Homélie du la Vigile Pascale, par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 16 avril 2022

« Il s’en retourna chez lui, tout étonné de ce qui était arrivé. »

Et il y a de quoi être étonné !

Ce qui s’est passé cette nuit, ou plutôt cette annonce qui nous arrive du fond de la nuit, est à la fois sidérante, enthousiasmante, libératrice. Christ est ressuscité ! Ne nous habituons pas à cette nouvelle toujours neuve, comme elle l’est en cette vigile pour Aboubacar, qui va être plongé dans l’eau de la nouvelle naissance. Saint Paul le disait à l’instant : « Si, par le baptême qui nous unit à la mort de Jésus, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. Car, si nous avons été unis à lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne. » Si Christ est ressuscité et que nous sommes baptisés dans sa mort, nous vivons avec lui en hommes et en femmes ressuscités. Cela est toujours nouveau ! Ne pleurez plus votre passé, vous êtes vivants. Faites la fête, réjouissez-vous, aimez-vous, vivons dans la Lumière !

L’annonce de cette nuit change notre vie.

De la même façon que nous venons de réentendre toute l’histoire sainte qui nous mène à cet événement de Pâques, nous pouvons aussi relire toute notre histoire personnelle et toute l’histoire du monde. Nous pouvons facilement y voir tous les désenchantements, toutes les catastrophes, toutes les contrariétés, les injustices, les forces de l’égoïsme et du chacun pour soi se déployer à longueur du temps. C’est d’ailleurs ce qui est vendeur, ce qu’on nous sert à longueur de journaux. Notre tendance naturelle est souvent de chercher les morts, plutôt que les vivants parmi les morts. Il y a de quoi désespérer. Beaucoup de nos contemporains désespèrent et sont inquiets. Nous aussi peut-être parfois. Nous ne sommes pas naïfs, l’annonce de la résurrection de Jésus n’annule pas toutes ces forces de mal. Mais elle les assume et les dépasse. Mystère de Jésus revenu d’entre les morts : il n’a pas lui-même échappé à l’épreuve et à la mort, il les a assumés et dépassés. Dans la relecture de l’histoire à la lumière de la résurrection et de la force de Vie de Dieu, nous découvrons, ou nous comprenons non seulement que Dieu ne nous abandonne jamais, mais qu’il prend avec nous les chemins de notre histoire pour nous mener à l’accomplissement promis : la vie et le bonheur, la communion et la fraternité.

La résurrection de Jésus n’est pas un exploit physique ou une énigme de la nature. C’est, au milieu des nuits de ce monde et des fermetures de nos cœurs, l’ouverture à une espérance que nous n’espérions peut-être plus. C’est le message par excellence, la Parole définitive de Dieu à notre monde et à nous-mêmes. Cette Parole efficace qui dit « Je t’aime. » « Je t’aime » d’un amour infini que rien n’arrêtera, jamais. « Je t’aime » d’un amour qui change le regard. Un « Je t’aime » qui pardonne tout. Un « Je t’aime » qui viens nous chercher du plus profond de nous-mêmes pour nous donner vie. « Je t’aime » d’un amour qui change le regard. Un « Je t’aime » qui transforme – convertit – notre art de vivre dès aujourd’hui. Si nous sommes ressuscités avec lui, vivons vraiment en ressuscités. C’est-à-dire en hommes et en femmes habités au plus profond d’eux-mêmes de cet Amour tout-Puissant. En hommes et en femmes tellement aimés qu’ils ne sont plus mus par la peur, la tristesse et l’individualisme, mais par la confiance, la joie et l’ouverture à tous et à toute la création. Car la résurrection de Jésus – et avec elle, la nôtre – est événement cosmique. Elle prend tout. L’Amour a vaincu. Il a traversé l’histoire, il a traversé le mal, il a traversé nos égoïsmes et nos trahisons – les nôtres, celles du monde, celles de l’Eglise –, il a traversé la mort. Il éclate ce matin en pleine lumière : le tombeau est vide. Nous ne pouvons rester de marbre face à cet événement. L’étonnement du disciple de l’évangile est une première étape. Restons nous aussi étonnés de cette puissance d’Amour. Plus tard, et peut-être petit à petit, il nous faudra encore adhérer. Mettre notre foi en lui, prendre son chemin, accepter sa direction, nous laisser guider par lui.

            Aboubacar, c’est l’expérience que tu as déjà commencé à faire depuis que le Seigneur t’appelle à sa suite. C’est l’expérience que tu vas faire encore, comme chacun de nous, en recevant le baptême ce matin. Ce chemin prend toute la vie. Nous n’en finissons pas d’accueillir l’annonce de cette nuit. Et cette annonce n’en finit pas d’ouvrir le jour et la lumière devant nous et en nos cœurs.

            « Où es-tu ? », disait Dieu à Adam au jardin de la Genèse au premier jour de notre carême. Par sa désobéissance, Adam était comme mort au milieu du vivant. Nous voici maintenant à l’autre bout de l’histoire, dans cet autre jardin, celui de la mort traversée par la Vie. Et la question n’est plus « Où es-tu ? », mais « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? » Dieu n’est pas mort, il est vivant. Et toi, tu n’es pas fait pour la mort, tu es fait pour la Vie. Le monde n’est pas fait pour la mort, malgré l’actualité qui se déverse à nos oreilles et à nos yeux, il est fait pour la vie, la paix et la communion. Et nous, comme ressuscités et témoins de l’intérieur de nous-mêmes de la résurrection, avons notre part de confiance et d’espérance à apporter. Le jeu de cache-cache avec Dieu est terminé, il a gagné la partie, il nous a retrouvés au plus loin de nous-mêmes, il nous a réconciliés avec lui et nous voilà dans le grand face-à-face de l’Alliance qui ouvre tous les possibles. Levons les yeux en hommes et en femmes libres, répondons « Oui » à ce « Je t’aime de Dieu », répondons « Amen » par toute notre vie à cette annonce inouïe : Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !

Amen !

P. Benoît Lecomte

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