Célébré à Oriolles le 27 septembre 2025
Sébastien, tu l’avais décidé ainsi, c’était comme ça et ça ne pouvait pas être autrement, : il n’y aurait pas de mariage avant tes 50 ans. Emeline est joueuse : elle a accepté le deal mais n’aura pas perdu une heure de plus : c’est le jour de tes 50 ans que vous vous mariez dans cette église d’Oriolles.
L’anecdote a de quoi faire sourire. Elle marque la force de vos caractères, à l’un et à l’autre, qui avez su depuis plus de 15 ans vous faire l’un à l’autre, comme des galets se polissent à force de se frotter. Car à partir du moment où vous avez choisi d’être ensemble, plus rien ne vous a séparé, ni le jour ni la nuit, ni la semaine ni le week-end. Et vous avez traversé ensemble les moments de joie et de facilité, d’élans et de réalisations de projets, et aussi les moments de questionnements, de tristesse, de difficultés. Vous avez su, ensemble, changer de braquer en fonction de l’état de la route, mettre de l’huile sur la chaine et le dérailleur, ajuster le cadre et la posture pour avoir moins de prise au vent… vous avez su mettre en œuvre pour votre couple ce que vous conseillez à vos clients pour leurs vélos. Dans un cas comme dans l’autre, n’est-il pas toujours question de trouver le bon équilibre pour avancer et aller loin ?
« Il n’est pas bon que l’homme soit seul, je vais lui faire une aide qui lui correspondra », dit Dieu dans le récit de la Genèse que vous avez choisi de nous partager. Cette aide, vous l’avez trouvée l’un pour l’autre, en étant l’un avec l’autre dans tout ce qui fait votre vie. Vous l’avez trouvée en étant « côte à côte », comme la femme du récit biblique est prise de la côte de l’homme, non pas comme un lien de subordination, mais au contraire comme le caractère d’une égalité parfaite entre l’un et l’autre, destinés à « ne faire plus qu’un ».
Cette unité de vous deux n’est pourtant pas un en-soi clos sur lui-même. Morgane et Maylis sont les premières témoins, chacune à leur façon, de la fécondité de l’amour que vous donnez et qui se répand autour de vous. Le psaume dit à sa façon l’importance que vous donnez à la famille : « ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse, et tes fils, autour de la table, comme des plants d’olivier… tu verras les fils de tes fils… heureux es-tu, à toi le bonheur ! » Oui, à toi, à vous ce bonheur, que nous vous souhaitons encore plus vif et joyeux en ce jour de fête, et pour longtemps.
Ce bonheur que vous partagez avec votre famille et qui est à partager avec toutes celles et tous ceux que vous pourrez croiser tout au long de votre route. Car c’est là la mission qu’acceptent de recevoir ceux qui se marient à l’Eglise, ceux qui acceptent de vivre le sacrement du mariage : devenir des témoins vivants de l’amour de Dieu entre eux et autour d’eux. Sébastien et Emeline, vous vous marriez parce que vous avez envie de vivre ensemble jusqu’au bout et de tout traverser ensemble. Mais vous vous marriez en Eglise pour que le monde découvre quelque chose de l’amour de Dieu. Dieu, personne d’entre nous ne l’a vu et rencontré. Mais qu’en vous voyant vivre, nous puissions comprendre, ne serait-ce qu’un peu, la façon avec laquelle Dieu nous aime. Voilà votre mission, désormais. La fête de ce jour ne change rien, vous vivrez la semaine prochaine comme la semaine dernière. Mais elle change tout : votre amour dit plus que ce que vous en détenez vous-mêmes. Votre amour ne vous appartient plus, si tant est qu’il vous ait appartenu un jour : vous devenez des signes de l’amour de Dieu pour le monde. Cet amour qui, concrètement, passera encore et toujours par les 1000 pardons à donner et recevoir chaque jour, par les paroles et les silences, par l’écoute et l’attention mutuelle. Pourquoi pas, aussi, par la prière, par la méditation de la Parole de Dieu, par le partage avec des frères et des sœurs chrétiens, autant de lieux qui aident à revenir toujours à la source même de l’amour qui vous est donné, et que vous voulez vivre. Car si cet amour est un don, il est aussi une responsabilité, fragile amour à prendre soin : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas », dit Jésus dans l’Evangile.
Pour vivre cette mission, Emeline et Sébastien, vous pouvez compter sur celui qui ne vous abandonnera jamais, qui sera toujours avec vous et à qui nous demandons aujourd’hui de bénir votre union : Dieu, lui-même. Il est un compagnon de route infatigable. Tournez-vous vers lui aussi souvent que vous le désirerez, il répondra toujours, à sa façon, pour votre bien.
Et comptez aussi sur nous tous, qui vous accompagnons aujourd’hui. Car si notre présence n’est là que pour la fête d’un soir ou d’une nuit, nous sommes bien malheureux et à plaindre ! Non, notre présence à vos côtés est engagement à faire la route avec vous, pour continuer la fête aux jours joyeux et vous encourager aux moments plus difficiles. N’est-ce pas ensemble, et partagé, que le bonheur peut être encore plus beau, grand et profond ?
Sébastien et Emeline, merci de nous avoir invités cet après-midi dans cette église d’Oriolles pour plonger ainsi avec vous à la source de votre amour et de tout amour, la source de cet amour – de Dieu – qui nous invite tous à risquer un jour toute notre vie, dans la confiance, la joie et la liberté du don de soi.
Amen
P. Benoît Lecomte
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