Homélie du 24 octobre 2021 par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 24 octobre 2021

« Il nous est impossible de taire ce que nous avons vu et entendu. » Tel est le thème de la semaine missionnaire qui s’achève ce dimanche, repris d’une phrase de Pierre dans les Actes des Apôtres (Ac 4,20). Nul doute que l’ancien aveugle Bartimée aura pris à son compte cette exclamation, lui dont la vie a été transformée par sa rencontre avec Jésus. A la fin de cette semaine missionnaire mondiale, peut-être que cette page d’Evangile peut nous aider à mieux comprendre ce qu’est la mission et ce qu’elle engage pour nous tous.

Jésus fait appeler l’aveugle et s’adresse à lui. Il s’adresse à celui qui est infirme, handicapé, mis au banc de la société, au bord du chemin. A celui qui est compté pour rien et qu’on rabroue, même, pour le faire taire. C’est lui que Jésus entend. Il entend son cri, il entend sa voix, il entend sa supplication « Prends pitié de moi ! » Première leçon missionnaire. Entendre et écouter la voix de ceux qu’on n’entend pas et même qu’on fait taire. Entendre et écouter la voix de ceux qui sont mis de côté. Entendre « la clameur des pauvres. » Ils sont nombreux, celles et ceux d’aujourd’hui qui ressemblent à l’aveugle de l’évangile. Malades, ou âgés, défavorisés financièrement, culturellement, socialement, migrants, coupés du monde par manque de connexion internet ou de moyen de déplacement, passant sous un certain nombre de dispositifs. Plus largement encore, combien de nos contemporains sont aussi touchés par l’amertume, le désenchantement, la peur devant l’incertitude du lendemain, la fatigue. Les formes de pauvretés sont nombreuses et à notre porte. L’attitude de Jésus provoque notre communauté de disciples : où en sommes-nous de notre écoute de toutes celles et tous ceux qu’on ne voit pas, qu’on n’entend pas ? C’est l’expérience qu’auront faite les apôtres en vivant jour après jour avec Jésus : « L’amitié avec le Seigneur, le voir guérir les malades, manger avec les pécheurs, nourrir les affamés, s’approcher des exclus, toucher les personnes impures, s’identifier aux nécessiteux, inviter aux béatitudes, enseigner d’une manière nouvelle et pleine d’autorité, laisse une empreinte indélébile capable de susciter l’étonnement et une joie expansive et gratuite qui ne peut être contenue.[1] » Et nous, sommes-nous dans une telle amitié avec le Seigneur et avec toute personne qui se présente à nous, que nous provoquons autour de nous l’étonnement devant notre style de vie, devant notre art de vivre ?

… Et à l’inverse, nous pouvons faire parfois écran. Comme la foule qui rabroue l’aveugle pour qu’il laisse Jésus passer tranquillement, ou de façon plus passive, par notre façon d’être entre nous, d’avoir nos codes, nos sigles, notre jargon. Même notre joie de nous retrouver entre nous peut exclure involontairement ! « Notre vie de foi s’affaiblit, perd prophétie et capacité d’émerveillement et de gratitude dans l’isolement personnel ou en s’enfermant en petits groupes. Par sa propre dynamique, elle exige une ouverture croissante capable d’atteindre et d’embrasser tout le monde. »

Plus encore, n’est-ce pas la fragilité des uns et la vulnérabilité des autres, qui devient source de la mission parce que transparence à l’action de Dieu ? Ce ne sont pas les riches qui évangélisent les pauvres, ce sont les pauvres qui sont les premiers évangélisateurs. Dans l’Evangile, c’est l’aveugle, à cause justement de sa cécité, qui va devenir le signe vivant de l’action de Dieu en nos vies et dans le monde. C’est par lui, l’aveugle, que se donne à voir la Bonne Nouvelle du salut.

Et jaillit alors cette parole : « Confiance, lève-toi, il t’appelle. » C’est la parole que nous, Eglise, devons porter à toutes celles et tous ceux que nous rencontrons. Personne n’est trop vieux ou trop malade ou trop loin pour ne pas entendre ces mots, pour ne pas être appelé par le Seigneur. « Parole d’espérance qui rompt tout déterminisme et, à ceux qui se laissent toucher, donne la liberté et l’audace nécessaires pour se tenir debout et chercher de façon créative toutes les manières possibles de vivre la compassion, ce “sacramental” de la proximité de Dieu avec nous qui n’abandonne personne au bord du chemin », dit le message du pape pour ce dimanche. Devenir le « sacramental » de la proximité de Dieu. Devenir cette présence de compassion et de réconfort qui donne la force de se lever et de reprendre la route. Parole missionnaire qui n’annonce pas d’abord un contenu de foi, un credo ou un catéchisme, mais qui annonce la foi elle-même, pure, dans sa nudité, dans sa radicalité : « Confiance, lève-toi. » Confiance en Dieu, confiance en toi, confiance en tes capacités, en ton avenir, en l’amitié que je te porte, en l’importance de ta présence ici, de ton existence sur cette terre, au sens de ta vie, au bonheur de ta présence. Combien cette parole est attendue par toutes celles et tous ceux qui sont au bord du chemin ! Combien cette parole est Bonne Nouvelle parce qu’elle relève ceux qui sont abattus, elle réchauffe ceux qui ont froid, elle ouvre aux relations ceux qui en étaient coupés. Elle ouvre même les yeux des aveugles, elle est lumière au milieu des ténèbres. Elle est vie. Dans l’Evangile, ce n’est pas Jésus qui lance cette phrase à l’homme, c’est la foule. Ceux qui suivent Jésus. C’est une parole qu’il revient à l’Eglise de prononcer. D’offrir. Comme on offre un cadeau. Comme un offre un trésor. Comme on offre la Vie. « Confiance, lève-toi, il t’appelle. » Le reste, la suite, la rencontre avec Jésus, ce sera l’histoire de l’homme et de Jésus. Cela ne nous appartient pas, ne nous appartient plus. Ce qui se vit dans l’intimité du cœur, se vit dans l’intimité du cœur. Mais Jésus est passé par la foule pour appeler l’aveugle : « Appelez-le », comme il passe par l’Eglise pour prononcer ces mots à tous ceux qui ont besoin de les entendre : « Confiance, lève-toi, il t’appelle. »

« Il nous est impossible de taire ce que nous avons vu et entendu. » A l’heure où le silence dans l’Eglise est dénoncé avec honte et raison, accueillons au fond de nos cœurs cette invitation à ne pas garder pour nous ce que nous avons reçu, en nous ouvrant d’abord à tous les aveugles d’aujourd’hui. Comme le souligne encore le pape dans le message de ce jour des missions : « Comme chrétiens nous ne pouvons pas garder le Seigneur pour nous-mêmes : la mission évangélisatrice de l’Église exprime sa valeur complète et publique dans la transformation du monde et dans la sauvegarde de la création. » Humblement.

Amen.

P. Benoît Lecomte


[1] Message du Pape François pour la Semaine missionnaire 2021. Comme toutes les citations suivantes.

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