Homélie du 3 décembre 2023, par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 3 décembre 2023

Noël, déjà bientôt !

Mais pas tout de suite. Ouf ! Nous ne sommes pas prêts.

Et ce n’est pas uniquement une question de billets de train, de réveillon, de déco ou de cadeaux. Il faut nous préparer. Nous préparer au plus important : à la venue du Sauveur en notre monde, en notre vie. Avec le début du temps de l’Avent, notre regard sur lève vers le ciel, comme celui du psalmiste : « Dieu de l’univers, reviens ! Du haut des cieux, regarde et vois : visite cette vigne, protège-la, celle qu’a planté ta main puissante. » Oui, Seigneur, vient en notre monde, toi, le Prince de la Paix. Regarde ce monde que tu aimes : il est tant marqué de violences, de tensions, de peurs. Nous ressemblons au peuple du livre d’Isaïe : « Pourquoi, Seigneur, nous laisses-tu errer hors de tes chemins ? Pourquoi laisser nos cœurs s’endurcir et ne plus te craindre ? » Mais avec toi, nous l’espérons, vient la promesse de la paix.

            « A vous, la grâce et la paix, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ », annonce justement Saint Paul dans une adresse pleine d’éloge et d’encouragements à la communauté de Corinthe parce que ses membres ont « reçu la grâce que Dieu leur a donnée », jusqu’à « la connaissance de Dieu », même s’ils attendent « encore de voir se révéler le Seigneur Jésus-Christ. »

            C’est cette grâce que nous voulons apprendre à accueillir tout au long de cet Avent. Jusqu’à la « connaissance de Dieu ». Mais pour arriver à cette connaissance, il va falloir nous désencombrer de tout ce que nous croyons connaître de Lui, de tout notre imaginaire à son sujet. De toutes les images de Dieu que nous portons en nous. De tous les « ouï-dire », disions-nous lors des rencontres sur le sacrement du pardon, qui nous éloignent de la vérité de Dieu. Pour le recevoir tel que Lui est. Apprendre à le reconnaître tel qu’on ne l’attend pas. Être tout autant étonnés, comme on le voit encore dans Isaïe : « Jamais on n’a entendu, jamais on n’a ouï dire, nul œil n’a jamais vu un autre dieu que toi agir ainsi pour celui qui attend. » Jusqu’à le reconnaître vraiment dans cet inattendu qu’est l’Enfant de la crèche… Jusqu’à le reconnaître dans l’inattendu qu’est le visage de l’autre.

            Cet apprentissage demande toujours du temps. Sûrement toute la vie. Et il nous demande de rester éveillés, comme Jésus le dit dans l’Evangile. Rester éveiller, ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas dormir. La privation de sommeil est une torture connue par les tortionnaires, et qui mène à la folie. Et l’on sait comme on est mal quand on n’arrive pas à dormir ou quand on souffre d’insomnies. Ce n’est pas cela que Jésus nous propose. On se souvient de ce que dit l’amante dans le Cantique des cantiques (5, 2) : « Je dors, mais mon cœur veille ! » Il ne s’agit pas de ne pas dormir, mais de rester le cœur en alerte, attentif, pour ne pas louper le moment.

            Quel moment ? Le moment où le maître de la maison revient, dit l’Evangile. C’est-à-dire le moment de l’advenue du Seigneur. L’irruption de Dieu dans nos vies. Quand Dieu fait-il irruption dans ta vie ? Et comment le reconnais-tu, lui qui arrive sous des traits si inattendus ? Voilà le projet du temps de l’Avent. La conversion du cœur à vivre. La transformation du regard.

            Nous nous tournons vers Noël, et la fête de cette naissance. Et la préparation de cette fête nous invite à avoir le cœur en veille jusqu’à « la connaissance de Dieu », jusqu’à le connaître. On pourrait dire, en décomposant le mot : jusqu’à co-naître, jusqu’à naître-avec-Lui. La veille n’est pas une veille uniquement extérieure à nous-mêmes. Elle est aussi veille de ce qui se passe en nous-mêmes, de nos mouvements intérieurs, de ce qui fortifie la paix en nous, de ce qui nous ouvre aux autres, de l’accueil de la grâce, pour tout orienter vers ce Dieu qui mystérieusement vient à nous, et nous fait naître à notre humanité. Le temps de l’Avent ouvre notre cœur à la vérité de Dieu, et ce chemin, va nous amener, dans un même mouvement, à découvrir la vérité de qui nous sommes. Dynamique de l’incarnation, qui veut que Dieu se donne à l’Homme pour que l’Homme découvre sa propre divinité et y soit élevé. Le temps de l’Avent nous prépare à une double naissance : celle de Dieu en nous, et la nôtre en Dieu.

            Bientôt Noël, mais le chemin ne fait que commencer. Ne le faisons pas seul. Vivons-le en Eglise, par toutes les rencontres qui nous sont proposées, en paroisse notamment, et elles sont nombreuses, en plus des rencontres ordinaires : le programme du Fraternel est riche, et nous prierons tous les dimanches soirs l’office des vêpres en priant pour la Paix. Vivons-le par la fraternité : avec nos plus proches, ceux que nous croisons sans toujours faire attention à eux. En habituant notre cœur et notre regard à voir au-delà de ce que nous voyons. En étant attentifs à ceux que nous ne remarquons pas, et à notre planète, don de Dieu si fragile. Vivons ce chemin avec le Seigneur lui-même. « C’est lui qui vous fera tenir fermement », disait encore Saint Paul. « Car Dieu est fidèle. » Nous sommes l’argile, c’est lui qui nous façonne : nous sommes l’ouvrage de ses mains. »

            Veillons ! Le cœur grand ouvert. Il vient, Celui que nous attendons et vers qui nous voulons aller. Préparons-nous, à chaque instant, pour le rendez-vous !

Amen.

P. Benoît Lecomte

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