Homélie du dimanche 26 mai 2024, par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 26 mai 2024

« De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » Les mots sont lâchés, et notre dimanche leur est consacré : nous voilà plongés dans ce que nous nommons la Trinité. Dieu est l’Unique, et il est Trine. Il est Un, et il est Père, Fils et Saint-Esprit. Mystère qui nous parait parfois un peu obscure, difficile à expliquer… nous accueillons son affirmation, mais qu’en faisons-nous ? Croire en Dieu, ce n’est déjà pas si mal… pourquoi se compliquer la vie avec des choses aussi complexes ?

Parce qu’il ne s’agit pas tant de se compliquer la vie, que d’accueillir Dieu tel qu’il est. « Dieu, personne ne l’a jamais vu », dit Saint Jean dans sa lettre. Mais il se révèle à nous par Jésus, son Fils, qui nous laisse voir le visage du Père et nous donne son Esprit.

Parler de Dieu Trinité, c’est s’empêcher de parler de Dieu comme d’un objet hors sol, comme un en-soi, comme d’une réalité figée. C’est immédiatement comprendre qu’il est en Lui-même relation : relation entre le Père et le Fils, que l’Esprit unie comme en un souffle. Il n’est pas un Dieu immobile, que l’on pourrait dessiner sous la forme d’un triangle, par exemple, mais c’est comprendre qu’il est mouvant, vivant, vibrant. Qu’il est vraiment « amour », car l’amour est bien relation entre deux êtres qui vibrent ensemble et se choisissent et se rendent mutuellement libres.

Mais la Parole de Dieu ce matin nous entraine plus loin. Elle nous dit que nous ne sommes pas spectateurs d’un Dieu qui serait loin de nous, et que nous pourrions convoquer quand nous en avons besoin, ou laisser tranquille quand nous n’avons pas besoin de lui. Elle nous dit que nous « avons reçu un esprit qui fait de nous des fils – et des filles ; et que c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! », et que nous sommes donc enfants de Dieu. Autrement dit, annoncer que Dieu est Trinité, c’est non seulement croire qu’il est vivant d’amour, mais également qu’il nous entraine avec lui dans cet amour, faisant de nous tous ses propres enfants. C’est croire qu’il nous adopte comme des membres de sa propre famille, des « cohéritiers » avec le Christ. C’est croire qu’il n’est pas seulement loin de nous par sa toute-puissance d’amour, mais également le tout proche, le frère, l’ami, et même l’intime de nous-mêmes, pour nous rendre participants de sa vie divine. L’annonce – ou la découverte – de la vie trinitaire de Dieu est une révélation qui ne peut nous laisser de marbre, ni même dubitatifs, mais au contraire, pour peu que nous en saisissions au moins un soupçon, nous met en grande joie. Oui, notre Dieu nous adopte en nous offrant son Esprit, et par lui en devenant notre Père, et en nous donnant un frère, Jésus le Christ. La circulation, le mouvement, la vie que nous disions tout à l’heure être en Dieu, nous y sommes inclus, participants. Et nous voilà enfants de Dieu. « N’a-t-on jamais connu rien de pareil ? », dirait le livre du Deutéronome. Un « Seigneur qui est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre ; il n’y en a pas d’autre », continue-t-il.

Nous sommes baptisés au nom de ce Dieu qui vient nous aimer jusque-là, jusqu’à nous adopter comme ses enfants, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi baptisés, vous l’avez été il y a quelques années, vous qui faites aujourd’hui votre profession de foi, qui renouvelez, précisément, les promesses du baptême que vous avez reçu alors que vous ne saviez pas encore parler. Vous avez été plongés dans cet amour infini de Dieu pour en vivre, et vous reconnaissez aujourd’hui cet amour comme venant de Dieu. Si vous professez votre foi avec des mots, les vôtres mêlés à ceux que l’Eglise nous a transmis, vous ne professez pas l’adhésion à un dogme, à une formule mathématique, à l’énoncé d’un problème, ni même à celui d’une solution. Vous professez votre foi comme l’expérience d’une liberté qui vous fait grandir et devenir vous-mêmes, parce que pleins de l’amour d’un Dieu qui vous rejoint et vous adopte à chaque instant comme ses propres enfants.

Sûrement cela rejoint-il l’invitation de Jésus de faire de toutes les nations des disciples. Il ne s’agit pas tant de rechercher un maximum d’adhérents à l’association « Eglise », ou de faire des adeptes d’un concept théologique un peu abstrait, que de proposer aux femmes et aux hommes de notre temps d’entrer dans l’expérience infiniment mystérieuse d’un amour qui nous dépasse et nous élève, en nous rendant la liberté de ceux qui vivent de l’Esprit de Dieu.

Cette expérience est infinie, et nous n’aurons jamais fini de la comprendre. En ce dimanche de solennité de la Trinité, vous qui professez votre foi, comme nous qui reprendrons avec vous le credo tout à l’heure, nous sommes invités à approfondir, avec notre tête, notre intelligence, et aussi notre cœur et toute notre existence, notre relation au Dieu d’Amour. A le découvrir non comme un être lointain, mais comme Dieu-proche-de-nous, Dieu-avec-nous, l’Emmanuel. Et à vivre toute notre vie au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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