Homélie du 22 janvier 2023, par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 22 janvier 2023

Nous célébrons aujourd’hui le « dimanche de la Parole », comme l’a souhaité le pape depuis quelques années. Il nous invitait, dans le texte d’institution de cette journée, à découvrir à nouveaux frais la Parole de Dieu, à la méditer, à la travailler, à se laisser enseigner par elle.

En nous penchant un peu sur les récits de ce jour, nous trouvons un très bel exemple de l’accomplissement de l’attente de l’Ancien Testament réalisé dans le Nouveau. Dès le début de son évangile, Saint Matthieu nous montre Jésus allant habiter Capharnaüm « ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. » En faisant cela, l’évangéliste explique que Jésus accomplit la prophétie d’Isaïe entendue dans la première lecture. Par conséquence, les lecteurs que nous sommes peuvent reconnaître en Jésus celui dont Isaïe parlait comme de « la grande lumière » attendue par les nations. Dès les premiers versets de l’Evangile, et sans en dire davantage, le lecteur comprend que Jésus est bien le Messie attendu depuis toujours. Voilà un exemple simple et flagrant pour comprendre que la Parole est ainsi faite d’allers-retours entre le Nouveau et l’Ancien Testament, de rappels et d’échos qui donnent tout leur sens à la révélation que Dieu fait de Lui-même.

La Parole vit, et elle parle.

Elle s’accomplit. Elle s’accomplit parce qu’elle est Jésus, lui-même. Il est la Parole de Dieu, le « Verbe fait chair » entendions-nous le jour de Noël. Et que fait Jésus ? Que fait cette Parole ?  L’évangile nous éclaire :

Elle proclame : « Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche », elle proclame « l’Evangile du Royaume. » Elle a un message à annoncer et elle ne se tait pas. Plus encore, elle est Parole efficace, elle réalise ce qu’elle dit. Non seulement Jésus annonce le Royaume des Cieux, mais il est lui-même l’évangile du Royaume s’approchant de nous.

Elle marche, au milieu des hommes. Elle parcourt la Galilée… et toutes nos Galilées. Elle nous rejoint là où nous vivons, comme elle a rejoint les disciples dans leurs lieux de vie et de travail. Elle ne reste pas extérieure à notre monde, elle s’y compromet. Elle est chair de notre chair, elle nous connaît mieux que nous-mêmes. Elle nous a façonnés dès le sein de nos mères et nous donne la vie.

Elle appelle à sa suite. Elle ne donne pas seulement la vie biologique, elle donne le principe vital, l’élan, le souffle, l’avenir, le désir. « Venez à ma suite »… « Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. » Elle est appel à la vie, et à la vie en communion avec Dieu. Elle fait se lever celui qui est couché. Elle donne le sens de notre existence. Elle attend de nous notre « oui ».

Enfin, elle « guérit les maladies et les infirmités du peuple. » Elle ne redonne pas uniquement la santé du corps, elle ouvre aussi l’avenir à celui qui la reçoit. Elle permet au corps de vivre et d’avancer, de relancer sa marche.

Arrêtons-nous un instant. Parmi toutes les maladies que nous pouvons connaître, il y a celle que les Corinthiens connaissaient déjà et à qui Paul écrit : la maladie de la division. A l’époque, dans cette ville, les chrétiens étaient divisés : « Chacun de vous prend parti en disant : « Moi, j’appartiens à Paul », ou bien : « Moi, j’appartiens à Apollos », ou bien : « Moi, j’appartiens à Pierre », ou bien : « Moi, j’appartiens au Christ ». » Ce qui existait alors, existe encore aujourd’hui. Cela peut arriver dans nos communautés, mais cela est surtout flagrant et visible dans la division de nos églises sœurs de confessions différentes : catholiques, protestants, orthodoxes. N’est-ce pas pourtant le même Corps du Christ qui veut se donner à voir et à aimer ? « Le Christ est-il donc divisé ? » Voilà qui est matière à scandale. Les derniers documents publiés du synode universel expriment fortement, je cite : « un vif désir s’exprime d’un témoignage plus uni entre les confessions et les communautés chrétiennes… De nombreux rapports soulignent qu’il n’y a pas de synodalité complète sans unité entre les chrétiens[1]. » Nous sommes, ce dimanche, en plein milieu de la Semaine Mondiale de Prière pour l’Unité des Chrétiens. Une semaine pour ne pas oublier que nous avons encore des pas à faire les uns envers les autres. Notre prière œcuménique de jeudi a été déplacée à cause de la neige, au jeudi 16 février. Nous réfléchissons aussi à vivre ensemble, catholiques et protestants en Sud Charente, les célébrations du Vendredi Saint. Et encore, nous pourrons demander à nos frères et sœurs de prier avec nous au moment de la réunion synodale des évêques en octobre prochain, pour apprendre à marcher ensemble. La Parole de Dieu, libre et efficace, a encore du travail à faire en nos cœurs pour guérir nos blessures et nos divisions et nous apporter la paix de l’unité et de la communion, dans la joyeuse variété des différences.

Que l’appel de la Parole à suivre Jésus résonne à nos oreilles et à nos cœurs. Qu’elle fasse en nous son chemin d’Evangile. Qu’elle nous ouvre à la vie éternelle en suscitant en nous la seule réponse qui fasse vivre : « Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. »

Amen.

P. Benoît Lecomte


[1] « Elargis l’espace de ta tente », Document de travail pour l’Etape Continentale, Secrétariat Général du Synode, 24 octobre 2022, n°47 – 48

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