« S’il me manque l’amour, je ne suis rien », clame Saint Paul. Sans amour, nous ne sommes rien. En tout cas, l’amour vous a cueillis, Ophélie et Mickaël. Vous aviez 14 ans, étiez au collège, et n’imaginiez pas ce jour qui nous réunit. L’amour vous a cueillis sans que vous vous en rendiez compte, mettant du temps, son temps, à s’installer. Mais « l’amour prend patience », continue Saint Paul. Et il sait où il va. Il travaille les cœurs à travers nos histoires parfois sinueuses, mais ne nous lâche pas. On le perd, il nous fait des clins d’œil, continue de nous accompagner, « fait confiance en tout, endure tout »… et éclate au grand jour jusqu’à notre célébration de cet après-midi. « S’il me manque l’amour, je ne suis rien », mais l’amour est là, lui « qui ne passera jamais. »
En fait, il faut sûrement préciser. Notre amour, celui qui vient de nous, de notre cœur, est fluctuant. Lui, passe. Il peut passer, et nous le savons tous au plus profond de nous-mêmes. C’est folie que de s’engager à vie à deux, parce que nous ne savons pas de quoi demain sera fait et notre cœur peut basculer. L’on sait tous les efforts qu’il faut faire, en couple, pour entretenir la flamme de l’amour, non pas comme au premier jour, mais dans la nouveauté de chaque jour. Les paroles et les silences, les attentions multiples, les milles pardons à donner et à recevoir. Notre amour a besoin d’être entretenu, savamment, pour ne pas s’éteindre. Mais l’amour dont Saint Paul parle est un autre amour, qui ne vient pas uniquement de nos capacités humaines limités : il parle de l’amour qui vient de Dieu, de l’amour de Dieu. Et cet amour-là, oui, ne passe pas. Il est l’amour infini qui répond à toute la description qu’en fait Saint Paul. Et nous avons besoin de l’amour de Dieu pour vivre notre aventure humaine dans l’amour. Vous le savez, Mickaël et Ophélie, vous qui vous mariez aujourd’hui dans cette église. Saint Paul, encore, le disait en parlant de l’amour de Dieu : « recherchez avec ardeur les dons les plus grands. Et maintenant, je vous vous indiquer le chemin par excellence ».
La prière d’ouverture que vous avez choisie pour cette célébration et que nous avons entendue tout à l’heure va encore plus loin. Je la cite : « Seigneur, donne à Ophélie et Mickaël de s’aimer sans aucun égoïsme, pour qu’ils soient les témoins de ton amour. » Vous n’êtes pas seulement nourris et enracinés dans l’amour de Dieu qui fortifie votre amour, vous recevez également une mission : celle d’être témoin de cet amour de Dieu. Rien de moins que ça ! Dieu, aucun d’entre nous ne l’a vu de ses yeux. Mais à vous, il est désormais donné de le montrer, de le rendre visible, d’en être témoins. La qualité, la grandeur et la profondeur de votre amour, vécu dans la liberté, la fidélité, l’ouverture à la vie et pour toujours, nous révèle ce que nos yeux ne voient pas mais que nos cœurs espèrent : l’amour de Dieu pour nous. C’est une magnifique et impressionnante mission que le mariage confère à celles et ceux qui l’acceptent, mais une mission essentielle. Notre monde, souvent perdu et en prise à tant de violences, d’incompréhensions, de méfiance, et de bruit a tant besoin du témoignage de cet amour qui ne fait pas nécessairement de bruit, mais qui donne vie, joie et paix partout où il est accueilli.
L’évangile en parle mieux que moi-même. Ophélie et Mickaël, soyez sel de la terre et lumière du monde. Votre maison est déjà en haut d’une falaise, et probablement que lorsque la nuit les lumières de votre maison sont allumées, elles sont visibles depuis le lointain. De la même façon, que votre vie de couple marié « brille devant les hommes comme un lampadaire ». Pas seulement pour devenir un repère pour les autres, mais pour que, dit l’évangile, « les hommes, voyant ce que vous faites de bien, rendent gloire à votre Père qui est aux cieux. » On en revient à cette mission, où toute votre vie est désormais ordonnée à ce témoignage de l’amour de Dieu et de la présence du Père au milieu de nous.
Pour vivre cela, ne perdez pas votre saveur. Comme le sel qui n’est plus bon à rien s’il devient fade, ne devenez pas fades. Gardez la vitalité de l’amour de Dieu entre vous. Revenez puiser à la source de la prière, du silence, de la Parole de Dieu, de la fraternité avec d’autres chrétiens, pour nourrir le sel que vous êtes, pour lui garder sa force, pour qu’il puisse continuer à rehausser toutes les saveurs. Encore une fois, le monde a tant besoin de tels témoins. Soyez ces témoins de celui qui est plus grand que nous tous et qui nous aime tellement plus que ce que nous pouvons imaginer, mais que nous voulons croire et accueillir en vous regardant vous aimer et en étant à vos côtés.
Mickaël et Ophélie, encore merci de nous inviter cet après-midi dans cette église et de nous donner d’entendre cette belle Parole de Dieu qui vous rejoint dans ce que vous vivez et que vous voulez vivre encore longtemps. Et comptez sur nous pour être des compagnons de route et être avec vous pour vivre joyeusement cette mission jusqu’au bout.
Amen.
P. Benoît Lecomte
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