« Voici que je fais toutes choses nouvelles. » Ces mots de la lecture de l’Apocalypse, on pourrait dire que c’est la signature de Dieu au cœur de nos vies. De l’ancien, il fait du nouveau, du raide, il fait du tendre, du mort, il fait du vivant. Avec Dieu, tout est toujours nouveauté. Tout est toujours « commencement », comme le disent les premiers mots de la Bible, ou les premiers mots de l’évangile selon Saint Jean que nous venons d’entendre. « Au commencement », en nouvelle naissance, en nouvelle création. Dieu ne cesse de créer, de donner vie, de donner Souffle. Ce Souffle, Esprit Saint, vers lequel nous sommes tendus pendant ce temps pascal et que nous célèbreront à la Pentecôte. « Voici que je fais toutes choses nouvelles. »
Ces mots sont aussi dans la bouche de Jésus : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. » L’amour, comme commandement nouveau ? J’espère que l’humanité n’a pas attendu l’arrivée de Jésus pour découvrir qu’il valait mieux s’aimer les uns les autres ! Quelle est donc cette nouveauté ? Peut-être dans les mots suivants : « Comme je vous ai aimés. » Nous sommes « au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples », à l’heure où tout est joué, où il sait qu’il va donner sa vie jusqu’au bout, qu’il va « aimer jusqu’au bout » comme il vient de la donner en ce pain dont il fait son Corps et ce vin dont il fait son Sang. Dieu devenu homme par amour pour l’Homme, aime jusqu’au bout en donnant sa vie par amour. Le « Comme je vous aimés » devient vertigineux, absolu. Et c’est à cet amour que l’on reconnaîtra ses disciples, continue-t-il.
La nouveauté du commandement de l’amour n’est pas dans l’amour des uns pour les autres, mais dans la radicalité et la confiance absolue de cet amour qui ne craint rien, pas même de se perdre. Folie de Dieu, qui vient rejoindre la soif d’absolu que nous portons en nous, qui la révèle et la réveille. Cette soif qui habite nos cœurs. Soif d’un amour sans limite.
Cette soif, c’est d’abord celle de Dieu lui-même, qui veut habiter au milieu des hommes et les prendre avec lui. Entendons encore ces mots du livre de l’Apocalypse : « Voici la demeure de Dieu avec les hommes ; il demeurera avec eux, et ils seront ses peuples, et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu. » Et un peu plus haut : « La Jérusalem nouvelle, je l’ai vue qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, prête pour les noces, comme une épouse parée pour son mari. » Dieu aime l’humanité jusqu’à vouloir célébrer avec elle des épousailles. Des noces. Vivre l’Alliance, absolue.
Nous avons justement invité ce matin aux messes paroissiales de notre doyenné les couples qui se préparent à célébrer leur mariage dans les semaines et les mois qui viennent. Quelques-uns ont osé faire le pas et sont présents, au milieu de nous, pour recevoir de nous la prière et la fraternité. Celles et ceux qui sont déjà mariés – et même si votre mariage a connu des difficultés et des ratés –, rappelez-vous ces moments de fiançailles, lorsque que vous rêviez et prépariez votre mariage. Rappelez-vous la chaleur du cœur qui bat pour l’autre, la joie de voir son visage et de vous projeter toute votre vie avec cet autre. Peut-être que les années sont passées et que de la cendre a recouvert un peu le feu ? Alors que cette messe avec les fiancés d’aujourd’hui ranime un tant soit peu ce feu, jusqu’à vous redire que vous vous aimez, encore. « Voici que je fais toutes choses nouvelles », dit le Seigneur. Même de l’ancien, né du nouveau. Même des cendres, peut naître le feu. Laissez le Souffle de Dieu souffler sur les braises et ranimer l’amour.
Car son commandement est d’aimer. Et cet amour vient d’abord de lui. En tout cas, cet amour radical, loin des fluctuations que peuvent connaître nos amoures humaines. Et si cet amour de Dieu en nous donne à tous de reconnaître que nous sommes les disciples de Jésus, c’est que cette signature de Dieu doit aussi devenir la signature de l’Eglise. Chers amis, c’est à cela, et rien de moins, que nous sommes appelés : à nous aimer les uns les autres pour devenir une communauté de disciples de Jésus, de frères et de sœurs, de chrétiens qui se savent aimés absolument par Dieu et qui désirent en témoigner.
Notre Caravane de l’Espérance veut répondre à cet appel. Pendant 10 jours, nous allons sortir de nos habitudes, quitter notre routine et réveiller le désir ardent de l’amour de Dieu en nous. Nous allons sillonner les villages de notre doyenné, partir à la rencontre de ses habitants, partager des moments de gratuité et d’amitié avec eux. Et ce sera le signe, la manifestation, de notre amour et de l’amour de Dieu pour eux. Alors, celles et ceux que nous rencontreront pourront dire, avec l’auteur de l’Apocalypse : « J’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle, oui, le Seigneur fait vraiment toutes choses nouvelles ! » Alléluia !
Amen.
P. Benoît Lecomte
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