Homélie du 22 mai 2022, par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 22 mai 2022

Nous sommes encore dans le temps pascal. Et dans la lumière du mystère pascal et de la résurrection du Christ, alors que nous nous approchons des fêtes de l’Ascension et de la Pentecôte, la liturgie nous entraîne petit à petit, dimanche après dimanche, à réfléchir au mystère de l’Eglise, au mystère qu’est l’Eglise. Non pas l’Eglise de Rome, que nous contemplons ou que nous critiquons de loin, ou l’Eglise de la paroisse dans laquelle nous sommes plus ou moins impliqués et que nous contemplons ou critiquons de près, mais l’Eglise comme Mystère, l’Eglise à laquelle nous appartenons, non de notre seul fait mais par appel de Dieu et par notre réponse à sa convocation.

Cette Eglise, le livre de l’Apocalypse la décrit comme cette « Jérusalem qui descendait du ciel et qui avait en elle la gloire de Dieu. » Cette Eglise, elle est portée par les « Douze apôtres », comme issus des Douze tribus d’Israël, comme « Douze fondations ». Cette Eglise, elle est « illuminée par l’Agneau », par le Christ et sa résurrection, par sa victoire de la vie sur la mort. Mystère d’une Eglise qui ne se donne pas à elle-même mais qui se reçoit d’un autre, de Dieu lui-même. Mystère d’une Eglise qui s’enracine dans le Mystère du Christ, venu de Dieu et donné au monde. Mystère d’une Eglise qui n’a pas de sanctuaire propre puisque « son seul sanctuaire, c’est le Seigneur Dieu lui-même. » Premier enseignement de la Parole de Dieu de ce jour : nous ne nous sommes pas choisis, nous ne nous sommes pas donnés à nous-mêmes. Eglise de Dieu, nous sommes de Dieu, enracinés en Christ, ayant les Apôtres pour fondations. Tout autre enracinement, toute autre fondation serait erronée. Et il nous faut, jour après jour, semaine après semaine, sans cesse nous réenraciner en ce Christ vainqueur de la mort, en cet événement pascal qui vient bouleverser notre vie, pour peu que nous le prenions pour ce qu’il est réellement.

Le deuxième enseignement, c’est l’évangile qui nous le donne. Il nous indique la nourriture nécessaire à recevoir pour vivre cette aventure d’Eglise : la Parole et l’Esprit. « La Parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père qui m’a envoyé », dit Jésus. C’est bien la Parole de Dieu, la Parole vivante et sans cesse créatrice, qui donne de rester en vie, ensemble et liés au Père. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui nous nous ferons une demeure. » Rien de moins ! Quand nous accueillons la Parole de Dieu, c’est Dieu lui-même qui vient faire sa demeure en nous. Par amour. Pour vivre avec nous et nous rendre vivants à notre tour. Et pour nous envoyer l’Esprit, qui « nous fait souvenir de tout ce que le Christ nous a dit. » Non pas comme une poésie dont nous nous souviendrions par cœur, ni pour « garder la Parole » comme en un musée, mais pour une vie dans la paix, la communion et la confiance. Cette paix que Jésus nous donne avec son Esprit. Cette paix qui nous fait vivre « autrement » toutes nos relations. Le mode relationnel ordinaire des disciples du Christ, de ceux qui se réclament de l’Eglise de Dieu, c’est un mode relationnel emprunt de paix, de communion et de confiance. C’est un mode relationnel pétri de la Parole de Dieu et de son écoute, dans l’Esprit Saint. Et il nous faut, jour après jour, semaine après semaine et à longueur de temps, réapprendre à écouter la Parole, à la faire nôtre, à l’accueillir pour ce qu’elle est réellement, et à laisser l’Esprit faire son œuvre en nous et à travers nous, pour transformer, toujours, toutes nos relations.

Mais cette vie d’Eglise, tout en étant Mystère et donc par là insaisissable puisque venant de Dieu, demande à s’organiser. Le livre des Actes des Apôtres nous donne là le troisième enseignement de ce jour. Une grave crise a éclaté : faut-il, pour être sauvé, être circoncis et suivre la loi de Moïse en plus de celle du Christ, ou n’est-ce pas nécessaire ? Face à cette question, la communauté va se diviser entre les pours d’un côté, les contres de l’autre. Mais la Parole de Dieu et l’Esprit Saint inspirent un mode d’organisation qu’il nous faut encore aujourd’hui découvrir et mettre en œuvre : celui de la synodalité conjuguée à la hiérarchie. C’est-à-dire celui de la parole laissée à chacun, car l’Esprit parle par chacun, conjuguée à l’autorité de quelques-uns qui vont écouter l’ensemble des croyants et l’Esprit Saint lui-même pour prendre la meilleure décision. N’est-ce pas cela, précisément, que le pape François essaie de nous faire redécouvrir avec le synode sur la synodalité ? N’est-ce pas ce mode d’organisation que nous avons à découvrir et à mettre en œuvre dans toutes les décisions que nous devons prendre en communauté chrétienne ? Pas d’autorité ou de hiérarchie sans la parole de l’ensemble des croyants. Pas de paroles (au pluriel) de tous sans le ministère de communion qui permet l’unité. Il nous faut, jour après jour, semaine après semaine, et peut-être de façon urgente en ces temps qui sont les nôtres, apprendre à vivre de cette organisation synodale et communionnelle, rendant toutes nos relations fraternelles et unes dans le Christ.

Ambre, tu vas être plongée dans le bain du baptême pour faire partie de cette Eglise et y prendre ta part de responsabilité, pour avec nous et nous avec toi apprendre à vivre cette suite de Jésus au milieu de notre monde.

Que la Parole de Dieu donne à notre paroisse, à notre doyenné, à notre Eglise, de toujours savoir se renouveler pour s’ajuster à sa vocation et à la manière de vivre que Dieu veut, dans notre prière et notre enracinement, dans notre témoignage, dans nos relations et dans l’organisation du Corps que nous formons.

Amen.

P. Benoît Lecomte

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