(1ère communion de Roch de Vrégille)
« Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité de toujours prier sans se décourager. » Cette parabole et cette question rejoignent la rencontre que nous avons eu cette semaine avec les catéchumènes de notre paroisse sur la prière. Expérience nouvelle, intense, régulière ou exceptionnelle, connue ou inconnue, nous avons essayé de mettre quelques mots sur cette dimension essentielle de notre foi et de notre relation à Dieu. Il y a évidemment autant d’expériences que de priants, et chacun pourrait raconter ce qu’est la prière pour lui.
Et dans la suite de cette rencontre, la parabole de Jésus ce matin nous invite à nous poser quelques questions sur l’efficacité de la prière.
Peut-être êtes-vous comme moi : vous priez pour la paix dans le monde, pour qu’il y ait plus de vocations, pour que telle personne retrouve la santé, et vous constatez que la guerre continue, qu’on court toujours après les prêtres et que les malades ne guérissent pas toujours. Dieu oublierait-il notre prière ? Ne nous écouterait-il pas ? Devons-nous être comme la veuve et « casser les pieds et les oreilles » à Dieu jusqu’à ce qu’il nous entende ? Ou bien est-ce notre prière qui ne convient pas ?
Mais alors, que faire de toutes ces intentions que nous portons dans notre cœur, et de la confiance que nous mettons dans le Seigneur pour qu’il les réalise ?
Il faut reconnaître que si toutes nos prières de demandes ne sont pas réalisées immédiatement, nous prions aussi pour rendre grâce, pour dire merci. Les sanctuaires sont remplis d’ex-voto en signe de remerciements pour une prière exaucée, pour une santé retrouvée, pour une bonne nouvelle attendue et enfin arrivée. Nous avons raison de rendre grâce au Seigneur pour les biens qu’il nous fait, pour la paix qu’il nous donne, pour sa présence et son action dans nos vies et dans le monde. N’est-ce pas là le sens ultime de l’eucharistie, l’action de grâce par excellence ? L’expérience de Moïse, Josué, Aaron et Hour dans le livre de l’Exode en est une illustration parfaite : oui, Dieu agit dans l’histoire de son Peuple en étant à ses côtés, et il répond efficacement à la prière de demande et d’intercession. Le Seigneur n’est pas sourd à la détresse des hommes, contrairement aux idoles « qui ont des oreilles mais n’entendent pas » (Jr 5, 21). Jésus lui-même invite ceux qu’il croise à exprimer leur prière : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Mc 10, 51), demande-t-il à l’aveugle.
Mais alors, que faire des demandes qui paraissent ne pas être exaucées ? Le pape François expliquait dans une catéchèse : « Dieu répond toujours. Toujours. » Et il continuait : « Notre Père sait bien de quoi nous avons besoin ; l’insistance ne sert pas à l’informer ou à le convaincre, mais elle sert à alimenter en nous le désir et l’attente »[1]. Ce qui veut dire qu’elle sert aussi à ajuster ce désir et cette attente à la volonté de Dieu, au désir même de Dieu. A ajuster non seulement notre désir (qui reste de l’ordre de l’intériorité), mais aussi notre posture, notre attitude, nos paroles et nos actions pour que tout, en une parfaite harmonie trouvée pas à pas au fil du temps et de l’insistance, participe à la réalisation de la prière. « Que ta volonté soit faite », dit la prière que Jésus nous a enseignée de dire à Notre Père. Non pas notre volonté, au rythme que nous voulons, selon les modalités que nous avons imaginées. Mais selon la volonté et le temps de Dieu. Autrement dit, la prière insistante nous fait entrer progressivement dans les dispositions même de Dieu, pour nous ajuster à sa volonté. « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé », dit Jésus au soir de sa vie (Jn 15, 7). « Grâce à l’Ecriture, l’homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire toute sorte de bien », commente Saint Paul à Timothée. Cela nous encourage à passer toujours davantage de temps avec lui pour demeurer en lui et pour que ses paroles demeurent en nous. Pour vivre une forme d’intimité qui déplace nos désirs vers les siens, et que nos prières, davantage ajustées à son désir, soient exaucées selon son propre plan qui dépasse toujours notre compréhension. N’est-ce pas à cela que Jésus fait référence lorsqu’il déclare dans l’évangile que « Dieu fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » La foi est cette relation à faire grandir en nous, relation d’intimité et de confiance avec Dieu pour entrer dans son dessein, le laisser agir en nos vies et coopérer de toutes nos forces, de tout notre esprit et de tout notre cœur à ce dessein.
Alors par la prière insistante et patiente, entrons toujours davantage dans le désir de Dieu qui réalise en nos vies tout ce dont nous avons besoin. Et toi, Roch, qui communie aujourd’hui pour la première fois, découvre aujourd’hui, et vis à chaque eucharistie, de ce sommet d’intimité avec le Père qui s’offre à nous en son Fils pour nous faire grandir dans la vie de l’Esprit. Découvre et vis de l’eucharistie, sommet de la prière qui unit Dieu et l’Homme en une unique communion.
Amen.
P. Benoît Lecomte
[1] Catéchèse du pape François du 11 novembre 2020
Une réponse sur « Homélie du 19 octobre 2025, par le P. Benoît Lecomte »
J’ai appris en pratiquant tous les jours , que Dieu exauce ce qu’on lui demande . Mais ce n’est pas de l’argent, une maison ou autre chose de ce style qu’il faut lui demander . Demander son pain quotidien , le Père Benoît me l’a expliqué lors d’une confession. Moi, j’ai demandé au Seigneur , de la force , du courage, quand je n’étais pas en forme , la force d’avancer au travers de tous mes soucis , de l’aide pour supporter une situation . Dieu m’a exaucé à chaque fois et presque instantanément . On peut demander qu’une personne qui souffre dans un hôpital ou ailleurs soit soulagée , Dieu s’en charge . Quant à la guerre, même si l’on fait un voeu pour la paix, seuls les hommes sont responsables de ce qui se passe. Demander à Dieu, oui, mais il faut savoir rester humble et surtout savoir le remercier et continuer à prier chaque jour . Prier juste pour faire sa demande, pour moi ce n’est pas bien , il faut lui être fidèle chaque jour et lui montrer l’amour que l’on a pour lui . Dieu sera là et vous écoutera…..