Homélie du 7 septembre 2025, par le P. Maxime Petit

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 7 septembre 2025

Chers frères et sœurs,

          En ce début d’année scolaire, alors que nous courrons un peu partout pour relancer la machine après deux mois d’été, nous aurions bien aimé que Jésus nous donne des paroles de réconfort, de soutien, pour mener à bien les multiples tâches que nous avons à accomplir. Mais, vous le constatez comme moi, ce n’est pas du tout ce qui nous est donné d’entendre ce soir. Loin de nous brosser dans le sens du poil, l’évangile vient plutôt nous secouer. Avec des mots choisis, Jésus nous interdit de nous reposer sur nos lauriers. J’ose à peine le citer pour ne pas vous faire fuir : « celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut être mon disciple ». Comme un glaive à deux tranchants, Jésus débusque nos petites compromissions. Il les découpe en petits morceaux et nous pose un ultimatum : « tu veux être mon disciple ? Alors préfère-moi à tous les membres de ta famille, porte ta croix et renonce à tous tes biens… »

          Avouons-le, chers frères et sœurs, dans une société qui manque cruellement de mesure, nous aurions préféré que Jésus se fasse chantre de l’équilibre. D’autant plus que nous autres chrétiens, nous nous targuons souvent d’être des modérés, par opposition aux radicaux qui fleurissent dans bien des religions. Avec un tel évangile au frontispice de notre année, nous ne pouvons pas porter jusqu’au bout cette affirmation. Bien que cela nous brûle un peu le cœur, nous devons porter nous aussi une forme de radicalité : suivre le Christ jusqu’au bout en portant notre croix à sa suite.

          Comme pour tout ce qui est radical, notre premier réflexe est de rechigner. Comment Jésus peut-il nous appeler à le préférer aux membres de notre famille ? Ne nous appelle-t-il pas ailleurs à nous aimer les uns les autres… Comment peut-il nous demander de renoncer à tous nos biens ? Ne sont-ils pas nécessaires pour accomplir la mission qu’il nous confie dans nos métiers, nos associations et dans la société…

          Je crois, chers frères et sœurs, sans atténuer en rien la radicalité de cet évangile, qu’il ne faut pas nous méprendre. Jésus ne nous dit pas de détester la compagnie des autres pour n’aimer que lui. Il ne nous demande pas non plus de donner tous nos biens aux pauvres et de vivre dans le dénuement le plus total. Son appel est plus précis si on veut bien l’entendre. Il nous appelle à le PREFERER et à RENONCER à ce qui nous appartient.

          Autrement dit, Jésus rend toutes les choses de ce monde relatives. Car LUI SEUL, le Dieu fait homme, est ABSOLU. LUI SEUL est le commencement et la fin, l’alpha et l’oméga, le principe et le terme. Et tout le reste, y compris nos relations humaines les plus intimes, les biens les plus nécessaires à notre subsistance, n’est que relatif à lui, le but ultime de notre vie.

          Alors vous vous dites peut-être qu’en demandant cela, Jésus est un peu mégalo, qu’il rapporte tout à lui comme un enfant capricieux. Ce serait vrai s’il le faisait pour son propre compte, pour en tirer une gloire personnelle. Mais en réalité, il n’en est rien ! Je crois profondément, chers frères et sœurs, que si Jésus nous lance un tel appel, c’est parce qu’il sait pertinemment que ce n’est qu’ainsi que nous pourrons être vraiment libres. Car tout attachement excessif aux choses de ce monde finit tôt ou tard par nous asservir.

          De ce point de vue, Jésus se place dans la droite ligne des prophètes de l’Ancien Testament. Mieux, il continue l’appel incessant de Dieu à ne pas se faire d’idole. Mais dans l’évangile de ce jour, il ne se contente pas de répéter ce qui a déjà été dit. Il précise cet avertissement en nous rappelant que les idoles ne sont pas seulement de petites statuettes représentant des petits dieux. Il insiste sur le fait que notre cœur blessé est tout à fait capable de se faire des idoles à partir de tout ce qui lui tombe sous la main. Il peut même pervertir ce qu’il y a de plus beau, c’est-à-dire les relations familiales ou conjugales. On connaît tous un jeune couple qui vit sa relation de manière si fusionnelle que les tourtereaux s’asservissent l’un l’autre au point de se refermer sur eux-mêmes. On connaît tous une relation mère-fille un peu toxique qui s’étouffe et qui éclate à intervalles réguliers. Enfin, on connaît tous au moins une personne qui est tellement agrippée à son smartphone qu’elle ne peut s’empêcher de le sortir même au cinéma ou pendant un repas de famille.

          Je crois que c’est pour combattre ces enfermements, ces esclavages sournois, que Jésus utilise aujourd’hui des mots si forts. En nous demandant de ne rien préférer à lui, y compris nos relations familiales, les objets qui nous appartiennent, et même notre propre vie, Jésus nous permet de sortir la tête de l’eau. Il nous lance un défi pour s’assurer que nous ne sommes pas esclaves de ce monde et que notre vie présente ne nous empêche pas d’avancer vers le Ciel qui est notre véritable patrie.

          Alors, chers frères et sœurs, au lieu de rechigner face à un évangile qui semble manquer de mesure, si nous relevions le défi qui nous est lancé pour nous assurer que nous sommes bien libres.

          Pour ce faire, je propose à tous ceux qui le voudront bien, de faire de cette semaine un temps privilégié pour s’interroger sur ce qu’il préfère dans ce monde. Est-ce son conjoint ? Ses parents ? Son métier ? Sa passion ? Son smartphone ? Son ordinateur ? ou encore, de manière plus subtile : ses petites habitudes ? Son moment tranquille devant son jeu télé préféré ? Son café de 7h23 en écoutant une chronique radio ? Sa petite messe sur KTO ? Faire ses mots croisés confortablement installé dans son canapé en refusant toute sollicitation ?

Tout cela n’est évidemment pas mauvais en soi, bien au contraire ! Mais ces habitudes, ces petites manies, me permettent-elles d’être ouvert à l’accueil de Dieu dans ma vie ? Pour m’en assurer, l’opération est simple : suis-je capable de les abandonner pour prier un quart d’heure ou pour me mettre au service de mon prochain qui a besoin de moi ?

Comme le rappelle Jésus, ces petits sacrifices sont parfois douloureux, ce sont des croix qui parsèment notre vie chrétienne. Cela n’a d’ailleurs rien d’étonnant puisqu’il n’y a rien de plus difficile que de vivre vraiment librement. Cependant, nous le savons, le jeu en vaut la chandelle. Car c’est la condition pour vivre avec intensité la vie qui nous est offerte. « Amen, je vous le dis, dit ailleurs Jésus, nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps-là déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle ». Alors chers frères et sœurs, demandons au Seigneur, au cœur de cette Eucharistie, d’être pour nous le ferment de la vérité qui rend libres ; d’être pour nous le Pain qui nous conduit à la vie éternelle. Amen.

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