Tout avait commencé dans un jardin, à la Genèse. C’était l’heure de la création, de la naissance et de la vie. Nous voici dans un autre jardin. C’est maintenant l’heure de la mort, de l’ensevelissement, de l’enfouissement. Les forces du mal, de la haine, de la peur et du mensonge se sont déchaînées. Elles se sont abattues sur l’innocent, il ne s’est pas défendu.
Impuissance de la vérité et de l’amour ? Apparemment.
Ou toute puissance au-delà de la puissance. Au-delà des apparences aussi. En espérance.
Mais il ne faut pas trop vite espérer. Le moment est grave et à prendre pour ce qu’il est. Christ a été tué. Celui qui se présentait comme la Vie et la Résurrection n’est plus. Mis au tombeau, la pierre roulée. La Vie est morte. Celui qui est la Vie, est mort. Ténèbre des ténèbres.
Jésus ne sera pas resté sans connaître tout de notre condition humaine. Il s’anéanti, et jusqu’au bout, jusqu’à la mort de la croix. Jusqu’au bout, mystérieusement. Comment Dieu peut-il s’abaisser jusque-là ? Plongée du Ciel jusqu’en bas des enfers. Rien ne lui échappera de toute la création, jusqu’à l’absence de Vie. Jusqu’à l’absence de souffle. Jusqu’à l’absence d’amour, pour tout, absolument tout saisir de notre condition humaine. L’amour du Christ va jusqu’à notre non-amour.
Adam, se reconnaissant nu, s’était caché dans le jardin de la Genèse. Jésus descend au plus bas de ce jardin pour retrouver Adam, et toi et moi et nous.
Folie d’un amour démesuré. Folie d’un Dieu que rien ne peut arrêter… et que rien n’arrêtera. Car la Lumière entre dans les ténèbres. Déjà point l’aube d’un jour nouveau, esquisse d’une espérance. Après cette descente, et cette rencontre, et ce face-à-face, Adam ne sera plus le même. Ni toi, ni moi, ni nous.
Mais laissons le Christ faire. Jusqu’au bout. Jusqu’en bas.
Amen.
P. Benoît Lecomte
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