Homélie du 26 novembre 2023, par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 26 novembre 2023

Il est Roi. C’est avec ce titre que nous célébrons le Christ en cette eucharistie. Roi de l’univers. Le terme fait un peu penser à un super héros de dessin animé. On pourrait l’imaginer vêtu d’une grande cape, volant à travers l’espace, à travers l’univers, imposant sa royauté.

Le prophète Ezéchiel fait capoter notre cinéma intérieur. Voilà l’annonce de notre roi sous les traits d’un berger qui prend soin de ses brebis, pansant celle qui est blessée, redonnant force à celle qui est malade, allant chercher celle qui est perdue, veillant à ce que les plus grasses et les plus vigoureuses ne prennent en nourriture uniquement ce dont elles ont besoin. Drôle de roi, loin des images que nous nous faisons des princes de ce monde.

Et l’Evangile va encore plus loin. Voici que ce roi s’identifie à celui qui a faim, à celui qui a soif, à celui qui est nu, à celui qui est malade, au prisonnier, à l’étranger… on peut croire que la liste n’est pas exhaustive. Le roi, est le dernier. Il a pris la dernière place. Celle de celui que nos sociétés rejettent, ne veulent pas voir, dont elles détournent le regard, dont elles veulent se protéger, dont elles ont peur. Son château est une cellule, une chambre d’hôpital ou une barque trop légère en pleine méditerranée. Son trésor, une main tendue pour faire l’aumône. Sa cuirasse, quelques guenilles récupérées dans une poubelle. Son festin, un goutte-à-goutte sous perfusion. Voilà le roi. Le roi de l’univers. Sa loi est celle de l’amour. De l’amour qui ne s’impose pas : le roi ne publie pas de décret. Il ne s’annonce pas. Il ne commande pas. S’il s’était fait reconnaître, ceux qui l’ont loupé en ne donnant pas à manger ou à boire, en n’accueillant pas, en ne soignant pas, ne l’auraient pas loupé. Mais il ne se fait pas remarquer. Ou plutôt : on ne le remarque pas. On ne l’attend pas là, lui, le roi de l’univers. Eloge de la gratuité. Invitation à l’ouverture du cœur la plus grande possible. Non pas pour le servir lui, dans le visage du pauvre ! Mais pour servir le petit et le pauvre dans son humanité, dans sa dignité la plus inaliénable. Et c’est à lui que le Roi, le Christ, s’identifie. L’inverse, la reconnaissance du Roi dans le visage du pauvre, obligerait. Cela rendrait l’autre redevable, lié par une dette. Dieu n’oblige pas, et nous n’avons à lier personne par une quelconque dette. La loi du Roi de l’univers, c’est l’amour gratuit, la gratuité de l’amour. Là est la révolution de son Royaume. Ses disciples n’ont qu’à suivre l’exemple, et se donner, simplement, gratuitement, par amour.

Car si le roi est victorieux, si la fin est promise à la joie, lorsque tout le troupeau sera rassemblé, lorsque tout sera récapitulé et que le roi aura tout remis entre les mains du Père, si la fin, donc, est joyeuse, le Royaume est à construire. Patiemment. Chaque jour. Et ce rôle en revient aux disciples. A nous, qui nous reconnaissons, plus ou moins et selon les jours, dans les chèvres et les boucs de la parabole. Jugement du quotidien, de l’humble quotidien, de toutes nos relations. Nous pouvons êtres sûrs de la victoire du Roi, encore faut-il nous mettre au travail pour faire advenir avec Lui le Royaume. Face aux défis de notre monde, où en sommes-nous de nos mouvements intérieurs, de notre cœur, de notre volonté, de notre action ? Sommes-nous blasés, découragés, inattentifs, paralysés par la peur, ou au contraire créatifs, joyeux, ingénieux, enthousiastes ?  Ce dimanche est la Journée Mondiale des Jeunes, célébrée dans tous les diocèses du monde. Le pape leur a écrit un message dont je cite ces mots : « Face aux drames de l’humanité, en particulier à la souffrance des innocents, nous aussi demandons au Seigneur, comme nous le prions dans certains Psaumes : “Pourquoi ?” Or, nous pouvons faire partie de la réponse de Dieu. Créés par Lui à son image et à sa ressemblance, nous pouvons être une expression de son amour qui fait naître la joie et l’espérance même là où cela semble impossible. » L’invitation faite aux jeunes nous rejoint tous, comme en écho à la parabole de l’évangile.

Elle est là, la grande victoire du Roi de l’univers. Le psaume l’évoquait : il est celui qui nous « fait passer les ravins de la mort ». Saint Paul la proclame : « le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis »… Et c’est « dans le Christ que tous les hommes recevront la vie. » C’est elle, la victoire du Christ qui lui donne d’être Roi de l’univers : la résurrection, par laquelle il est passé et à laquelle il invite tous les hommes. La résurrection qui anéanti le péché, et avec le péché, la mort. Par la victoire du Christ sur la mort, nous sommes libérés du péché, de tout ce qui nous retient loin de l’amour, de tout ce qui nous coupe de l’amour gratuit et de la construction du Royaume. Sa victoire est là : par sa résurrection, il nous emmène à la vie de tout amour, à la vie de l’amour du Père. Jusqu’à ce que « Dieu soit tout en tous ».

            Christ est Roi de l’univers. Il a vaincu la mort et nous entraine à sa suite. Dans le mystère et la joie de participer à sa résurrection et à sa victoire, construisons avec lui son Royaume, un royaume de fraternité universelle, où l’amour se donne sans compter, gratuitement, infiniment.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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