Lilio, Jules et Anna, dans un instant, vous allez être plongés dans l’eau du baptême. Vous allez être révélés enfants de Dieu, devenir vivants de la vie de Dieu. Cette plongée dans l’eau est le geste principal et essentiel du baptême. Comme une mort et une résurrection, c’est le mystère de Pâques, de la Pâque du Christ, qui s’accomplit en vous, dans votre histoire, dans votre existence. Mais va suivre ensuite un autre geste, un autre rite, plus discret, qui donne une autre dimension à cette histoire qui débute pour vous avec Dieu : vous allez être marqués d’une huile sainte et parfumée, que l’on appelle le Saint Chrême (chrême, de chrismation, Christ). Et ce geste rejoint le Mystère et la fête que nous célébrons aujourd’hui avec toute l’Eglise : la Pentecôte. Parce que l’onction de cette huile sainte dit le don de l’Esprit Saint en vous, comme les apôtres l’ont reçu dans le récit du livre des Actes des Apôtres que nous avons entendu. Les lectures ce matin nous parlent de cet Esprit Saint et nous disent en quoi il vient transformer nos vies – et vos vies, Lilio, Jules et Anna.
D’abord, avec les Apôtres, nous voyons que cet Esprit fait quitter les peurs. Les apôtres, enfermés jusque-là, sortent de leur cachette et se mettent à proclamer les merveilles de Dieu à toutes les nations, chacun les comprenant dans sa langue maternelle. L’Esprit de Dieu n’est pas un esprit qui fait de nous des peureux, des tièdes, des fades, mais il est un Esprit de force, d’audace, de courage, de puissance, qui nous donne de vivre l’Evangile et d’en témoigner sereinement, joyeusement et avec assurance à tous ceux que nous rencontrons. Car la Bonne Nouvelle du salut de Dieu ne peut être enfermé comme dans un bocal : il est pour tous !
Mais il y a plus. L’Esprit Saint n’est pas seulement un booster pour gens fatigués ou peureux. « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels
par son Esprit qui habite en vous », disait Paul dans sa lettre aux Romains. Autrement dit, cet Esprit de Dieu est capable de nous ressusciter. Non seulement après notre mort terrestre, mais sûrement déjà aussi dès maintenant ! Car il n’attend pas pour nous donner sa vie, il ne cesse de nous la donner, dès le premier jour et de toute éternité. Et par lui, nous ressuscitons nous aussi, pour une vie de toute éternité en Dieu.
En continuant la lecture de la même lettre, nous découvrons encore un fruit de cet Esprit de Pentecôte : « Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit
que nous sommes enfants de Dieu. » L’Esprit nous offre d’être à la fois libres, et de reconnaître Dieu pour Père, et donc de nous découvrir enfants de Dieu ! Le baptême que nous recevons n’est pas une simple protection divine contre le mal, mais par l’Esprit Saint, nous devenons enfants de Dieu, nous reconnaissons avoir Dieu pour Père, nous pouvons l’appeler « Abba », c’est-à-dire non pas seulement « Père », mais quelque chose de beaucoup plus tendre et familier, comme « papounet ». Je ne sais pas si vous appelez fréquemment Dieu de la sorte, mais il suffit de le faire quelques fois pour comprendre la proximité que Dieu nous offre avec lui, par son Esprit.
Il y aurait encore 1000 choses à dire, mais regardons seulement un autre détail pioché dans l’Evangile : « L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » L’Esprit Saint nous donne de devenir des témoins de la résurrection de Jésus et de sa Parole qui traverse les âges. Il est comme notre « Défenseur » qui nous entraine dans des relations à la fois de justice et d’amour, pour réaliser le projet de Dieu de ne faire plus qu’un seul peuple. Nouvelle conséquence de l’Esprit de Dieu reçu en Eglise : il fait de chacun de nous un élément essentiel de la construction, parce que nous sommes différents des uns et des autres, mais que notre joie la plus profonde est d’arriver à vivre de la communion et de l’accueil de chacun.
Dans le monde autant fracturé et inquiet que nous connaissons aujourd’hui, fêter la Pentecôte est un acte d’espérance, recevoir l’Esprit Saint en soi est un acte prophétique d’une autre réalité possible. Par lui, nous sommes ressuscitons, nous sommes libres, nous nous reconnaissons enfants d’un même Père, nous n’avons plus peur de vivre et d’annoncer notre foi, nous devenons porteurs de l’Amour de Dieu et de sa Bonne Nouvelle, nous entrons dans des relations de communion, et partage et de paix entre nous et avec tous les hommes.
Merci, Lilio, Jules et Anna, de nous rappeler, par l’onction que vous allez recevoir, la grâce de cet Esprit en nous, en ce jour de Pentecôte.
Qu’avec la grâce de Ton Esprit, Seigneur, nous puissions « faire fructifier les semences de l’Evangile qui font grandir l’humanité et la création toute entière. »
Amen.
P. Benoît Lecomte
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