Homélie du 23 octobre, par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 22 octobre 2022

La parabole du pharisien et du publicain me fait penser à une rencontre vécue cette semaine. Je voyais un couple en accompagnement vers leur mariage pour la deuxième fois. Ils avaient pris le temps de regarder la revue donnée lors du premier rendez-vous et s’étaient arrêtés sur une question : le rapport entre l’homme et la femme dans les textes bibliques qu’ils avaient lus. Et par extension, l’image que l’Eglise pouvait avoir de la femme dans un couple. Nous avons donc pris l’un des textes problématiques, et à force d’échanges, avons dessiné toute la théologie du sacrement du mariage chrétien et de l’histoire du salut. Ils étaient impressionnés de la puissance de la lecture que l’on pouvait faire d’un texte biblique, si loin de la première approche ou de leur premier ressenti. Et ils m’ont alors posé une question qui, visiblement, les taraudait depuis notre premier rendez-vous : « Nous ne connaissons rien à la Bible, me disent-ils, nous n’avons aucune culture sur la foi, nous n’avons aucune pratique religieuse, alors on se pose la question : sommes-nous vraiment légitimes pour demander un mariage à l’Eglise ? Est-ce que vous ne perdez votre temps en nous rencontrant et en discutant avec nous qui sommes si loin et ignorants de tout ça ? »

Magnifique question, qui rejoint l’attitude du publicain dans l’évangile : « Il se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel. ». Question pleine d’humilité, de saine distance, de respect pour Dieu et pour l’Eglise, de non appropriation, d’effacement devant le Mystère. Dans le même temps, l’Eglise de France est secouée par un nouveau scandale où un évêque de bonne renommée est rattrapé par les révélations de son dévoiement du sacrement de pénitence, d’abus spirituels et de manipulation sur des personnes à des fins ignobles et dégradantes.

Les uns s’effacent devant le Mystère avouant leur petitesse, l’autre s’est rempli d’un sentiment de toute-puissance au nom de son appartenance à l’Eglise, de son ordination et des pouvoirs qui lui étaient conférés. Cette parabole est une histoire vraie qui n’a pas pris une ride.

Et nous, où en sommes-nous ? Individuellement et aussi en Eglise, en communauté, sommes-nous plutôt du côté du publicain, ou du côté du pharisien ? Quel regard portons-nous sur nous-mêmes, et quel regard portons-nous sur les autres ? Peut-être – sûrement même – y a-t-il du publicain et du pharisien, les deux mêlés en chacun de nous.

« En ce temps-là, Jésus dit cette parabole à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres. » On notera que lors de leur prière, ni le pharisien, ni le publicain ne sont « justes ». Mais c’est quand le publicain « redescend dans sa maison » qu’il est « devenu un homme juste. » L’ajustement à Dieu est histoire de processus, de maturation, de cheminement. C’est peut-être la grande différence entre les deux personnages : l’un se croit arrivé, l’autre se sait en chemin. L’un regarde les autres de haut, l’autre essaie de faire un pas en demandant à Dieu d’en faire un, lui aussi.

Si les deux attitudes cohabitent en nous, notre désir profond est sûrement de nous laisser, nous aussi, ajuster à l’Amour de Dieu. Et de faire taire le pharisien qui nous habite, avec nos connaissances théologiques, notre pratique religieuse, notre prétention à savoir ce qui est bien ou mal, pour nous mettre en chemin avec notre publicain intérieur, en nous tournant vers le Seigneur.

Nous terminons ce dimanche la semaine missionnaire mondiale, semaine de prière pour raviver notre élan missionnaire. Intéressante mission qui, si nous ne la comprenons pas correctement, peut vite nous situer en surplomb de ceux à qui nous sommes envoyés pour leur annoncer, de notre chaire, la Bonne Nouvelle de l’Evangile. La parabole nous offre un moyen pour devenir témoins : la prière. Cette prière où Dieu garde l’initiative, puisque c’est lui qui nous ajuste pas à pas, comme il a ajusté à lui l’apôtre Paul : « Le Seigneur, lui, m’a assisté, il m’a rempli de force pour que, par moi, la proclamation de l’Evangile s’accomplisse », raconte-t-il. Cette prière par laquelle le Seigneur écoute chacun comme un être unique. Cette « prière du pauvre qui traverse les nuées » pour rejoindre le cœur de Dieu et y trouver consolation, joie, paix et encouragement.

            En cette eucharistie, soyons comme ce couple rencontré cette semaine. Accueillons l’appel de Dieu et sa bénédiction avec la joie, l’étonnement et la confiance de ceux qui savent qu’ils sont en chemin, que l’avenir est ouvert, que Dieu est avec eux, qu’il les accueille et les accompagnera toujours, en le laissant nous ajuster à Lui.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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