. Il n’empêche, cette affirmation nous dépasse autant qu’elle nous cueille. Si nous pouvons dire : « oui, je crois », ce n’est pas parce que nous acquiesçons à l’affirmation d’un dogme. C’est parce que le Christ Jésus est venu nous rejoindre, nous a appelé existentiellement, que nous avons répondu et fait ce grand plongeon dans sa mort pour ressusciter avec lui. Et que nous ne cessons, jour après jour, de découvrir quel amour cette résurrection et cette vie nous révèlent de Dieu le Père et nous fait vivre de l’Esprit. Comme le dit le récent texte final du synode sur la synodalité dans l’Eglise catholique, auquel tant de frères et sœurs d’autres églises et confessions ont collaboré avec leur sagesse, leur histoire, leur culture et leur spiritualité : « Toute la vie chrétienne a sa source et son horizon dans le mystère de la Trinité, qui suscite en nous le dynamisme de la foi, de l’espérance et de la charité » (n°15). Et c’est Lui, Jésus, en son Mystère, qui nous réuni et qui prie pour que nous soyons un, dans la diversité des dons et des charismes que Dieu nous a donnés.
Cet amour du Christ se mêle à notre amour de l’Eglise, si le Christ et l’Eglise c’est tout un. Après Marthe, la figure de Thomas, apôtre, nous est offerte ce soir. Pas uniquement dans ses questions et sa recherche de vérification, mais aussi dans sa fougue, dans sa force, dans son entièreté. N’est-ce pas lui qui avait dit, précisément au moment où Jésus avait appris que Lazare était mort et que les disciples le retenaient d’y aller par peur qu’il soit tué : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec notre Maître ! » Thomas n’a pas peur. Mais il a besoin de faire cette rencontre avec le Ressuscité, pour devenir apôtre – car sont apôtres ceux qui ont partagé la vie de Jésus depuis son baptême, et qui ont été témoins de sa résurrection. Le récit que nous venons d’entendre ne marque pas uniquement la conversion de Thomas à la véritable Seigneurie de Jésus. C’est aussi le moment où Thomas embrasse sa vocation d’apôtre, de témoin et d’envoyé. Or, n’est-ce pas cette mission que nous voulons continuer de vivre, en Eglise, quelques soient nos confessions, ou plus exactement, avec le désir que l’Eglise atteigne sa pleine dimension, dans la communion de toutes nos confessions ? « L’Église existe pour témoigner au monde de l’événement décisif de l’histoire : la résurrection de Jésus. Le Ressuscité apporte la paix au monde et nous donne son Esprit. Le Christ vivant est source de la vraie liberté, fondement d’une espérance inébranlable, et révélation tant du véritable visage de Dieu que de la destinée ultime de l’être humain » (n°14), dit le document déjà cité, indiquant plus loin que l’Eglise n’est vraiment elle-même que dans sa dimension œcuménique (n°23), qui ne fait pas fi des blessures, mais qui cherche des chemins de repentance, de réconciliation et de correction fraternelle dans un esprit de charité évangélique. Oui, notre amour de l’Eglise, c’est-à-dire notre désir de participer à cette mission apostolique que Thomas embrasse devant le Ressuscité, réveille notre désir d’unité, de fraternité, de réconciliation, de communion dans la diversité.
Crois-tu cela ?
C’est-à-dire : « Plonges-tu de toute ton existence dans cette réalité mystérieuse du Christ et de l’Eglise à laquelle Dieu t’appelle ? »
Avant de rencontrer Marthe et Thomas ce soir, nous avons aussi rencontré Abraham au cours du spectacle qui a précédé notre prière. Si Marthe et Thomas ont fait acte de foi chacun à leur façon, Abraham l’a fait avant eux dans une expérience inouïe de confiance en la promesse de Dieu, dans une espérance folle. Un acte de foi qui l’a mis en mouvement, qui l’a fait sortir de lui-même pour mieux se trouver lui-même. Et dans le monde qui est le notre aujourd’hui, au milieu de toutes les peurs et de tous les cris des pauvres et de la terre, au milieu de toutes les incertitudes en l’avenir, nous sommes nous aussi convoqués à cette foi qui est « une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas » (He 11, 1). Répondre « oui » à la question « crois-tu cela ? », c’est prendre notre place de témoins croyants, espérants, confiants, en n’ayant pas peur de résister à toutes les violences du monde et en étant artisans de paix, de fraternité, de miséricorde et de réconciliation.
Malgré l’histoire de nos relations parfois douloureuses, notre foi reste commune. Notre foi en Jésus-Christ, qui est la résurrection et la vie. La foi de l’Eglise apostolique, Corps du Christ, témoin de la résurrection de Jésus et envoyée dans le monde proclamer la Bonne Nouvelle et en témoigner. La foi qui ne laisse pas tranquille, et qui met en mouvement, en aventure vers la Promesse d’Alliance que Dieu réalise mystérieusement. Cette foi que nous voulons professer ensemble ce soir, dans l’unité de ce qui nous uni, dans l’unité de Celui qui nous uni.
Que notre prière commune nous enracine encore davantage dans l’expérience de notre amour pour Jésus et de notre amour de l’Eglise, et nous fasse avancer avec confiance sur les chemins de l’unité pour rendre témoignage au monde de la puissance de l’amour de Dieu.
Amen.
P. Benoît Lecomte

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