Homélie du 19 mars, par le P. Benoît Lecomte

Barbezieux - Baignes - Barret

Publié le 18 mars 2023

Passer des ténèbres à la clarté, de la nuit au jour, de la cécité à la vision, de l’ombre à la lumière. Voilà le récit que nous venons d’entendre.

Récit d’un homme qui rencontre Jésus et qui se laisse faire par lui. Mais cet homme, soudainement en proie à tout son entourage (parents, voisins, autorités religieuses, etc), pris dans une enquête quasi policière, vit une expérience qui dépasse sa propre personne. Cet homme nous parle de nous, des catéchumènes que nous accompagnons, de notre Eglise.

            Notre chemin de carême est peut-être précisément ce déplacement de l’ombre à la lumière, des cendres au feu nouveau de la vigile pascale. Sur notre chemin – et nous venons d’en passer la moitié cette semaine – Jésus le Christ nous rejoint et nous ouvre les yeux comme il sait le faire avec chacun de nous : avec finesse, tendresse, attention, amour, accompagnement, sans s’imposer, sans merveilleux. Il vient parler – aux yeux, au cœur, aux oreilles, aux mains, à l’intelligence et à l’esprit – pour ouvrir notre existence au mystère de Pâques. Il prend l’initiative de nous recréer – comme il recrée avec de la boue faite de terre et de salive l’aveugle de naissance. Nous recréer en descendant dans nos ténèbres intérieures et jusqu’en notre péché pour nous amener à la lumière de la vie et de la résurrection. N’est-ce pas ce que nous avons pu découvrir lors des rencontres de formation sur le sacrement de la réconciliation et que nous serons invités à vivre, en célébrant ce sacrement à la veille des Rameaux ? « Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance… » Laisse-toi regarder par le Christ, jusqu’au plus intime de ta vie. Il est « la Lumière du monde » et il t’invite à sa lumière. Ne te regarde pas toi-même, en te lamentant sur ce que tu rêverais d’être ! Mais laisse le Christ t’ajuster à lui et te réconcilier avec lui. Ce que l’homme de l’évangile a vécu est programmatique de ce que le Christ veut vivre avec toi. Jusqu’à ce que tes yeux s’ouvrent et que tu le reconnaisses et que tu vives avec lui et de lui ! Jusqu’au mystère de Pâques en ta vie.

            Ce mystère de Pâques, celles et ceux qui cheminent vers le baptême s’y préparent de tout leur cœur. Ils sont, eux aussi, à l’image de cet aveugle-né que Jésus rencontre et qu’il mène à la pleine connaissance du Christ : « Je crois, Seigneur ! » Les « scrutins » que nous vivons ces dimanches de carême avec nos frères et sœurs catéchumènes nous disent l’importance de se laisser regarder par Dieu pour qu’il ouvre notre cœur à sa présence. Encore une fois, les catéchumènes sont nos maîtres, parce qu’ils nous dévoilent le chemin que nous avons sans cesse à faire, la dynamique que nous avons sans cesse à vivre. Ils sont nos maîtres parce qu’ils nous dévoilent notre propre inachèvement, nos propres résistances à l’amour de Dieu. Parce qu’ils nous entraînent à leur suite à nous laisser nous aussi être « scrutés » par la Parole de Dieu et par son regard, à prendre le chemin avec eux vers la lumière et la vérité.

            Ce chemin n’est jamais terminé. Et nous nous rappelons si besoin était, ce dimanche de carême, que toute l’Eglise doit prendre ce chemin de conversion, de justice, de lumière et de vérité. Nous nous rappelons aujourd’hui des actes atroces que certains, au nom de leur soi-disant autorité cléricale ou ecclésiale, ont pu commettre sur des enfants, brisant à jamais des vies innocentes. Certains voudraient tourner la page, passer à autre chose, arrêter d’en parler. Mais il ne nous faut jamais oublier. D’abord parce qu’aucune victime ne peut oublier, et c’est le minimum que nous leur devons. Ensuite, parce qu’il nous faut tout mettre en œuvre, et toujours, pour ne jamais recommencer. « Conduisez-vous comme des enfants de lumière », disait Saint Paul, « ne prenez aucune part aux activités des ténèbres, démasquez-les plutôt. » Au cours de notre eucharistie, nous continuons de nous tourner vers ces enfants en larmes, souvent devenus grands aujourd’hui – les larmes continuant de couler silencieusement. Nous continuons de leur demander pardon, et de demander au Seigneur de toute justice d’ouvrir les yeux des hommes et des femmes en Eglise pour rester vigilants et progresser vers la lumière.

            Le récit de l’Evangile n’est pas une vieille histoire du passé. Il vient nous réveiller… comme le dit encore Saint Paul : « Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera. » « Du moment que vous dites : ‘nous voyons’, votre péché demeure », dit étrangement Jésus aux pharisiens à la fin du récit. Laissons vraiment le Christ faire lui-même en nous ce chemin de carême, ce voyage intérieur, pour qu’il nous mène lui-même à la vision de sa gloire, et qu’il ouvre nos yeux à sa lumière.

            Amen.

P. Benoît Lecomte

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