Homélie du 25 juin 2023, par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 25 juin 2023

« Rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu. » L’heure est à la grande transparence, à la télé pseudo-réalité qui nous fait croire à la « vraie vie » parce qu’elle ne cacherait rien. L’heure est aussi au dévoilement de ce qui était tenu dans le silence, pour le meilleur et pour le pire. Notre société brûle de tout montrer, de tout savoir, de tout connaître. Et le verset de l’évangile pourrait ne pas apparaître comme une bonne nouvelle. Non, je n’ai peut-être pas envie que tout de moi soit dévoilé, connu, étalé. Oui, j’ai droit à mon intimité, à mon jardin secret, à mes questions personnelles. Les fiancés tout amoureux qui se présentent pour se marier et disent « ne rien se cacher » savent qu’ils mentent au moins un peu. Il y a des choses qu’on ne dit pas, qu’on n’ose pas faire. Ou qu’on a peur de dire ou faire. Qui serait ce Dieu qui imposerait à chacun de nous une mise à jour publique de notre intimité ? Quel respect de notre cheminement, de notre histoire, de notre rythme, de nos tâtonnements ?

Deux aspects peuvent nous faire entendre cette parole d’Evangile comme Bonne Nouvelle.

Le premier nous dit l’amour que Dieu a pour nous. Nous n’avons rien à craindre devant lui. Nous pouvons craindre le regard des autres. De nos parents, de nos enfants, de nos proches, de la société, même de l’Eglise, parfois. Nous pouvons passer du temps à « calculer » ce qu’il faut dire et ne pas dire, faire et ne pas faire. Parce que nous avons peur du jugement, du rejet, de la moquerie, de ne pas répondre aux « canons » attendus, de décevoir, de choquer, de ne pas être aimable, etc. Mais dans le regard de Dieu, qu’avons-nous à craindre ? « Même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux. » Il est comme ça, le cœur de Dieu : plein d’amour et de miséricorde, sans jugement ni condamnation. Il est un lieu de vérité et de liberté. Liberté d’être soi, en toute vérité, avec ses lumières et ses ombres. Tu peux t’y reposer sans masque, sans calcul, sans maquillage. Sans aucune crainte. Il est celui « qui vois les reins et les cœurs », disait le prophète Jérémie du fond de sa détresse. Et le Seigneur est là, qui relève, pardonne, réchauffe, encourage, relance la marche. Avec lui, tu n’as rien à cacher, rien à voiler. Tu peux être toi-même, et c’est ainsi que le Seigneur t’aime et te fait grandir.

La deuxième façon d’entendre ce verset comme une Bonne Nouvelle est l’encouragement à annoncer, justement cette Bonne Nouvelle. Malgré les oppositions que cette annonce peut faire naître, malgré les complications, les incompréhensions qui peuvent exister. Conformer notre vie à l’Evangile peut nous inviter à un « art de vivre » du moins étonnant aux yeux des autres, parfois vu comme une folie, une naïveté, ou que sais-je encore. Mais cette Bonne Nouvelle est Nouvelle divine et vient toucher le cœur de chacun. Autrement dit, elle continuera sa course, toujours. A la suite de Jésus Christ, qui sait jusqu’où cette annonce peut mener et le mènera, nous pouvons prendre notre part en parole et en action. Nous pouvons annoncer l’absolu nouveauté du Christ, l’inimaginable amour de Dieu, la folie radicale de l’Evangile. Sans la tronquer. Sans la réduire. Sans la brader. Car elle se révèlera nécessairement un jour dans toute sa splendeur, dans toute sa lumière, dans toute sa puissance de salut. « Ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. » Non pas de façon péremptoire – l’Eglise n’a que trop souffert de cette posture anti évangélique –, ni autoritaire, ni intolérante, mais en vivant déjà de l’amour qui va jusqu’au bout, jusqu’à « aimer ses ennemis », disait Jésus ailleurs, dans l’abaissement le plus bas, dans la miséricorde la plus grande, dans la confiance la plus absolue en notre Père à tous.

L’Evangile de ce jour nous invite à la simplicité de vie et à la vérité de ce que nous sommes. Sans crainte. Sans peur. Sans filtre, sauf celui de l’amour infini. Il nous invite à être nous-mêmes, dans la beauté complexe de ce que nous sommes, et dans la suite du Christ qui nous invite à vivre et annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus. « Sois toi-même ». Ne joue pas un personnage devant les autres pour te cacher à leurs yeux, ne tait pas ta foi et ce qui fait vivre ton intériorité, pensant échapper aux remarques des autres. Sois toi-même, dans la liberté et la vérité que le Père a fait de toi et qu’il t’invite à devenir chaque jour : une fille, un fils du Père, follement aimé de Lui et vivant aujourd’hui pour partager cet amour avec toutes celles et tous ceux qui partage cette terre.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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