Samedi 27 avril, une messe de la Saint Hubert était célébrée à l’église Saint Hilaire de Barbezieux.

Ce matin, en cette église de Saint Hilaire, c’est Saint Hubert qui nous réunit. Il est connu pour être le patron des chasseurs, mais il fut avant tout un homme qui avait quitté le monde de la richesse et de la fête pour devenir moine, puis un moine devenu évêque en Belgique. On raconte qu’il fut un grand évêque, proche de ses fidèles qu’il rejoignait là où ils vivaient, dans les clairières, sur les rivières, dans les villages. Attentif à toute misère, il aidait les malheureux et les prisonniers.

            Au-delà de la légende qui raconte qu’il aurait vu, au cours d’un partie de chasse un Vendredi Saint, un cerf portant un crucifix entre ses bois, Saint Hubert, en tant qu’évêque et en tant que chrétien, a lu et médité la page d’Evangile que nous venons d’entendre. Et nous pouvons être sûr que, plus encore que le gibier, il a cherché le Christ, Jésus, et qui Il est. Son cœur a cherché Dieu. Il a voulu connaître, comme l’apôtre Philippe, le chemin pour rencontrer Dieu, le Père.

            Nul doute qu’il a cherché. Et c’est ce qui le rapproche de nous, ou nous rapproche de lui. Car là est la nature même du croyant, et même de tout homme, croyant ou non croyant (et peut-être y a-t-il des non-croyants au milieu de nous ce matin). Quel que soit notre rapport à l’Eglise et à la foi, nous sommes comme les disciples de Jésus qui pensent le connaître, mais ne le connaissent en fait pas.

            Comme Saint Hubert l’a fait, il nous faut alors écouter la réponse de Jésus : « Je suis dans le Père et le Père est en moi », dit-il, dévoilant là un Mystère incroyable. Ces quelques mots nous disent l’unité, et même l’intimité extraordinaire entre Jésus et le Père. Dieu, aucun d’entre nous, je pense, ne l’a vu, et il reste invisible à nos yeux. Mais Jésus, ses disciples l’ont vu, nous pouvons le suivre à longueur de récits dans l’évangile, et nous découvrons qu’il est « l’image du Dieu invisible », dira plus tard Saint Paul. Il est celui qui rend visible Dieu. Il est le visage qui renvoie au Dieu invisible. Par Lui, nous voyons Dieu. Qui est Jésus ? Son identité, c’est de rendre Dieu visible, et aussi audible par sa Parole, la Parole qu’il reçoit du Père. Il a rendu Dieu visible et audible aussi à travers ses œuvres, qui disent toutes qui est Dieu et comment il nous aime.

            Ce Christ, ce Jésus, c’est lui qui a séduit et attiré Saint Hubert. Et le Saint a voulu agir comme son Maître, se rendant proche des plus petits, attentif à ceux qui étaient dans le besoin.

            Ces œuvres, nous voilà invités à les vivre à notre tour. Parce que le visage de Jésus et sa présence, désormais, c’est l’Eglise, c’est nous. C’est à nous que revient la mission de rendre Dieu visible et audible à nos contemporains. C’est à nous de continuer ces œuvres de miséricorde, d’attention, de soutien, de partage, d’accueil, d’écoute, de solidarité, de pardon. Jésus lui-même nous y encourage : « Celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes ! »

            Qui que nous soyons, quelque soit l’état de notre recherche ou de notre connaissance de Jésus, le Seigneur nous presse d’agir avec bonté envers notre prochain et envers la création et tout ce qu’elle nous donne de contempler. Sûrement notre monde a-t-il besoin, et urgemment, de témoins de la bonté de Dieu. Alors que les violences sont des plus vives, que les tensions menacent partout d’exploser, que l’avenir fait peur, ne nous tournons pas non plus vers le passé comme vers un refuge – car il est passé. Mais vivons dans le moment présent, avec la qualité d’humanité que le Seigneur nous rend capable d’avoir. Vivons dans le moment présent en faisant des œuvres qui disent plus grand que nous, qui disent la présence et la grandeur de Dieu. Vivons dans le moment présent, et à chaque instant de notre vie, avec au cœur la joie d’être missionnés par Dieu pour témoigner de Jésus-Christ et pour construire son Règne de paix, d’amour et de vie. A l’image de Saint Hubert.

            Que notre rassemblement en ce jour, et cette eucharistie, soient déjà des moments de communion et de fraternité, et qu’ils nourrissent ce que nous voulons vivre chaque jour de façon à ce qu’en nous voyant, les uns et les autres puissent découvrir l’amour que Dieu leur porte.

Amen.

P. Benoît Lecomte