(1er dimanche de l’Avent, entrée en catéchuménat de Fleur-Anne, Norah et Emma)
Avec cette messe, commence pour nous le temps de l’Avent. Nos yeux sont déjà tournés vers Noël. 4 dimanches, 4 petites semaines pour nous préparer à la célébration d’un événement inouï : la venue de Dieu en notre monde, la venue de Dieu parmi nous en Jésus Christ. Non pas en un autre monde dont nous rêverions, mais en l’humanité telle que nous la connaissons et la vivons.
4 petites semaines pour préparer nos cœurs à le recevoir. A le recevoir non seulement le jour de Noël, mais à le recevoir chaque jour. 4 semaines pour aiguiser nos yeux, nos oreilles et tous nos sens à le chercher au cœur du monde, au secret de nos vies, et à le laisser les transformer. Car il ne s’imposera pas telle une évidence à laquelle nulle contradiction ne saurait répondre. Il se proposera, toujours, dans la liberté de l’accueil que nous lui faisons. Dieu peut être si discret que nous pouvons facilement le louper. Qui le reconnaitra dans un enfant couché dans une mangeoire, ou dans un condamné à mort sur une croix, ou présent dans un bout de pain et une coupe de vin ? Rappelez-vous « aux jours de Noé, avant le déluge : on mangeait, on buvait, on prenait femme et on prenait mari… les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis. » Pareillement, nous pouvons vivre notre quotidien sans nous douter de rien. Noël approche pourtant. Non pas la fête, mais le Mystère de la réalité que nous y célébrons : l’humain a pour vocation d’être lieu de Dieu, son sanctuaire, sa demeure. Encore faut-il y être attentif et veiller.
Fleur-Anne, Norah et Emma, vous avez entendu cette petite voix, à l’intérieur de vous-même. Elle vous a fait vous mettre en route, peut-être sans trop savoir où vous alliez, mais dans l’audace et la confiance. Ce matin, au milieu de nous, vous vous présentez à l’Eglise et demandez notre prière et notre fraternité pour continuer la route. Le signe que nous avons déployé sur vous tout à l’heure est riche : tous vos sens ont été marqués du signe de la croix : la tête, les yeux, la bouche, les oreilles, les épaules, le cœur… pour que tous vos sens continuent d’être en éveil, en attention, en accueil de Celui qui vous appelle et qui vient à vous. Je voudrais vous remercier de votre présence parmi nous ce matin et de ce signe que vous nous donnez. Je voudrais que chacun de nous, au début de cet Avent, nous puissions nous aussi, comme nous l’avons vu sur Fleur-Anne, Norah et Emma, marquer tous nos sens du signe de la croix, pour ouvrir toute notre existence à ce chemin vers Noël. Si nous ne le faisons pas tout de suite, je vous propose que nous le faisions un peu plus tard, dans le calme et la prière, dans la journée, chez nous. Avec Fleur-Anne, Norah et Emma, ouvrons, nous aussi, tout notre corps et notre existence à Celui qui nous appelle et qui veut nous rejoindre.
Noël se prépare parce que les grands événements se préparent. Ces derniers jours, à longueur de journaux, nous avons entendu qu’il faut nous préparer à la guerre : on relance les industries d’armement, on propose un service militaire, on nous fait entendre une douce musique nous habituant à un conflit armé inéluctable. Dans ces temps qui s’ouvrent, nous voulons nous préparer, nous aussi, mais pas à la guerre. Au contraire, nous voulons préparer nos cœurs à accueillir le Prince de la Paix. « De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre », disait Isaïe 8 siècles avant Jésus. « C’est le moment de sortir de votre sommeil, renchérit Saint Paul, rejetons les œuvres des ténèbres, revêtons-nous des armes de lumière. » Et le psaume ne cesse d’appeler à la paix. De façon incertaine, la guerre peut arriver. Mais de façon certaine, le Prince de la Paix vient. Ce temps de l’Avent nous donne d’apprendre à l’accueillir, en nous et pour notre monde, pour que nous soyons un peuple qui « marche à la lumière du Seigneur » et qui offre cette lumière de paix et d’espérance à toutes les nations.
Pour nous entrainer et nous préparer ensemble, pour veiller et ouvrir nos cœurs et notre existence à ce Mystère de Dieu capable de devenir Homme et de l’Homme capable de la vie divine, plusieurs initiatives nous sont proposées : prier ensemble les vêpres tous les dimanches soir, pour entrer dans l’intimité de Dieu, dans la veille de la prière ; partager des photos de nos crèches, pour nous encourager à faire de nos vies des crèches ; accueillir et diffuser la Lumière de la paix de Bethléem, cette paix si fragile et nécessaire ; chanter ensemble à l’occasion d’un concert, pour vibrer à l’unisson ; recevoir le pardon de Dieu dans le sacrement de la réconciliation, pour être renouvelés dans une communion plus vive… vivre chaque instant comme si c’était ce moment unique où le Seigneur, par la prière, la charité fraternelle et le regard d’espérance, vient transformer nos vies.
Maintenant, commence le temps de l’Avent. Il ne s’agit pas d’un temps d’attente passive ni d’une préparation extérieure à une grande fête. Il s’agit d’entrer dans les dispositions intérieures pour découvrir de quel amour Dieu nous aime. « La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche… » Sans plus attendre, « revêtons-nous du Seigneur-Jésus Christ. ». Et déjà, accueillons sa Présence transformante et réveillante dans sa Parole et son Eucharistie.
Amen
P. Benoît Lecomte






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