Homélie du 20 juillet 2025, par le P. Maxime Petit

Aubeterre - Chalais - Brossac

Publié le 20 juillet 2025

          Chers frères et sœurs,

          Cet évangile de Marthe et Marie que la liturgie nous donne d’entendre ce matin, nous le connaissons par cœur ! Nous l’avons souvent entendu depuis notre catéchisme et il ressort à intervalle régulier dans nos partages bibliques lorsque l’on n’a rien d’autre à se mettre sous la dent. Si vous me permettez cette expression tirée du milieu journalistique, cet évangile est un « marronnier » : un passage un peu banal qui sert à meubler une période d’actualité un peu creuse.

          Vous me trouvez brutal ? C’est vrai ! Mais avouons-le, lorsqu’on lit cet épisode pour la 100ème fois, on ne réfléchit plus beaucoup. On met le pilote automatique et on se positionne entre ces deux archétypes que sont Marthe, l’activiste endurcie et Marie, la contemplative éblouie. Parfois, si l’on est inspiré, on arrive à trouver un bon mot qui articule ces deux attitudes en évitant de tomber dans la radicalité qui fait si peur à notre société.

          Chers frères et sœurs, pourquoi cet évangile est-il devenu si ennuyeux ? Pourquoi n’a-t-il plus aucun secret pour nous ?

          Je crois que c’est parce que nous en avons fait une leçon de morale. Ce qui fait que lorsque nous l’abordons, nous ne cherchons plus vraiment ce qu’il nous dit sur Dieu. Nous nous focalisons d’emblée sur nous, ou plutôt sur ce qu’il vient titiller en nous. On se place ainsi directement sur un plan moral en se posant une question du genre : d’après cet évangile, quelle est la meilleure attitude ? Le service ou l’écoute de la Parole ? Et à la lumière de la réponse de Jésus, on est bien obligé de répondre la prière !

          Une réponse qui, avouons-le, ne nous satisfait pas complètement. Car la vie que nous menons nous oblige à ne pas nous satisfaire d’une attitude contemplative. Bien qu’on acquiesce religieusement en entendant cet appel du Seigneur, notre esprit fait discrètement demi-tour en se disant que cet appel est fait pour les bonnes sœurs et les moines du cloître mais qu’elle est absolument invivable pour celui ou celle qui passe son temps entre les fourneaux et la machine à laver, entre les factures et la pompe à essence.

          Et si, chers frères et sœurs, ce matin, nous faisions un pas de côté ! Et si, ce matin, nous essayions de ne pas lire cet évangile comme un appel à adopter telle ou telle attitude mais comme une méditation sur la venue du Seigneur à notre rencontre.

          Ce qui m’invite à cela, ce sont les autres passages de la Parole de Dieu qui nous sont donnés d’entendre ce matin pour éclairer ce récit de Marthe et de Marie. L’avez-vous remarqué ? Dans le livre de la Genèse, la question n’est pas de savoir avec quels plats Abraham et Sara vont recevoir ces trois mystérieux visiteurs. La question est plus large, plus fondamentale : COMMENT vont-ils les accueillir ? Et même JUSQU’où vont-ils les accueillir ? Car si on y prête attention, le récit ne cesse d’insister sur ce point : les « trois hommes se tiennent PRÈS DE lui »… ce qui ne suffit pas puisque « dès qu’il les vit, Abraham courut À LEUR RENCONTRE » avant de leur dire : « Ne passe pas sans t’arrêter PRÈS DE ton serviteur ». Et encore, pendant que ces derniers se restaurent, le texte précise qu’Abraham se tient debout « PRÈS D’EUX ». Cette insistance de l’auteur sacré sur ces petits mots n’est pas un hasard. L’enjeu ici, c’est la PROXIMITÉ. La PROXIMITÉ entre Dieu et l’homme.

          C’est d’ailleurs encore ce qui nous est donné d’entendre dans l’extrait de l’épître aux Colossiens qui poursuit notre parcours biblique. Après avoir justifié son ministère au service de l’évangile, saint Paul tente de résumer en quelques mots choisis ce « mystère tenu caché depuis toujours ». Il écrit : « Dieu a bien voulu leur faire connaître en quoi consiste la gloire sans prix de ce mystère parmi les nations : LE CHRIST EST PARMI VOUS, lui, l’espérance de la gloire ». N’est-ce pas là encore un enjeu de proximité ? Le Christ est parmi nous ! C’est le cœur du mystère de l’Incarnation. C’est le cœur de notre vie chrétienne ponctuée par les sacrements : apprendre à recevoir celui qui vient à notre rencontre, celui qui manifestement se fait proche.

          Il me semble que cela éclaire de manière nouvelle cet évangile bien connu de Marthe et de Marie. Car peut-être que là aussi, l’enjeu n’est pas tant de savoir quelle attitude est la meilleure : plus ou moins active, plus ou moins contemplative. Mais COMMENT est-ce que j’accueille le Seigneur qui vient à ma rencontre ?

          Le premier verset commence d’ailleurs par ces mots : « en ce temps-là, Jésus ENTRA dans un village ». Un village dont on ne connaît pas le nom. C’est mon village, c’est ma famille, c’est mon cœur. Comme le dit Jésus dans le livre de l’apocalypse : « voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi ».

          Le problème de Marthe, ce n’est pas qu’elle s’active pour se mettre au service de Jésus. SON problème, c’est que sa frénésie l’empêche de vivre pleinement cette rencontre. Elle est « accaparée » par ce qu’elle fait, nous dit l’évangéliste. C’est d’autant plus dommage qu’elle avait pourtant fait le premier pas : c’est ELLE qui « reçut le Seigneur ». Et là, elle n’en fait rien ! Elle s’en détourne presque. Comme cette cuisinière qui a la réputation de recevoir admirablement mais qui passe tout le repas à gérer son gigot pour qu’il soit absolument parfait. Comme le père de famille qui passe tout son dimanche après-midi dans son atelier pour réparer des jouets pour ses enfants mais qui refuse toutes leurs sollicitations de passer du temps avec eux.

          Vous l’avez compris, chers frères et sœurs, je ne vais pas ce matin faire une leçon sur le choix entre activité et contemplation. Je voudrais plutôt que l’on prenne le temps pour que CHACUN s’interroge en profondeur. Comment est-ce que j’accueille le Seigneur dans ma vie ? Comment est-ce que je profite de sa venue en moi ? J’ai été consacré à lui le jour de mon baptême, comment est-ce que je vis cette consécration ? Je le reçois régulièrement dans le sacrement de l’Eucharistie, comment est-ce que je fais fructifier cette habitation du Seigneur en moi ?

          Chers frères et sœurs, au cœur de cet été où beaucoup d’entre nous ont la chance de changer de rythme, le moment est peut-être idéal pour se plonger résolument dans ces questions. Et pour cela, rien de mieux que le silence et la prière d’oraison. Non que cela serve le Seigneur mieux que l’activité, mais parce que c’est précisément là, lorsque l’on n’a rien d’autre à faire, que l’on peut accueillir GRATUITEMENT, TOTALEMENT la présence de Celui qui vient à notre rencontre. Cette expérience du vide, de la présence silencieuse, peut être déstabilisante voire déconcertante. Mais c’est précisément pour cela que nous devons nous y entraîner en cette période où le soleil se lève tôt et se couche tard. Cela nous laisse le temps d’accueillir le Seigneur qui nous appelle aujourd’hui par ces mots : « voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi ». Amen.

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